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Société - Grand angle

Ceux pour qui le confinement n’est pas une option

Ils sont soignants, chauffeurs de taxi, épiciers, caissiers, agriculteurs, policiers, pharmaciens. La plupart préféreraient pouvoir rester à la maison pour se protéger du coronavirus. Mais ils n’ont pas ce luxe. Ils doivent servir les autres ou assurer leur propre survie.


Rita Sfeir continue de tenir sa pharmacie à Aïn el-Remmané. Photo João Sousa

Pour beaucoup d’entre nous, à travers le Liban, le temps s’est ralenti et l’espace considérablement réduit depuis que le coronavirus dicte les règles. Tout se passe entre quatre murs. Les rues sont vides. D’un balcon à un autre des voisins se font signe. Calfeutrés, nous guettons ce jour où l’extérieur ne sera plus un terrain hostile. Derrière les portes fermées, l’angoisse est toutefois apaisée par un sentiment de relative sécurité. Tout le monde n’a pas ce luxe, tout le monde n’a pas le choix : comme ces soldats en blouse blanche en première ligne de la crise sanitaire, tous ceux aussi dont le travail est essentiel à la survie collective, ou encore ceux qui sont dans l’obligation de sortir tous les jours pour pouvoir se nourrir.

Leur mobilisation en temps de pandémie répond à une réalité sociale préexistante. Celle d’une crise économique qui fragilise davantage les classes populaires et précarise un peu plus les classes moyennes ; celle d’un système de santé en manque cruel de moyens et inaccessible aux plus défavorisés ; celle d’un pays dont près de 44 % des habitants ne bénéficient d’aucune forme de protection sociale.

Comme de nombreuses pharmacies du pays, celle de Rita Sfeir, située à Aïn el-Remmané, a été prise d’assaut dès l’annonce du premier cas de coronavirus par des clients en quête de masques et de gel hydroalcoolique. Laissant leurs enfants à la maison, elle et son mari assurent la permanence. À la surcharge de travail s’ajoute forcément une inquiétude constante. « Bien sûr que je ressens une angoisse vis-à-vis de tout ça, sur le fait de devoir accueillir autant de gens, même si la majorité vient assez bien équipée. Ma fille craint que je n’attrape le virus. Elle me demande si j’ai de la fièvre. Quand j’éternue, elle s’inquiète », confie la pharmacienne. Masquée et gantée, sa petite équipe distribue les médicaments et autres produits derrière une vitre en plexiglas installée depuis peu. Pour tous ceux qui craignent de faire appel à un médecin ou de se rendre à l’hôpital, le pharmacien devient la première personne à qui demander conseil en cas de doute. « Certains m’appellent à tout bout de champ, en me demandant ce qu’il faut faire s’ils ont touché un sac de course ou une poignée de porte. Cette crise nourrit une paranoïa que nous devons essayer de calmer en donnant des explications simples », explique la pharmacienne.

D’autres clients se montrent plus difficiles à gérer. « Le coronavirus ? Une simple grippe ! Pourquoi mettre un masque ? Personne ne pense à nous alors pourquoi on penserait aux autres ? » lui lancent certains parfois. « Je ne sais pas pour combien de temps on tiendra le coup. On fait beaucoup de compromis en quittant la maison, en laissant les enfants et en rentrant le soir sans savoir si on a contracté le virus ou pas. Des collègues pharmaciens ont commencé à prendre des anxiolytiques. Heureusement, mon mari m’encourage, me dit qu’il ne faut pas flancher », poursuit Rita Sfeir.

Dans un hôpital situé dans les hauteurs de Beyrouth, dont on taira le nom, les équipes médicales se préparent à affronter la crise sanitaire. « On n’a pour l’instant aucun patient atteint du Covid-19, mais une section entière est prête en cas de besoin et nous suivons une formation accélérée », explique Hicham*, infirmier en soins intensifs. Le 10 mars, le ministère de la Santé a appelé les hôpitaux privés, qui représentent plus de 82 % de l’offre hospitalière, à se tenir prêts en cas d’engorgement des établissements publics. Or, l’État doit plus de 1,3 milliard de dollars aux hôpitaux privés, selon leur syndicat. Quant au secteur médical public, il ne reçoit plus aucun fonds.

