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L’art féministe s’invite dans la présidentielle américaine

Les Libanaises font la révolution avec courage et intelligence et, de l’autre côté de l’Atlantique, l’art féminin entre résolument dans la bataille électorale de 2020.

La marche de protestation contre l’élection du président Trump en 2016. Photo tirée du site Instagram Feminist Art Coalition

Le 5 novembre marquait le lancement officiel de la campagne pour la présidentielle américaine de 2020 mais aussi le démarrage de la Feminist Art Coalition (FAC), via son site officiel. Une concordance de date qui ne relève pas du hasard mais d’une action délibérée menée par cette coalition pour avoir son mot à dire dans le choix du nouveau chef d’État. Elle est la conséquence, aussi, de la déception d’un grand nombre de femmes après l’élection de Donald Trump, connu pour ne pas faire de leurs causes une priorité. La FAC se propose donc de mener une bataille pour hâter un changement au sommet de l’État par le biais d’expositions d’art féministes montées dans tout le pays. L’une des six curatrices de cet ample mouvement, Apsara Di Quinzio, précise : « Nous avons pensé qu’il était opportun de créer un espace culturel où l’on pourrait débattre de politique et d’égalité des sexes dans le cadre d’institutions d’art, d’une manière stratégique et réfléchie à l’approche de la présidentielle de 2020. » Cette initiative a été inspirée à la FAC par la Women’s March (La Marche des femmes), en janvier 2017, le lendemain même de l’investiture du président Trump, en signe de protestation contre sa politique jugée sexiste par certains.


Pour un successeur de Trump qui ne soit pas un Trump

À l’approche du nouveau scrutin, les femmes prennent les devants. Ainsi, la Feminist Art Coalition a déjà mobilisé plus de cinquante musées et institutions d’art et prévu des expositions, des conférences et des symposiums qui s’inscrivent dans le cadre de ces « efforts stratégiques » en vue de l’élection d’un éventuel successeur au président Trump. Les adhérents au mouvement se trouvent aux quatre coins du pays : du Brooklyn Museum à New York jusqu’au Lawndale Art Center Huston, en passant par la Renaissance Society à Chicago. L’éventail des expositions et des événements est très varié. Le Young Museum de San Francisco prépare une rétrospective dédiée à une pionnière de l’art féministe : Judy Chicago ; la Spruance Gallery, en Pennsylvanie, se concentre sur la production féminine de gravures durant les années 40 et 50. Quant à la Henry Art Gallery de l’université de Washington, elle consacrera son espace à des œuvres proposées par la FAC, dont un film expérimental réalisé par le duo Sharlene Bamboat et Alexis Mitchell (connu sous le nom de Bambitchell), et une installation par l’artiste multidisciplinaire Math Bass.

Selon une autre curatrice, Anne Ellegood, « ce projet est conçu pour encourager le discours féminin et montrer comment les aspirations féminines peuvent être bénéfiques à tous les niveaux de la société ». Ce projet espère étendre sa mission au-delà des cimaises en organisant, notamment, des séances de lecture et en publiant des textes sur les divers aspects du féminisme qui devraient être traités rapidement.

Cette initiative est d’autant plus importante qu’en septembre dernier, des enquêtes ont révélé qu’entre 2008 et 2018, les œuvres de femmes artistes n’ont constitué que 11 % des acquisitions et 14 % des expositions programmées dans les musées.


Thèmes féministes et engagement civique

« On parle beaucoup du pouvoir de l’art et, en même temps, de la difficulté des gens à s’adapter à ses changements. Et on nous berce avec l’idée que la parité est en train de se faire, mais ce sont là des mythes qui en fait reflètent un statu quo », estime dès lors Susan Fischer Sterling, directrice du Musée national des femmes dans l’art à Washington. C’est ce qui a poussé la FAC à réagir. Elle a débuté sa campagne avec un budget de 50 000 dollars octroyés par la Fondation Warhol. Selon la direction du musée d’art et de films de l’université de la Californie, la Feminist Art Coalition représente, en définitive, un effort collectif sans précédent effectué par certaines des plus grandes institutions du monde de l’art. Son action vise à sensibiliser le public aux thèmes féministes et à catalyser l’engagement civique à un moment critique de l’histoire des États-Unis. Enfin, elle porte son dialogue transformatif sur les féminismes contemporains au-delà du monde de l’art.

« Alors que nous nous trouvons à un an de ce qui devrait être une élection décisive pour les causes féministes, nous pensons qu’il est non seulement opportun, mais surtout impératif que la communauté artistique s’unisse pour réclamer un monde plus inclusif et équitable, à la fois au sein des murs de nos institutions d’art et en dehors », a déclaré Di Quinzio.

Espérons que cette fois la Coalition aura une meilleure audience que celle du président Trump, vu que cinq femmes sont en lice pour lui succéder : les sénatrices Elizabeth Warren (État du Massachusetts), Kamala D. Harris (Californie) et Amy Klobuchar (Minnesota), la congresswoman Tulsi Gabbard (Hawaii) et une écrivaine, Marianne Williamson.


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