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Liban - Commentaire

Docteur Michel et Mister Aoun

Une malheureuse phrase du président – il y en a eu quelques-unes lors du triste exercice télévisé qui a tourné à la débâcle – a donc renvoyé les gens dans la rue. C’est, du moins, ce qu’affirment les intéressés, car en face, on veut croire ou faire croire que la messe était dite, certaines parties ayant appelé par avance leurs partisans à se rassembler dès la fin de l’émission.

Des maladresses, des faux pas, des faiblesses dues à la fatigue ou à l’âge, mais aussi – concédons-le parfois – des mots détachés de leur contexte peuvent déjà faire beaucoup de mal, surtout dans une situation de crise aiguë comme celle que traverse le Liban. Ce n’est pourtant rien devant certaines choses que l’on dit dans les moments de lucidité, qu’on avance sans ciller, et sur lesquelles il se trouve qu’on a raison. Car le plus grave, justement, dans le propos présidentiel, ce n’est guère l’autisme face à l’ampleur du mouvement de contestation ni les pauvres tentatives déployées pour contourner le phénomène. Le plus grave, c’est le terrible et paradoxal constat politique que fait le chef de l’État des causes de son propre échec.


(Lire aussi : Après l’interview de Aoun, plus de retour en arrière)


« Il faut en finir avec l’unanimisme qui bloque tout. Il faut que les décisions soient prises à la majorité. Les exigences du pacte national doivent être conformes à ce qui est prévu par la Constitution. » Ces mots, qui ne sont détachés d’aucun contexte, Michel Aoun les prononce aujourd’hui. C’est le même Michel Aoun qui avait bloqué naguère la présidentielle durant deux ans et demi sous prétexte qu’il fallait que tout le monde se conforme au pacte national en faisant élire le leader le plus fort chez les chrétiens, c’est-à-dire lui. Sachant que la Constitution ne dit pas cela et qu’elle ne dit même pas que le président doit être chrétien, que le Premier ministre doit être sunnite et que le président du Parlement doit être chiite, lequel des deux Michel Aoun faut-il croire ? L’ancien, qui soumettait de facto les institutions et toute la gouvernance du pays au consensus roi, en raison d’une interprétation extensive du pacte national? Ou bien le nouveau qui, parce qu’il croit disposer à présent de la majorité, veut bien revenir à la règle majoritaire ?

L’honnêteté intellectuelle, une qualité qu’on est en droit d’exiger de la part de tout responsable qui entend lutter contre la corruption, impose à celui qui s’est trompé de reconnaître s’être trompé. Michel Aoun, lui, ne reconnaît rien du tout. Mais peut-être considère-t-il avoir seulement changé de vérité…



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Une malheureuse phrase du président – il y en a eu quelques-unes lors du triste exercice télévisé qui a tourné à la débâcle – a donc renvoyé les gens dans la rue. C’est, du moins, ce qu’affirment les intéressés, car en face, on veut croire ou faire croire que la messe était dite, certaines parties ayant appelé par avance leurs partisans à se rassembler dès la fin de...

commentaires (17)

L’honnêteté intellectuelle, une qualité qu’on est en droit d’exiger et impose à celui qui s’est trompé de reconnaître s'être trompé. Oui mais d’abord il s’agit de Aoun et lui se croit au delà de toutes les exigences. Il ne reconnaît déjà plus rien. La preuve, il prend son gendre pour le président de la république et il lui obéit au doigt et à l’oeil Un ministre qui dit je veut et il faut c’est du jamais vu. Je citerais la phrase d’un ex ministre français Jean Pierre chevènement un ministre ca ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, il démissionne. Alors Gebran sait ce qu’il lui reste à faire.

Sissi zayyat

19 h 28, le 14 novembre 2019

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Commentaires (17)

  • L’honnêteté intellectuelle, une qualité qu’on est en droit d’exiger et impose à celui qui s’est trompé de reconnaître s'être trompé. Oui mais d’abord il s’agit de Aoun et lui se croit au delà de toutes les exigences. Il ne reconnaît déjà plus rien. La preuve, il prend son gendre pour le président de la république et il lui obéit au doigt et à l’oeil Un ministre qui dit je veut et il faut c’est du jamais vu. Je citerais la phrase d’un ex ministre français Jean Pierre chevènement un ministre ca ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, il démissionne. Alors Gebran sait ce qu’il lui reste à faire.

    Sissi zayyat

    19 h 28, le 14 novembre 2019

  • Il est du devoir de chacun de ne pas rajouter de l'huile sur le feu. Il convient plutôt de calmer le jeu. Les paroles improvisées ne sont pas toujours heureuses mais le blocage du pays pendant 30 jours est plus grave. Bien sûr, il est plus populaire pour les intellectuels de se montrer proches du soulèvement mais il ne faut pas céder à la facilité, au contraire. La fermeture des routes n'est pas signe de force.

    Shou fi

    16 h 58, le 14 novembre 2019

  • Le président cest Nasrallah Bassil le Iznogoud Aoun cest qune vitrine Les deux derniers sont que des outils

    Jack Gardner

    16 h 17, le 14 novembre 2019

  • La question de santé du président Aoun semble un sujet tabou! Je me demande si son état lui permet d'exercer encore ses fonctions?! Il devient le Boutaflika libanais. Le pouvoir est entre les mains de Nasrallah-Bassil... Triste !