Si les derniers bilans, publiés hier à midi, faisaient état de 463 cas depuis l’apparition de la pandémie au Liban, le 21 février dernier, dont 12 décès et 7 malades en état critique, selon les estimations les plus alarmistes, plus d’un million et demi de Libanais pourraient contracter le coronavirus. Avec un État en faillite et un système de santé à l’agonie, difficile d’appréhender le tsunami qui se prépare.

« Je sais que je serai sûrement amené à rester loin de chez moi durant plusieurs jours. Je n’ai pas peur pour moi, mais pour ma famille », confie Hicham. Quatre jours par semaine, il quitte Jiyé aux aurores pour se rendre sur son lieu de travail, 45 kilomètres plus loin, laissant son épouse et leurs deux enfants à la maison. « Quand je rentre le soir, quatorze heures plus tard, mon cœur se serre quand je les entends crier “eja baba” (papa est arrivé), et que je ne peux pas les serrer dans mes bras avant d’avoir enlevé tous mes vêtements et de m’être douché », dit-il.


(Lire aussi : Les immunités meurtrières, l'éditorial de Issa GORAIEB)


« Tout le monde a besoin de manger »

Le gouvernement a décidé la semaine dernière de durcir les mesures de confinement, ordonnant aux gens de ne sortir de chez eux qu’en cas d’extrême nécessité, et imposé un couvre-feu à partir de 19 heures. « Les gens ne se rendent pas assez compte de la dangerosité de ce virus. Je m’énerve vraiment quand je vois des gens au supermarché sans masques ou sans gants », lance Hicham. Sur les routes, des policiers municipaux patrouillent afin de faire respecter les mesures de confinement. À Jounieh, des équipes armées de masques et de gants sillonnent les rues en voiture 24 heures sur 24 et interpellent piétons, commerçants et automobilistes encore présents dans l’espace public. « Malgré le caractère préventif et d’intérêt commun de notre action, certains commerçants sont réticents », assure un responsable de la police municipale, sous couvert d’anonymat. « Mais les gens, dans leur majorité, sont plutôt conciliants », ajoute-t-il. Hicham, lui, a été contrôlé la semaine dernière parce qu’il ne portait pas de masque, alors qu’il était seul en voiture. « J’ai expliqué au policier que ça ne servait à rien, mais qu’en revanche, son masque improvisé fait de vêtements ne le protégeait pas », ironise l’infirmier. Ne pas se plier au confinement, c’est parfois tout autant pour servir les autres que faire tourner son commerce, notamment quand il relève du secteur alimentaire. Certes, les restaurants et certains marchés ont fermé, mais il faut assurer l’approvisionnement du pays en nourriture.

Samer* est le chef d’une entreprise familiale qui produit des denrées alimentaires de première nécessité. « Tout le monde a besoin de manger et on doit faire marcher l’entreprise notamment pour garantir aux employés leurs salaires », dit-il. Depuis le début de la pandémie, la direction a changé de fond en comble le mode de fonctionnement au sein de l’usine. « Avant, les employés dormaient chez nous pendant la semaine et rentraient chez eux le week-end. Il y avait deux équipes, une pour la nuit et l’autre pour le jour. Désormais, une seule équipe travaille à l’usine la journée pendant 14 jours, et l’autre prend ensuite le relais », explique Samer. Les employés ont également reçu des cartes d’identification à montrer à la police pour pouvoir circuler librement. « La plupart des commerçants de matières premières alimentaires ont plus de travail aujourd’hui, parce que les gens stockent », poursuit Samer.

