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Lifestyle - This is America

Le Musée croate de la gueule de bois séduit les États-unis

Boire un petit coup c’est agréable. Et en abuser, spécialement au cours d’un nouvel an bien arrosé, peut devenir matière à cimaises.

À Zagreb, le Musée de la gueule de bois, celui des lendemains arrosés. Denis Lovrovic/AFP

Après avoir trinqué jusqu’à plus soif pour accueillir la nouvelle année, le pays de l’Oncle Sam a porté un dernier toast outre Atlantique à l’adresse de l’Europe centrale. Plus précisément à la Croatie dont la capitale Zagreb a inauguré, le 1er décembre, le Musée de la gueule de bois (Museum Of Hangovers). Une nouvelle qui a fait un tabac aux États-Unis et qui a occupé tous les médias, CNN et CBS inclus. Le public a suivi, bien que l’Amérique soit connue pour posséder, aux côtés de ses innombrables et uniques grands musées, les musées les plus insolites au monde. Ajouté à cela l’engouement national pour la dive bouteille et surtout pour les Six-Pack, ces bouteilles de bière vendues par six, une expression devenue synonyme de grands buveurs. Les citoyens américains se sont, en quelque sorte, reconnus dans le Musée de la gueule de bois de Zagreb, d’autant que ce sont les pionniers européens qui, en débarquant sur le sol du Nouveau Monde, y ont implanté la culture de la consommation de la bière. Ils ont donc visité le site du musée et ont bu à sa santé, notamment via une multitude d’images postées sur Instagram.

Le site du musée précise que son idée est, certes, née d’« histoires à boire », mais, qu’avant tout, il n’est ni une apologie de la boisson ni un encouragement à lever le coude.


Nuits d’ivresse et lendemains groggy
On apprend donc que, comme la plupart des bonnes histoires, celle de ce drôle de musée a commencé par une nuit mémorable et bien arrosée entre copains autour d’un verre. La détente, la bonne humeur et la valse des toats aidant, la conversation a tourné autour de souvenirs de gueules de bois. L’une des personnes présentes, Rino Dubokovc, étudiant d’une université de Zagreb, s’est écrié : « Pourquoi ne pas monter une collection d’objets ayant trait au plaisir de boire et les accompagner de récits et de témoignages relatant ce plaisir quelquefois poussé et ses lendemains groggy ? » Six mois plus tard, dans un immeuble jouxtant le bar où ces chevaliers modernes de la table ronde avaient goûté le vin à gogo, le Musée des gueules de bois ouvrait ses portes. « Le musée évoque ces nuits particulières, entre le moment où l’on sort de boîte et celui où l’on se réveille », expose Dubokovic, 24 ans, qui a ouvert l’endroit avec son amie Roberta Mikelic, 24 ans également. Il s’agit de « rassembler en un même endroit les objets avec lesquels les gens se sont réveillés et les histoires qui vont avec, pour que certains puissent s’identifier », a précisé cette dernière.

Ce musée intime des confessions, souvent drôles, expose souvenirs et reliques correspondant à 25 gueules de bois.

Quatre salles ont été créées pour décrire les étapes du difficile retour à la maison et du lendemain : Rue est pavé de graffitis ; Les miroirs renvoie aux vitrines des magasins qui reflètent le regard perdu du fêtard ; Jardin propose des chants d’oiseau du petit matin ; et dans Chambre, celle-là même où les gens se réveillent après une virée alcoolisée, on retrouve l’illustration parfaite de ce moment, un capharnaüm de bouteilles renversées et de cendriers qui débordent.

D’autre part, un espace interactif permet de mesurer le potentiel des visiteurs en soulographie. Le jeune musée leur propose des lunettes baptisées beer goggles qui permettent de voir l’effet produit lorsque l’on force sur la bouteille. Ils peuvent aussi effectuer le parcours du buveur : du bar à la chambre à coucher où l’on finit en se jetant sur son lit, en passant par la rue, le tout en voyant double. Les visiteurs peuvent également lire les aventures de ceux qui, une fois sobres, relatent ce dont ils se souviennent. Et un tableau noir accroché à l’entrée porte cette inscription : « Je me suis réveillé avec... », à compléter à la craie blanche. En sortant du musée, un crochet par la boutique de souvenirs s’impose. On y trouve notamment un jeu de société baptisé Drinkopoly (manière Monopoly), un jeu de fléchettes, pour vérifier qu’on a bien repris ses esprits et que les yeux sont en face des trous. Il y est aussi possible de faire une petite dégustation de rakija, un cognac fruité populaire dans les Balkans.

Rino Dubokovic, originaire de l’île de Hvar, réputée pour ses vignobles, qui poursuit des études en sciences informatiques, a clarifié, dans le cadre de l’émission Travel de la chaîne CNN, que l’objectif de ce musée n’est pas du tout une ode à l’alcool. « Il est plutôt une représentation physique de ces conversations entre amis sur les frasques passées, pour faire prendre conscience au public des dangers de l’alcoolisme. » Ce lieu insolite qu’il qualifie de Concept Test a reçu en quelques semaines un accueil positif, notamment des étudiants qui représenteraient 51 % des visiteurs.

L’abus d’alcool étant, selon l’Organisation mondiale de la santé, responsable du décès chaque année de plus de trois millions de personnes de par le monde, le Musée de la gueule de bois a, bien sûr, aussi ses détracteurs. Parmi eux, la psychiatre américaine Gail Saltz, également auteure, psychanalyste, chroniqueuse et commentatrice à la télévision américaine, qui le trouve « trop séduisant et amusant, surtout pour les jeunes, donc porteur de tentations ». La réponse des responsables est inscrite en exergue du musée et du site en ligne : « Rappelez-vous qu’il faut boire de manière responsable. »



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