Rechercher
Rechercher

Liban - Protestation

« Cher professeur, désolé (...), j’essaie de faire tomber le gouvernement »

Les écoliers et étudiants participent massivement aux manifestations, de même que les enseignants.


Des étudiants de l’AUB ont suivi un cours hier dans l’Œuf, au centre-ville, à deux pas des manifestants. Photo Mohammad Yassine

Alors que les manifestations entamaient leur 7e jour hier, de nombreux universitaires et écoliers du pays ont catégoriquement refusé de reprendre les cours. Depuis vendredi dernier, les classes sont annulées dans les établissements universitaires et scolaires, et enseignants et étudiants participent massivement aux manifestations, dans le but de faire chuter un gouvernement « défectueux » . « Je ne suis pas allé à l’université aujourd’hui (hier), raconte à L’Orient-Le Jour Sary, 19 ans, étudiant à l’Université américaine de Beyrouth (AUB). Mais j’ai un ami qui s’est rendu en classe ce matin. L’enseignant lui a dit ainsi qu’à ses camarades : “Que faites-vous là ? Allez manifester”. »Sur Twitter, un courriel envoyé par un étudiant de l’AUB à un de ses enseignants est devenu viral ces derniers jours. « Cher professeur, je suis désolé de ne pas pouvoir venir en classe demain. J’essaie de faire tomber un gouvernement défectueux », affirme-t-il. L’AUB avait publié mardi un communiqué dans lequel elle a annoncé la suspension des cours hier, tout en maintenant l’université ouverte pour ceux qui souhaitent y mener leurs recherches. Des professeurs ont annoncé dans un communiqué qu’ils faisaient grève et se joignaient au mouvement de protestation. « Les rues sont des salles de classe et les salles de classe se trouvent dans la rue », ont-ils affirmé.

Et c’est ainsi qu’à l’initiative d’un des professeurs, des étudiants de l’AUB ont suivi un cours hier dans l’Œuf, ce bâtiment abandonné dans le centre-ville et emblématique de la guerre civile.

Les enseignants et étudiants de l’Université libanaise, qui ont également affiché leur refus de reprendre les cours et leur volonté de continuer à se joindre aux manifestants, ont de leur côté réclamé la démission du directeur contesté de l’UL, Fouad Ayoub. Ce dernier avait été conspué par le personnel et les étudiants après avoir demandé la reprise des cours hier. Il était finalement revenu sur sa décision mardi soir, après un appel des étudiants à une grève générale. De leur côté, l’Université Notre-Dame (NDU) et l’Université Saint-Joseph (USJ) ont annoncé la suspension des cours jusqu’à nouvel ordre, tout en demandant au personnel administratif en mesure d’assurer des permanences de se rendre à l’université.


(Lire aussi : Une nouvelle réalité, l'impression de Fifi ABOU DIB)


« Notre situation a empiré »

Un groupe d’enseignants des écoles publiques a, pour sa part, manifesté hier devant le ministère de l’Éducation, appelant à la poursuite de la suspension des cours, ainsi qu’à des réformes au niveau de l’enseignement public. Le ministre de l’Éducation, Akram Chehayeb, avait appelé les écoles, ainsi que les instituts techniques et les universités à dispenser leurs cours normalement hier, évoquant « la sauvegarde des intérêts des élèves et des étudiants ». Il s’était rétracté au final face à la colère des enseignants et des élèves. Les écoles publiques et les établissements scolaires catholiques sont fermés depuis le début des contestations.

« Nous avons exprimé notre désaccord face à la décision du ministre et il a alors accepté que les établissements scolaires restent fermés. Nous sommes témoins d’une révolution et ce n’est pas une chose qui arrive tous les jours. Il faut donc que nous y participons », a indiqué à L’Orient-Le Jour Nisrine Chahine, présidente de la ligue des contractuels de l’enseignement élémentaire public au Liban. « Nous sommes payés à l’heure, nous ne recevons pas d’aide au transport et ne sommes pas inscrits à la Sécurité sociale. Nous perdons donc de l’argent quand les écoles sont fermées, mais nous sommes convaincus de la nécessité de manifester », a-t-elle souligné.

« Quand les étudiants quittent la rue, les parents partent aussi, c’est donc une tentative de manipulation du gouvernement », a estimé Mme Chahine, qui a critiqué par ailleurs le fait que le secteur de l’éducation « n’a pas été évoqué dans la feuille de route économique » du Premier ministre, Saad Hariri.

« Comme le ministère de l’Éducation est tenu par le Parti socialiste progressiste (M. Chehayeb est membre du PSP), nous nous sommes réunis il y a quelque temps avec le député Teymour Joumblatt, afin d’obtenir plus de droits. M. Joumblatt nous a promis des changements, mais notre situation a malheureusement empiré depuis », a souligné Mme Chahine.



Lire aussi

Pour ou contre les manifestations, la position mitigée du Hezbollah, le décryptage de Scarlett HADDAD 

Bkerké : Plus qu’un soulèvement, c’est la renaissance de la patrie libanaise

À Zouk, les manifestants redoublent d’enthousiasme après l’intervention de la troupe

Le remaniement ministériel buterait sur le refus du président

L’armée sur un terrain miné, entre devoir et sympathie pour le soulèvement

À Nabatiyé, une tentative de réprimer les manifestants pacifiques

Au cœur de Beyrouth, on réclame aussi les droits des femmes ou la préservation de la vallée de Bisri

Alors que les manifestations entamaient leur 7e jour hier, de nombreux universitaires et écoliers du pays ont catégoriquement refusé de reprendre les cours. Depuis vendredi dernier, les classes sont annulées dans les établissements universitaires et scolaires, et enseignants et étudiants participent massivement aux manifestations, dans le but de faire chuter un gouvernement...

commentaires (3)

Vive Riad Salame l homme qui a sauvé le Liban des subprime car c est le chemin de la Grèce et de Chypre que nous aurions pris il y a dix ans

PROFIL BAS

12 h 05, le 24 octobre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Vive Riad Salame l homme qui a sauvé le Liban des subprime car c est le chemin de la Grèce et de Chypre que nous aurions pris il y a dix ans

    PROFIL BAS

    12 h 05, le 24 octobre 2019

  • Notre jeunesse est un vivier de talents et notre assurance pour un Liban nettoyé de sa fange politique, bravo!

    Christine KHALIL

    07 h 50, le 24 octobre 2019

  • LA T2EKHIZNA YIA ESTEZ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 34, le 24 octobre 2019

Retour en haut