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Lifestyle - Carnet de bord

XXI – Beyrouth, la ville aux ailes brisées

Photo C. K.

Au détour d’une rue commerçante des Souks de Beyrouth, dans le centre-ville, lors d’une balade samedi dernier, ma femme et moi sommes tombés sur une équipe qui démontait les ailes d’une belle sculpture meublant l’environnement urbain de ce coin de la ville. La symbolique de ce geste m’a frappé, et je comprends que ce soit un effort pour protéger notre mobilier urbain dans les circonstances actuelles. Cependant, on peut aussi y voir une autre signification, une manière peu subtile d’empêcher l’envol de tout un peuple. Peu importe, nous avons poursuivi notre promenade en ce beau samedi ensoleillé au cœur de notre ville. Ce cœur barricadé, emmuré, englué, mais où la vie s’acharne à reprendre ses droits. On arrive à destination : Souk el-Tayeb, une oasis au milieu d’un environnement de plus en plus austère. Un bel exemple de résilience, ou comment obstinément persévérer malgré toutes les difficultés apparentes. Premier constat : les étals sont pleins, l’achalandage semble normal et les enfants s’approprient l’espace, à grands coups de trottinettes et de bicyclettes qui filent à toute vitesse sur les carreaux, avec pour léger obstacle les nombreux passants qui osent se poser sur leur chemin. La vie qui finit par trouver une manière de remonter à la surface, de reprendre ses droits.

Le temps file, il est déjà 14h et il nous faut rentrer. Nous croisons sur le chemin du retour de nombreux militaires et autres forces de sécurité sur le qui-vive. L’inquiétude et la fatigue se lisent sur les visages. Mon fils plaisante avec eux, lance des saluts et tape dans les mains des soldats. De quoi distraire un peu toute la compagnie avant les heures graves qui vont suivre. L’environnement lourd qui s’installe ne laisse hélas rien présager de bon. Dimanche matin, la ville se lève avec une gueule de bois. Je propose à la famille une promenade pour se changer les idées, respirer le grand air et retrouver cette nature qui nous veut du bien. Il a même été démontré dans des études scientifiques que la nature a des pouvoirs apaisants pour les citadins stressés que nous sommes, ce qui est certainement le cas pour la très grande majorité de nos compatriotes aujourd’hui. Ayant également promis à notre fils qu’on peut faire, tout comme au Canada, des bonhommes de neige au Liban, une sortie à la montagne s’est imposée. Cela faisait très longtemps que je n’étais plus allé à la neige. Au Québec, pas besoin de se déplacer, la neige nous rend visite régulièrement ! Nous avons pris la direction de Jbeil et puis grand virage à droite, et plein cap sur la magnifique région montagneuse de Laklouk. Arrivé sur place avec mon attirail canadien des grands froids, j’ai dû pratiquement tout laisser en voiture ! Le soleil était radieux. Manteau, gants et tuque sont restés sagement dans le coffre. Les chaises pour bronzer installées au bas de la piste ont donné le ton de la journée. Le bonhomme de neige a rapidement pris forme, suivi d’une bataille rangée de boules de neige à qui lance le plus juste, et voilà le fiston tout content de sa sortie. Question de bien faire dans les stéréotypes libanais, nous avons terminé la journée au bord de la mer. La température fraîche ne se prêtait pas à la légendaire combinaison ski/bain de mer dont sont fiers les Libanais de par le monde, mais ce n’est que partie remise pour le printemps, promis !


Ce carnet de bord est le récit, partagé une fois par semaine, du retour de Christian Kamel, son épouse et leur fils au Liban. Alors qu’ils sont si nombreux à vouloir quitter le pays du Cèdre, un émigré fait le chemin inverse. Parce que ce pays, qu’il a quitté enfant, est aussi le sien.


Les épisodes précédents

Mon père, ce héros (libanais)

Fumée grise, fumée blanche

Parenthèse de chaleur dans l’hiver canadien

Beyrouth – Montréal

Vu de l’extérieur

Oui, nous reviendrons

Ces émotions qui nous unissent

Nous ne regrettons rien

Le plus beau pays du monde

Et la vie continue (?)

La révolution (pas si) tranquille libanaise

Baptême de feu au cœur de la révolution

La liberté d’espérer

Le temps des pommes

Et maintenant, on fait quoi ?

Libanité, entraide et hospitalité !

Le sentiment d’un retour aux sources

À contresens, nous rentrons au Liban !


Au détour d’une rue commerçante des Souks de Beyrouth, dans le centre-ville, lors d’une balade samedi dernier, ma femme et moi sommes tombés sur une équipe qui démontait les ailes d’une belle sculpture meublant l’environnement urbain de ce coin de la ville. La symbolique de ce geste m’a frappé, et je comprends que ce soit un effort pour protéger notre mobilier urbain dans les...

commentaires (1)

Quelle belle histoire et moi avec ma fille nous sommes venus au Liban en Juillet quelle chance, de l'Italie

Eleni Caridopoulou

21 h 22, le 31 janvier 2020

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Commentaires (1)

  • Quelle belle histoire et moi avec ma fille nous sommes venus au Liban en Juillet quelle chance, de l'Italie

    Eleni Caridopoulou

    21 h 22, le 31 janvier 2020

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