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À La Une - Liban

Au lendemain de l'annonce des consultations, les blocages de routes reprennent de plus belle

Du Nord au Sud, en passant par Beyrouth, la contestation dans la rue se fait à nouveau sentir.

De jeunes manifestants bloquant une route à Rachaya à l'aide de pneus brûlés, le 5 décembre 2019. Photo ANI

Au lendemain de l'annonce de la date des consultations parlementaires pour la formation d'un nouveau gouvernement qui doivent commencer lundi prochain, plus d'un mois après la démission du Premier ministre libanais Saad Hariri sous la pression de la rue, les blocages de routes à travers le pays par des manifestants en colère ont repris de plus belle jeudi.

Dès les premières heures du matin, au 50e jour de la révolte, un groupe de manifestants a partiellement bloqué la circulation sur la voie-express du Ring, à Beyrouth, à l'aide de bennes à ordures et de ferraille. Dès mercredi, des centaines de protestataires s'étaient rassemblés sur cet axe - devenu un haut-lieu de la contestation et le théâtre d'affrontements réguliers entre manifestants et partisans du Hezbollah et d'Amal - afin de rendre hommage à deux pères de famille qui se sont suicidés ces derniers jours dans un contexte de crise économique aiguë et pour rejeter l'entente politique qui se dessine autour de Samir Khatib.

Des manifestants se sont par ailleurs rassemblés devant le siège de l'Association des banques du Liban (ABL) dans le centre-ville de Beyrouth afin de protester contre les limites sur les retraits imposées par les établissements bancaires, même au guichet. Des contestataires ont en outre organisé des sit-in devant plusieurs banques de la capitale afin de réclamer des éclaircissements concernant cette nouvelle décision.

Par ailleurs, des graffitis appelant à la formation d'un gouvernement "indépendant et de transition" ont été peints dans la nuit devant les sièges de plusieurs ministères à Beyrouth, notamment ceux des Affaires étrangères, des Affaires sociales, ou encore de l’Énergie.

"Révolution. L'entrée reste fermée jusqu'à la formation d'un gouvernement indépendant et de transition". Photo DR



(Lire aussi : La victoire en chantant, le billet de Fifi Abou Dib)



Dans le Kesrouan, des manifestants ont brûlé des pneus sur l'autoroute au niveau du Casino du Liban, provoquant des embouteillages monstres.

Dans le caza de Aley, à Bechouite, la route a été fermée pendant quelques heures.

Plus au Sud, à Saïda, le rond-point Élia, place-forte de la contestation, a été partiellement fermé. Plusieurs routes secondaires ont également été fermées à l'aide de bennes à ordures et de nombreuses écoles et instituts publics et privés ont fermé leurs portes à l'appel des manifestants qui appellent à la grève générale, mais les commerces restaient ouverts. Un sit-in a également eu lieu devant la branche de la Banque du Liban. Selon notre correspondant à Saïda, Mountasser Abdallah, une jeune manifestante, Nibal Kassem, qui participait à ce sit-in, a été brièvement détenue par les services de renseignement de l'armée pour avoir tenté de résister aux militaire qui voulaient disperser le rassemblement. Elle a été libérée dans le courant de l'après-midi.  

L'armée patrouillait dans la ville afin de rétablir la circulation, rapporte notre correspondant sur place.

Une route bloquée à Saïda. Photo ANI


Toujours au Liban-Sud, devant le siège du centre d'enregistrement des véhicules de Habbouche, à Nabatiyé, une bagarre a éclaté entre manifestants et propriétaires de commerces qui s'opposaient à la fermeture du centre. L'armée est intervenue afin de rétablir le calme.

Sit-in à Nabatiyé, le 5 décembre 2019. Photo ANI


Dans le Nord, des dizaines de manifestants ont bloqué plusieurs routes à Tripoli, notamment l'autoroute de Bohsas, à l'aide de pneus et en garant leurs véhicules sur la chaussée. Un autre groupe de protestataires a paradé dans les rues de la ville, et a ensuite bloqué l'accès au siège de la Fédération des municipalités de Fayha'. Si les commerces et les écoles ont rouvert leurs portes, la circulation restait timide en matinée. En outre, les "comités populaires" de Tripoli ont appelé les députés sunnites de la ville à boycotter les consultations fixées par le chef de l’État Michel Aoun.

Une autoroute à Tripoli, au Liban-Nord, bloquée par des manifestants, le 5 décembre 2019. Photo ANI



(Lire aussi : En dépit de l’annonce des consultations, la situation reste confuse, le décryptage de Scarlett Haddad)



A Halba, dans le Akkar, des étudiants de l'institut technique public de la ville ont tenu un sit-in devant l'établissement, appelant leurs camarades à les rejoindre dans la rue, en scandant des slogans en faveur du "changement". Plusieurs sit-in devant des administrations publiques, comme les bureaux d'Ogero, ou encore ceux de la Régie, du ministère du Travail, ainsi que l'Office des Eaux, ont été enregistrés. L'autoroute de Abdé-Mouhammara, qui avait été bloquée en matinée, a été rouverte à la circulation.

