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Politique - Affaire Charbel Wehbé

L'ambassadeur saoudien assure que le royaume n'a pas l'intention d'expulser des Libanais

Des personnalités se succèdent chez Walid Boukhari pour l'assurer de leur soutien à Riyad.

L'ambassadeur saoudien assure que le royaume n'a pas l'intention d'expulser des Libanais

L'ambassadeur saoudien au Liban Walid Boukhari (d) et le ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, le 19 mai 2021. Photo transmise par le ministère de l'Intérieur.

Des personnalités libanaises ont afflué mercredi au domicile de l’ambassadeur d’Arabie saoudite Walid Boukhari à Yarzé pour exprimer leur soutien au royaume à la suite de la crise provoquée par les déclarations du ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, qui a mis en péril les rapports entre le Liban et les pays du Golfe. Recevant ses visiteurs, M. Boukhari a assuré que le royaume, qui accueille des centaines de milliers de Libanais, n’avait aucune intention de procéder à des expulsions en représailles. "Que tout le monde soit rassuré, tout ce qui est dit sur une volonté du royaume d'expulser des Libanais n’a aucun fondement", a-t-il déclaré aux journalistes.

Lors d'un second point presse, dans la soirée, l'ambassadeur a réitéré que l'"éthique saoudienne ne permettrait pas que l'on s'en prenne aux personnes résidant en Arabie et à plus forte raison aux frères Libanais", démentant tous les "mensonges et rumeurs" qui circulent dans les médias. Il a indiqué que Charbel Wehbé l'avait appelé dès mardi soir pour s'excuser de ses propos, affirmant qu'il savait que ces déclarations "n'expriment pas le point de vue du peuple libanais" vis-à-vis des monarchies du Golfe et de Riyad. "Toute la solidarité exprimée au cours de la journée avec l'ambassade en est la meilleure preuve", a-t-il ajouté. 

Tente bédouine
Des personnalités politiques, religieuses et économiques se sont en effet succédé toute la journée chez l'ambassadeur saoudien, à commencer par le mufti de la République, Abdel Latif Deriane, qui a dénoncé, dans une déclaration en présence du diplomate, "les atteintes au royaume, mais également au Liban" qu’ont constitué les propos de M. Wehbé. Ce dernier, qui a été relevé de ses fonctions mercredi matin, avait indirectement accusé l’Arabie saoudite d’avoir créé et financé le groupe Etat islamique, et défendu le Hezbollah.

Commentaire

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Le mufti a été suivi par le ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, qui a également exprimé sa solidarité avec l’Arabie saoudite. M. Fahmi est chargé par le gouvernement sortant des contacts avec les autorités saoudiennes pour tenter de résorber une première crise intervenue il y a quelques semaines, celle de la découverte d’une cargaison de Captagon dans des grenades exportées à partir du Liban.

Le cheikh Akl druze, Naïm Hassan, s’est également rendu chez l’ambassadeur saoudien et a dénoncé dans une déclaration les propos « irresponsables » de M. Wehbé, de même que le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, le député du Parti socialiste progressiste (PSP) Teymour Joumblatt, l’ancien ministre de l’Intérieur Nohad Machnouk, une délégation des Forces Libanaises, qui ont tour à tour souligné l’importance de préserver de bonnes relations avec le royaume. M. Boukhari a également reçu une délégation du courant du Futur, comprenant les députés Bahia Hariri, Roula Tabch, Sami Fatfat, Samir el-Jisr, Mohammah Hajjar et le secrétaire général du parti, Ahmad Hariri. Lors de leur réunion, Mme Hariri a affirmé que cette délégation était venue "afin de s'excuser au nom de tous les Libanais" pour les déclarations de Charbel Wehbé.

M. Boukhari recevait ses visiteurs sous une tente bédouine installée dans son jardin, une réponse directe aux propos de M. Wehbé ressentis comme un affront par le royaume. Dans son entretien sur la chaîne al-Hurra lundi soir, le ministre Wehbé avait également réagi avec violence aux propos d'un autre invité de l'émission, le fondateur et président du Comité des relations publiques américano-saoudiennes (SAPRAC), le Saoudien Salman al-Ansari. Menaçant de quitter le plateau de l'émission, M. Wehbé avait dénoncé des "insultes" lancées par l’analyste contre le président Michel Aoun et répliqué : "Ceux qui ont tué (le journaliste saoudien, Jamal) Khashoggi à Istanbul n'ont pas le droit de parler ainsi". Il avait ensuite pris à témoin la journaliste et affirmé qu'il refusait de se faire insulter par "un Bédouin".