Pour ce père de famille, les difficultés quotidiennes au travail émanent surtout de la dévaluation de facto de la livre libanaise et du manque de liquidité en dollars dans le pays. « Nous avons plus de travail, mais nous sommes payés en livres libanaises. Comment convertir ça en dollars pour pouvoir transporter et importer les matières premières dont nous avons besoin ? » soulève-t-il. En défaut de paiement depuis le 7 mars pour la première fois de son histoire, le Liban croule sous une dette de près de 160 % de son PIB. Cet endettement a entraîné dans son sillage une crise des liquidités. Alors que l’économie nationale tourne autour du dollar, le billet vert se fait de plus en plus rare, avec des effets dévastateurs pour le pays qui importe 85 % de ses besoins en denrées alimentaires et en biens d’équipement.

« Mes nerfs vont lâcher »

À la caisse d’une supérette à Jounieh qu’il dirige avec son frère, Antoine Sarkis passe nerveusement les articles. « Je vous assure que mes nerfs vont lâcher. C’est très dangereux ce que je fais », lâche-t-il, malgré le fait qu’il soit ganté et masqué. Ici aussi une vitre a été installée pour le séparer des clients qui font la queue. Et ils sont nombreux. La municipalité impose que les enseignes alimentaires ferment leurs portes à midi. « Les gens pensent que je suis chanceux de pouvoir travailler, mais pour moi c’est une corvée. Je le fais malgré moi. Non seulement il y a un risque de contagion au coronavirus, mais traiter avec des clients eux-mêmes énervés et stressés est loin d’être plaisant », confie-t-il.

Propriétaire de la supérette, Antoine peut décider de rester à la maison. Pour les caissières des grandes enseignes en revanche, ce n’est tout simplement pas possible. Dans un hypermarché de Hazmieh, Hala* gratifie les clients de son plus beau sourire. Brushing et maquillage impeccables, elle a mis des gants pour manipuler les produits et les billets. Quand on l’interroge sur ses conditions de travail, son visage, qui n’est pas caché par un masque, se crispe. « Je ne peux pas parler, dit-elle en jetant un œil derrière elle. Je peux juste vous dire que si l’un d’entre nous ne se sent pas bien, la direction nous renvoie à la maison, on nous traite bien. »

Quand le marché du dimanche à Badaro a annoncé sa suspension avant même que les mesures de confinement ne soient prises, Yves Paul Achkar a d’abord cru que ce serait passager. Cet ingénieur agronome de 23 ans, qui cultive seul avec son père ses légumes et fruits sur un terrain de six hectares dans les hauteurs de Sahel Alma, enchaîne les livraisons à ses clients durant le week-end. « Les premières minutes sur la route samedi, jour du confinement, je craignais un peu qu’on m’arrête et qu’on me dise de rentrer chez moi, surtout que mes légumes et mes fruits je les ai cueillis, je ne peux pas les recoller sur l’arbre ou les replanter », plaisante-t-il. Depuis le début de la crise du coronavirus, Yves redouble d’efforts pour maintenir sa production. « Les gens vont forcément continuer à manger. Et s’il faut baisser les prix je le ferai pour aider les gens. Mon but n’est pas de m’enrichir », dit-il. Il y a une dizaine de jours, la vidéo d’un marchand ambulant en crise de nerfs devant des policiers venus le sermonner, parce qu’il ne respectait pas les règles de confinement, a fait le tour des réseaux sociaux. « Que Dieu vienne en aide aux gens. Quand je vois ce gars qui se fatigue pour n’encaisser que 500 livres par kilo de citron vendu pour nourrir sa famille, c’est terrible. Moi je suis jeune et je n’ai pas de bouche à nourrir », confie Yves.