A Rachaya, l'autoroute reliant la région à Masnaa a été rouverte à la circulation après avoir été bloquée à l'aide de pneus brûlés.

Dans la Békaa, un Libanais de 22 ans, M.Q., est incarcéré depuis trois jours, après avoir été convoqué par les services de renseignements de l'armée concernant une publication sur son compte Facebook critiquant le chef de l’État, Michel Aoun, rapporte notre correspondante à Zahlé Sara Abdallah. Le jeune homme, originaire de Bouarij, dans la Békaa, est actuellement détenu à Ablah. Contactés par L'OLJ, les parents de M.Q. ne souhaitent pas s'exprimer publiquement afin de ne pas porter préjudice à une éventuelle libération, dans le cours de la journée, de leur fils. 

L'annonce de la date des consultations parlementaires a été rendue publique mercredi par la présidence de la République dans un pays secoué depuis le 17 octobre par un mouvement de contestation populaire sans précédent réclamant le départ de l'ensemble de la classe politique jugée corrompue et incompétente, sur fond de crise économique aiguë. La contestation a entraîné la démission le 29 octobre de Saad Hariri, mais le président Michel Aoun était réticent à lancer dans la foulée les consultations parlementaires pour désigner un nouveau chef de gouvernement, prévues par la Constitution.

Plusieurs noms de favoris au poste de Premier ministre ont circulé ces dernières semaines, tous rejetés par la rue. Le dernier candidat pressenti, Samir Khatib, est un homme d'affaires sans expérience politique. Les manifestants réclament un gouvernement de spécialistes totalement indépendants de la classe politique traditionnelle, dominée depuis des décennies par les mêmes partis et les mêmes clans familiaux. M. Aoun s'est dit ouvert à un cabinet incluant des représentants de la contestation et a évoqué l'idée d'un gouvernement "techno-politique", insistant sur la nécessité de maintenir des représentants des partis.


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Au lendemain de l'annonce de la date des consultations parlementaires pour la formation d'un nouveau gouvernement qui doivent commencer lundi prochain, plus d'un mois après la démission du Premier ministre libanais Saad Hariri sous la pression de la rue, les blocages de routes à travers le pays par des manifestants en colère ont repris de plus belle jeudi.Dès les premières heures du matin,...

commentaires (3)

Il n'a pas 36 solutions. Il faudrait former tout de suite un nouveau gouvernement de technocrates uniquement selon les voeux des manifestants. Les manoeuvres du tandem chiite de connivence avec le duo Aoun-Bassil sont vaines, irresponsables et anti-patriotique au service d'un Etat étranger. Il y a des limites à ne pas dépasser. L'armée libanaise n'a pas vocation à tirer sur la foule avec des ba

Un Libanais

14 h 02, le 05 décembre 2019

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Commentaires (3)

  • Il n'a pas 36 solutions. Il faudrait former tout de suite un nouveau gouvernement de technocrates uniquement selon les voeux des manifestants. Les manoeuvres du tandem chiite de connivence avec le duo Aoun-Bassil sont vaines, irresponsables et anti-patriotique au service d'un Etat étranger. Il y a des limites à ne pas dépasser. L'armée libanaise n'a pas vocation à tirer sur la foule avec des ba

    Un Libanais

    14 h 02, le 05 décembre 2019

  • Il n'y a 36 solutions. Il faudrait former un gouvernement de technocrates sousla présidence de Saad Hariri. Les manoeuvres inutiles de la

    Un Libanais

    13 h 55, le 05 décembre 2019

  • GOUVERNEMENT DE TECHNOCRATES INDEPENDANTS ET LEGISLATIVES DANS LES SIX MOIS. TOUTE AUTRE ISSUE ADOPTEE PAR L,ESTABLISHMENT NE TROUVERA POINT ECHO DANS LA RUE. PERTE DE TEMPS QUI PLONGE CHAQUE JOUR EN PLUS LE PAYS DANS L,EFFONDREMENT ECONOMIQUE ET FINANCIER. AU SOMMET ON N,A PAS COMPRIS ENCORE QU,IL Y A UNE REVOLUTION EN MARCHE ET QUE L,APRES 17 OCTOBRE N,EST PAS COMME L,AVANT 17 OCTOBRE. VAINS MARCHANDAGES ET VAINS EFFORTS DE REITERER ET COPIER LES ANCIENNES COUTUMES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 09, le 05 décembre 2019

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