Acar nommée ministre des AE par intérim après la mise à l'écart de Wehbé

La ministre sortante de la Défense, Zeina Acar, a été officiellement nommée mercredi ministre par intérim des Affaires étrangères, après approbation de cette nomination par le chef de l'Etat, Michel Aoun, et le Premier ministre sortant, Hassane Diab. Elle remplace donc Charbel Wehbé, qui avait demandé, plus tôt dans la journée, à être mis à l'écart, après la tempête politique provoquée lundi soir par ses propos visant les pays du Golfe.

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Initialement, l'intérim aux Affaires étrangères aurait dû être assuré par le ministre sortant de l'Environnement et du Développement administratif, Damien Kattar, mais ce dernier ayant démissionné peu après l’explosion du port de Beyrouth, juste avant que Hassane Diab jette l’éponge, la nomination a dû être amendée. Mais d’après notre chroniqueur politique Mounir Rabih, le chef de l’Etat et le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil ne voulaient pas nommer M. Kattar, se méfiant de ses ambitions présidentielles. C'est dans ce cadre que MM. Aoun et Diab ont paraphé un amendement du décret de nomination des ministres par intérim, permettant la nomination de Mme Acar à la tête de la diplomatie.

"Dans l'intérêt du Liban"
En début de journée, Charbel Wehbé avait demandé au président de la République et au Premier ministre sortant d'être relevé de ses fonctions et responsabilités au sein du gouvernement démissionnaire. A l'issue d'une réunion avec le président Aoun à Baabda, il avait justifié sa décision "à la lumière des derniers développements et des suites de l'entretien qu'il a donné à une chaîne de télévision". "Je tenais à ce que ce qui a été dit lors de cette interview ne soit pas exploité pour offenser le Liban et les Libanais, sachant que j'ai publié deux communiqués pour m'expliquer", avait indiqué M. Wehbé. "Ma démarche est dans l'intérêt du Liban et des Libanais. Elle dépasse tous les autres intérêts et calculs. J'espère du fond du cœur que ce sujet sera clos afin que les relations du Liban avec les pays arabes, les pays amis et frères, s'établissent sur la base du respect mutuel. Tous mes vœux de succès à ceux qui se verront confier cette mission pour le bien du Liban", avait-il assuré après sa rencontre avec Hassane Diab.

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M. Wehbé ne pouvait pas démissionner car il est déjà membre d’un gouvernement démissionnaire. Ancien conseiller du président Michel Aoun pour les Affaires diplomatiques, il avait été nommé début août 2020 au poste de ministre des Affaires étrangères après la démission de Nassif Hitti, mais le cabinet de Hassane Diab avait présenté sa démission quelques jours plus tard à la suite de la double explosion meurtrière au port de Beyrouth, le 4 août 2020.

Les déclarations de M. Wehbé, à propos du financement de groupes jihadistes par des "pays amis", ont provoqué lundi une tempête politique et ont mis en péril les rapports entre le Liban et les pays du Golfe. L’Arabie saoudite et les autres pays du Golfe ont vivement protesté contre ces propos, ainsi que l’Egypte et la Ligue arabe. Mercredi, des personnalités libanaises ont afflué au domicile de l’ambassadeur d’Arabie saoudite Walid Boukhari à Yarzé pour exprimer leur soutien au royaume à la suite de cette crise.

Les déclarations du ministre sortant des Affaires étrangères sont intervenues dans un contexte diplomatique particulièrement tendu entre Beyrouth et Riyad, alors que des centaines de milliers de Libanais travaillent dans le Golfe et craignent de voir leur gagne-pain menacé. Charbel Wehbé a tenu ces propos moins d’un mois après la fameuse affaire de la saisie de captagon à Jeddah dans des lots de grenades en provenance de Syrie via le Liban. Le royaume avait par la suite décidé, fin avril, de suspendre l’importation de fruits et de légumes en provenance du pays du Cèdre.