« Relations historiques »
Riyad avait convoqué mardi l’ambassadeur du Liban en Arabie, Fawzi Kabbara, lui remettant un document officiel de protestation de la part des autorités saoudiennes. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a "condamné fermement les propos de M. Wehbé et ses atteintes honteuses au royaume wahhabite, à son peuple et aux pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG)". Il a dénoncé des propos qui sont "contraires aux usages les plus basiques de la diplomatie" et qui ne représentent pas "les relations historiques" entre Riyad et Beyrouth.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Diplomachins

Les Emirats arabes unis ont eux aussi convoqué l'ambassadeur du Liban à Abou Dhabi, Fouad Dandan, afin de lui transmettre un document officiel de protestation. Dans un communiqué, le ministère émirati des Affaires étrangères a dénoncé des propos "haineux et racistes" prononcés par le ministre libanais sortant.

Les représentants du Liban au Koweït et à Bahreïn ont également été convoqués, tandis que le Conseil de Coopération du Golfe a demandé à Charbel Wehbé de présenter des excuses officielles. L’Egypte a elle aussi demandé à l’ambassadeur du Liban Ali Halabi de présenter des "explications après les déclarations de Charbel Wehbé qui ont porté atteinte aux Etats et aux peuples frères du Golfe", selon un communiqué de son ministère des Affaires étrangères.

Les déclarations du ministre sortant des Affaires étrangères sont intervenues dans un contexte diplomatique particulièrement tendu entre Beyrouth et Riyad, alors que des centaines de milliers de Libanais travaillent dans le Golfe et craignent de voir leur gagne-pain menacé. Charbel Wehbé a tenu ces propos moins d’un mois après la fameuse affaire de la saisie de captagon à Jeddah dans des lots de grenades en provenance de Syrie via le Liban. Le royaume avait par la suite décidé, fin avril, de suspendre l’importation de fruits et de légumes en provenance du pays du Cèdre.

M. Wehbé, ancien conseiller du président de la République Michel Aoun pour les Affaires diplomatiques, avait été nommé début août 2020 au poste de ministre des Affaires étrangères après la démission de Nassif Hitti, mais le cabinet de Hassane Diab avait présenté sa démission quelques jours plus tard à la suite de la double explosion du port de Beyrouth.

Des personnalités libanaises ont afflué mercredi au domicile de l’ambassadeur d’Arabie saoudite Walid Boukhari à Yarzé pour exprimer leur soutien au royaume à la suite de la crise provoquée par les déclarations du ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, qui a mis en péril les rapports entre le Liban et les pays du Golfe. Recevant ses visiteurs, M. Boukhari a...

commentaires (6)

Ouf! On l’a échappé belle. A la prochaine tentative de sabotage internationale et surtout de débranchement d’oxygène de ce pays. Ils ne sont pas à leur première tentative, ils recommenceront.

Sissi zayyat

21 h 51, le 19 mai 2021

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Commentaires (6)

  • Ouf! On l’a échappé belle. A la prochaine tentative de sabotage internationale et surtout de débranchement d’oxygène de ce pays. Ils ne sont pas à leur première tentative, ils recommenceront.

    Sissi zayyat

    21 h 51, le 19 mai 2021

  • Pauvre Liban ???

    Eleni Caridopoulou

    20 h 04, le 19 mai 2021

  • Les conseillers du président fort me semblent aussi forts que lui ...

    Lecteur excédé par la censure

    18 h 48, le 19 mai 2021

  • Pour un gouvernement de "specialistes" que certains veulent reconduire aux affaires, cela se pose là.. le ministre démissionnaire ( même si, il semble que juridiquement cela ne soit pas légal) au passage bon débarras, n'était que conseiller au Palais présidentiel et il serait remplacé par une démissionnaire en puissance, Mme Car avait déjà présenté sa démission au lendemain de l'explosion du port ...donc elle ne présente aucune fiabilité ou de légitimité. A qui le tour maintenant..

    C…

    15 h 30, le 19 mai 2021

  • Sympa le braséro de l’ambassadeur !

    Wow

    13 h 54, le 19 mai 2021

  • L'ambassadeur Saoudien est un homme calme, raisonnable, et probablement compréhensif. Il a sans doute, connu le ministre, et bien sûr, il a été choqué, comme tout le monde, par ses propos inacceptables. Mais, du moment que l'homme s'est éclipsé du paysage, en ayant lui-même, regretté ses propres propos, en présentant ses excuses, dès lors, Monsieur Boukhari, peut, avec un peu de tact, empêcher, vis-à-vis de son pays, une dégradation souhaitée par certains, des relations entre nos deux pays.

    Esber

    11 h 56, le 19 mai 2021

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