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Liban - Crise financière

Endetté, un père de famille met fin à ses jours, le second en quatre jours

La famille de Dany Abi Haïdar dit ignorer les raisons qui l’ont poussé au suicide. Alors que des informations ont circulé quant au licenciement de ce père de famille, l’entreprise Debbas qui l’employait les a démenties.


Dany Abi Haïdar, un Libanais de 41 ans, a mis fin à ses jours hier à Nabaa. Photo tirée de Facebook

Un père de famille de 41 ans, Dany Abi Haïdar, endetté et sous lourde pression financière, s’est suicidé par balle, hier à son domicile à Nabaa, dans la banlieue est de Beyrouth, au moment où le pays traverse une grave crise économique, financière et sociale, et que plane sur de nombreux citoyens la menace de la pauvreté.

L’Agence nationale d’information s’est contentée de rapporter le suicide, indiquant qu’une enquête était en cours. Mais le père du défunt, Mohammad Abi Haïdar, a indiqué aux médias locaux que son fils avait accumulé une dette de trois millions de livres libanaises auprès de l’épicier et que son salaire avait été réduit de moitié depuis le mois d’octobre. Dany Abi Haïdar travaillait depuis 24 ans auprès de la Holding Debbas, à Mkallès. « Il était généreux et s’occupait bien de moi et de mon épouse depuis que j’ai perdu mon emploi », a raconté le père éploré, précisant que la veille du drame, il plaisantait avec son fils comme si de rien n’était. Outre ses parents à charge qui vivaient chez lui, dans un petit appartement situé au dernier étage d’un vieil immeuble, le malheureux devait rembourser son prêt immobilier contracté auprès de la Banque de l’habitat. Il devait aussi assumer avec son épouse les dépenses quotidiennes du foyer et de leurs trois enfants, Rami, Nour et Mohammad, qui fréquentent l’école publique de Nabaa. « Il n’hésitait pas à accumuler les heures supplémentaires pour subvenir à nos besoins », a ajouté le père du défunt qui refuse d’accepter le fait que son fils se soit suicidé pour trois millions de livres. « Je ne sais pas pourquoi il a commis ce geste. Il était pieux et jeûnait », a-t-il assuré. « Ce mercredi, il est rentré tôt du travail. Il devait être 10h30. Son épouse passait l’aspirateur. Il a pris sa carabine. Je pensais qu’il se rendait à la chasse. Il s’est dirigé vers la terrasse. C’est alors que nous avons entendu le coup de feu », a-t-il encore dit.

« Ils sont responsables du sang de mon fils »

« Nous sommes arrivés à cette situation économique critique à cause des responsables politiques qui insistent à rester en place », accuse de son côté la mère du défunt, Khadra Darwiche, qui a accouru à la terrasse, dès qu’elle a entendu le coup de feu, pour découvrir son fils baignant dans son sang. « Je réclame qu’ils soient jugés et que Dieu se venge d’eux. Ils sont responsables du sang de mon fils », a-t-elle déclaré aux médias locaux, estimant que son fils « n’arrivait plus à supporter la pression financière ». Si la famille de Dany dit ignorer les motifs qui l’ont poussé au suicide, sur les réseaux sociaux des informations ont circulé évoquant le licenciement du jeune Libanais qui l’aurait poussé à se donner la mort. Des informations aussitôt démenties par l’entreprise Debbas qui l’employait. « La Holding Debbas a appris avec chagrin et tristesse le décès de Dany Abi Haïdar », peut-on lire dans un communiqué publié par la société de luminaires, niant que l’employé qui a mis fin à ses jours ait été licencié. Selon l’entreprise, M. Abi Haïdar, qui « a continué à toucher l’intégralité de son salaire malgré la situation difficile du Liban », « s’était rendu ce matin comme d’habitude à son travail, mais a demandé à s’absenter le reste de la journée pour des raisons familiales ».

Dimanche dernier déjà, Naji Fliti, un tailleur de pierre âgé de 40 ans et père de deux enfants, a été retrouvé pendu près de son domicile à Ersal, un village frontalier de la Békaa-Nord. Au chômage depuis plusieurs mois, il était dans l’incapacité d’éponger ses dettes.

Lea Zeinoun, directrice d’une ONG gérant un service d’assistance téléphonique pour la prévention des cas de suicide, a déclaré à l’Agence France Presse craindre une recrudescence du phénomène « si la situation ne s’améliore pas ». « Aujourd’hui, nous avons reçu 15 appels en trois heures alors que nous en recevons en moyenne 150 par mois », a-t-elle affirmé.

Un père de famille de 41 ans, Dany Abi Haïdar, endetté et sous lourde pression financière, s’est suicidé par balle, hier à son domicile à Nabaa, dans la banlieue est de Beyrouth, au moment où le pays traverse une grave crise économique, financière et sociale, et que plane sur de nombreux citoyens la menace de la pauvreté. L’Agence nationale d’information s’est contentée de...

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