(Lire aussi : Pulvérisations anti-coronavirus dans les rues : une pratique anarchique et dangereuse)


« Si la cliente ne s’occupe pas de ses cheveux, elle déprime »

Déjà en situation d’extrême vulnérabilité en raison de la crise économique, une grande partie de la population risque de souffrir gravement de cette crise sanitaire. Au pays de la débrouille, chacun fait comme il peut pour limiter la casse. Masqué et ganté, Joe, 27 ans, gare discrètement sa Mercedes devant l’immeuble de sa cliente. Après avoir récupéré le téléphone de la jeune femme, il file sur la banquette arrière changer l’écran cassé. Dehors il fait nuit noire. « C’est bien la première fois que je fais ça », dit-il, esquissant un sourire derrière son masque chirurgical. Il ouvre parfois son magasin de téléphonie mobile situé entre Sin el-Fil et Bourj Hammoud, mais le risque de se faire contrôler par des policiers est grand. « Le coronavirus n’a pas encore trop affecté mes ventes. La personne qui a cassé son écran voudra le changer quoi qu’il se passe dehors. Mais c’est la crise financière qui nous embête le plus, à cause du taux de change du dollar », raconte-t-il.

Coiffeur depuis 35 années, Naaman n’hésite pas non plus à braver les restrictions pour pouvoir continuer à travailler. Naaman a dû fermer son salon, non loin de l’Université américaine de Beyrouth. Mais si les clientes ne peuvent pas se rendre au salon, le salon se rendra à elles. Avec sa mallette de coiffure, son masque et son gel pour les mains, Naaman fait la tournée des clientes un jour sur deux. « Si la cliente ne s’occupe pas de ses cheveux, elle déprime. C’est déjà assez difficile d’être enfermée à la maison avec son mari qui ne va plus au travail. S’il faut en plus voir ses cheveux blanchir », lance-t-il en riant. Coupe, brushing ou teinture, la demande est toujours là, bien qu’elle ait considérablement diminué depuis l’imposition du confinement : deux à quatre clientes tout au plus par jour. Naaman l’assure, les contrôles policiers ne l’effrayent pas. « Ils veulent faire peur aux gens avec le corona, mais eux, les zaïms, ils se sont tous mis à l’abri. Ils ont volé le pays et vivent confortablement. Le peuple, qui ne peut pas vivre sans travailler, est prêt à mourir pour assurer une vie décente à lui et ses enfants », enrage-t-il.

Les non-confinés affrontent un monde extérieur aussi désert que menaçant, une réalité qui s’est imposée à eux, souvent sans qu’ils puissent la contester. Alors qu’un silence de plomb règne ces jours-ci sur les quartiers d’Achrafieh, quelques travailleuses domestiques, reconnaissables à leurs uniformes de travail, promènent les chiens de leurs employeurs, vêtues de masques médicaux. Femmes et migrantes dans leur grande majorité, ces employées de maison logent généralement au domicile de l’employeur. Cette promiscuité amène certains patrons à faire fi des mesures de précaution en vigueur, envoyant le personnel au front, pour accomplir de surcroît des activités non essentielles en temps d’urgence sanitaire.


(Lire aussi : Les commerces non essentiels, laissés- pour-compte de l’état d’urgence sanitaire )



« Le jour où on gagne un peu d’argent, on mange »

Mourir de faim ou du corona, la question se pose en ces termes pour Ahmad, la trentaine, livreur dans la région de Kesrouan. Parce qu’il est à présent interdit aux petits snacks de quartier d’accueillir des clients, Ahmad livre pizzas, manakiche et sandwiches à domicile. « Je dois travailler. Je n’ai pas d’autres choix. Je suis resté quelques jours à la maison quand on a décidé de fermer complètement le resto. Mais je n’en pouvais plus de rester entre quatre murs toute la journée », confie ce Syrien qui travaille au Liban depuis plusieurs années. Malgré les risques du métier, Ahmad ne cède pas à la panique. « Je n’ai pas peur du tout, assure-t-il. Je prends mes distances avec le client, je ne touche à rien, je lave mes mains souvent. »