    Alexandre Husson

    15 h 27, le 14 novembre 2019

  • Si M.Aoun a un peu , un tout peu, de dignité, il quitterait le pouvoir immédiatement

    FAKHOURI

    14 h 18, le 14 novembre 2019

  • Le souverain c est le peuple et c est lui seul qui decide quel genre de gouvernement il souhaite pour son pays et personne d autre.

    HABIBI FRANCAIS

    12 h 20, le 14 novembre 2019

  • des mots détachés de leur contexte peuvent déjà faire beaucoup de mal, Ce n'est pas le President Aoun qui est apparu a la television discutant avec les journalistes ( qui il faut le dire ont ete bien plus directe dans leurs questions que j'aurai pu l'imaginer au Liban ) c'est un vieux personage, use par la fatigue qui louchait vers sa droite pour recevoir une reponse de quelqu'un avant de repondre a la question, qui ne comprenait meme pas la question et qui s'embrouillait dans sa reponse C'EST TRISTE ET MALHEUREUX EN MEME TEMPS POUR LUI MAIS SURTOUT POUR LE PAYS. PEUT ETRE IL EST TEMPS POUR LUI DE QUITTER CETTE CHAISE DEVENU IMPOSSIBLE A GERER ( dixit lui meme le President n'a aucun pouvoir depuis Taef, je ne peux rien faire moi meme ) ET RENDRE UN DERNIER SERVICE AU PAYS EN ELOIGNANT SON GENDRE BASSIL DU POUVOIR AVANT DE PARTIR

    LA VERITE

    11 h 55, le 14 novembre 2019

  • Il faut reconnaître que nous peuple libanais sommes de vrais idiots pour avoir tous cru et soutenu cet homme depuis 1989. Un homme qui a finalement travaillé au détriment de sa patrie en ne prenant que des mauvaises décisions. Bref un incapable.

    Achkar Carlos

    11 h 34, le 14 novembre 2019

  • Regardé hier soir interview sur YouTube. Au risque de heurter la nouvelle pensée mainstream, je dis: non, le président n'a pas dit des bêtises s'agissant du dossier des réfugiés syriens, de la pression exercée sur l'économie libanaise ou encore de la représentativité du Hezbollah. Mais alors je ne sais pas quels spin doctors l'ont conseillé pour cette interview mais son visage est tellement botoxé qu'il est comme paralysé n'exprimant aucune émotion (y a qu'à voir son front sans ride aucune !) mais surtout surtout ses propos provoc sur les manifestants sont scandaleux. Depuis le 17 octobre, il n'a rien vu, rien entendu même s'il défend bien par ailleurs des dossiers importants pour le pays.

    Marionet

    10 h 46, le 14 novembre 2019

  • Article d'une grande finesse mais d'une grande dureté egalement. c'est helas, la triste verite du triste sire

    Lebinlon

    10 h 46, le 14 novembre 2019

  • Dans ce monde moderne jeune le président AOUN a trop vieilli , il doit rendre son tablier pour donner une chance aux jeunes talents non partisans de gouverner .

    Antoine Sabbagha

    09 h 56, le 14 novembre 2019

  • ET SI C,ETAIT SEULEMENT CA. SON INTERVIEW ETAIT PLEINE DE MALADRESSES, DE FAUX PAS, DE BEVUES ET DE FAIBLESSES DUES A LA FATIGUE DE L,AGE. ET LE PIRE, IL N,A RIEN APPRIT COMME LECON.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 59, le 14 novembre 2019

  • Trois ans au Palais, ça use, ça use. Trois ans au Palais, ça use la santé.

    Un Libanais

    07 h 54, le 14 novembre 2019

  • Il faut se demander comment on en est arrivé à ‘imposer ‘ cette lecture de la constitution .. Très simple: les tshirts noirs, et la manipulation du conseil constitutionnel..

    LeRougeEtLeNoir

    07 h 44, le 14 novembre 2019

  • Le pire dans cette histoire ridicule qui souligne la dimension narcissique et populiste bon marché du Président, c’est de prétendre d’être le plus fort chez les chrétiens depuis son retour d’exil, sans jamais avoir eu de statistiques ni de sondages sérieux pour le confirmer... D’autant qu’il avait, en effet, il y’a quelques années, un bon pourcentage d’irréductibles chrétiens de tous bords qui voyaient naïvement en lui, le sauveur de la nation (sinon la présence chrétienne)... Allez faire un autre sondage actuel: il est certain que sa majorité a fondu comme peau de chagrin... Je connais une bonne dizaine de « Aounistes » purs et durs qui se sont réveillés à la réalité et, soit ont des opinions plus neutres ou qu’ils ont rejoint les rangs des manifestants! Il faut arrêter de prendre les gens pour des moutons de Panurge!

    Saliba Nouhad

    04 h 29, le 14 novembre 2019

  • IL EST CAPABLE DE NOMMER UN PREMIER MINISTRE FANTOCHE SUIVI D,UN GOUVERNEMENT SUR MESURE DICTÉ PAR H.NASRALLAH.

    Gebran Eid

    03 h 52, le 14 novembre 2019

  • Universitaire français, observateur de la vie politique libanaise , je constate combien Michel Aoun n'a jamais eu d'autre projet que lui même et malheureusement il n'est pas arrivé au bout de son rouleau!

    Beauchard Jacques

    00 h 16, le 14 novembre 2019

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