Retour à Beyrouth, où Omar Itani et Toufic Khodr travaillent tous deux comme chauffeurs de taxi. Dans ce secteur, la demande ne fait pas florès. « La baisse de la clientèle date d’avant la pandémie, avec la crise économique, puis la révolution. On vit au jour le jour. Le jour où on gagne un peu d’argent on mange, et le jour où on n’en a pas, on ne mange pas. La pandémie a aggravé la crise », fustige Toufic. Par mesure de précaution, le gouvernement ne permet plus aux taxis collectifs de prendre plus de deux clients en voiture, sous peine d’amende, faisant basculer un peu plus la profession dans la précarité. Omar impose désormais des tarifs de taxi individuels. « La vie de chauffeur est très dure. Cette voiture n’est pas à moi, je la loue. Je gagne à peu près 40 000 livres par jour. Je dois en reverser 30 000 au propriétaire du véhicule et il ne me reste plus que 10 000 livres pour moi, ma femme et nos trois enfants », déplore ce père de famille.

Les chauffeurs de taxi sont d’autant plus vulnérables qu’ils ne disposent que de très peu de leviers pour soumettre leurs clients à toutes les mesures de précaution en application. « Les clients ne suivent pas tous les règles de prévention. Il y a encore des gens qui sous-estiment ce qui se passe. “Corona ? C’est quoi ?” disent certains. Mais finalement, quoi qu’il en soit, je suis obligé de faire ma tournée pour trouver un passager », dit-il.


(Lire aussi : Le gouvernement veut éviter « tout faux pas », alors que les mesures de confinement se relâchent)



« J’aimerais pouvoir rester à la maison »

Un quotidien fragile rythmé par l’accumulation des factures. Celles de la location de voiture, celle du loyer, celles des dettes.

Le gouvernement a pour la première fois de son histoire lancé la semaine dernière un plan « d’aide sociale durable » de 12 milliards de livres (environ 6 millions de dollars, au taux de 2 000 LL/dollar), pour venir en aide aux catégories sociales les plus lésées par les mesures de confinement. Selon le ministère des Finances, 45 % des Libanais vivent désormais sous le seuil de pauvreté, 22 % se trouvant dans une situation d’extrême pauvreté. Mohammad en sait quelque chose. Ce jeune homme vit à Tripoli, dans le nord du pays, avec, à sa charge, deux enfants en bas âge. Avant la pandémie, il cumulait deux emplois, intendant auprès d’une famille aisée le jour, agent de sécurité à l’hôpital Mazloum la nuit. Il gagnait ainsi 650 000 livres par mois. Mais la famille qui l’emploie préfère ne plus faire appel à ses services, le temps que la pandémie cesse de se propager. « Je ne sais pas si je serai payé, vu que je ne la sers pas en ce moment », dit-il. Il lui reste son travail du soir, qui lui fait quotidiennement courir le danger de contracter le virus. « J’aimerais pouvoir rester à la maison. Mais qui va me donner à boire et à manger ? Je n’ai aucune alternative. »

(*) Les noms ont été modifiés.


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Pour beaucoup d’entre nous, à travers le Liban, le temps s’est ralenti et l’espace considérablement réduit depuis que le coronavirus dicte les règles. Tout se passe entre quatre murs. Les rues sont vides. D’un balcon à un autre des voisins se font signe. Calfeutrés, nous guettons ce jour où l’extérieur ne sera plus un terrain hostile. Derrière les portes fermées, l’angoisse...

commentaires (2)

Allah yihmikoun wou yihmé kél lébnéné!!

Wlek Sanferlou

16 h 14, le 01 avril 2020

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Commentaires (2)

  • Allah yihmikoun wou yihmé kél lébnéné!!

    Wlek Sanferlou

    16 h 14, le 01 avril 2020

  • SI LE CONFINEMENT CONTINUE PLUS D,UN A DEUX MOIS AU PLUS C,EST LA FAMINE QUI POINTERAIT A L,HORIZON. FLEAU FILLE DE FLEAU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 14, le 01 avril 2020

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