Les manifestations entament leur huitième jour et continuent à se dérouler dans la plupart des régions du Liban, montrant une belle unité des revendications et exprimant un malaise généralisé. Mais les incidents qui se multiplient notamment au Sud, dans la région de Nabatiyé et de Tyr, suscitent de nombreuses questions, dont la plus importante porte sur la véritable position du Hezbollah.
Le puissant parti de la résistance est-il avec les manifestants et leurs revendications, ou bien appuie-t-il en réalité le maintien en place du pouvoir et du gouvernement, comme l’a presque affirmé le secrétaire général du Hezbollah dans son dernier discours samedi dernier ? La question mérite d’être posée parce que selon les jours, les lieux et les heures, on a l’impression d’une position ambiguë et changeante.
Dans les faits, il faut préciser que Hassan Nasrallah a déclaré dans le même discours d’appui au pouvoir et au gouvernement qu’il comprend parfaitement les manifestations et a appelé à des mesures concrètes et radicales pour réduire le déficit budgétaire et relancer la vie économique, sans toucher aux pauvres et aux classes défavorisées. Cela peut paraître contradictoire, mais cette équation semble en réalité résumer de façon précise la position du parti.
D’un côté, le Hezbollah est tout à fait conscient de l’impact de la crise économique et financière sur sa base populaire, surtout au moment où il subit les effets des sanctions économiques qui lui sont imposées directement et celles qui sont imposées à l’Iran, ces effets réduisant sa capacité à intervenir pour améliorer les conditions de vie de ses partisans. En même temps, le Hezbollah n’a jamais caché le fait qu’il n’est pas familier du système bancaire libanais et a peu de contacts avec les banques, préférant toujours se positionner aux côtés des couches sociales les plus défavorisées. Hassan Nasrallah, ainsi que la plupart des députés du bloc de la Résistance, ne cesse de le répéter. De plus, depuis les dernières élections législatives en mai 2018, il a fait de la lutte contre la corruption et du règlement de la crise économique et sociale son cheval de bataille.Les responsables du parti ne cessent de le répéter et ils avaient même annoncé qu’une cellule spéciale, chargée de cette mission et présidée par le député Hassan Fadlallah, avait été formée. Le Hezbollah, qui est à l’écoute de sa base populaire, n’est pas sans savoir que jusqu’à présent, cette cellule n’a pas réussi à obtenir des résultats concrets, en raison de la complexité de la situation politique qui trace des lignes rouges dans de nombreux dossiers et autour de nombreuses personnes. Pour cette raison, le Hezbollah n’est pas mécontent de laisser les gens exprimer leur grogne dans la rue à travers les manifestations dans plusieurs régions. Surtout que dans les circonstances qui avaient précédé le déclenchement des protestations, il avait le sentiment d’avoir les mains liées et de ne pas parvenir à offrir des résultats concrets. Selon des experts de la scène chiite, le Hezbollah, qui a eu, à un moment, sa part dans les cris de colère des manifestants, comprend aussi que le mécontentement des gens atteigne certaines de ses figures (il y a eu des attaques limitées contre les bureaux des députés Mohammad Raad, chef du bloc de la Résistance, et Hassan Fadlallah, à Nabatiyé). Il comprend aussi que les reproches puissent également atteindre son allié, le président de la Chambre, Nabih Berry. D’une certaine façon, toujours selon les experts de la scène chiite, ces cris de colère renforcent même la volonté du Hezbollah de lutter contre la corruption, sachant que depuis plus d’un an, ses efforts se sont heurtés à un système politique et confessionnel verrouillé. Le Hezbollah, qui n’a cessé de remporter des victoires militaires au Liban, en Syrie et peut-être sur d’autres champs de bataille, s’est donc retrouvé quelque peu impuissant face à ce système et, lui qui a habitué ses partisans à aller « de victoire en victoire », selon les propres termes de Nasrallah, ne peut pas faire devant eux un constat d’échec sur ces questions. Pour cette raison, les protestations populaires, même si elles l’égratignent, lui et ses alliés, peuvent avoir, à ses yeux, du bon dans la mesure où elles ont déjà relativement débloqué le système et poussé les camps les plus réfractaires aux réformes à les accepter. Dans ces conditions, pourquoi le Hezbollah ne déclare-t-il pas ouvertement son appui aux manifestations populaires et son soutien à leurs revendications ? Toujours selon les experts de la scène chiite, le parti ne peut pas faire une lecture purement locale des manifestations qui se déroulent actuellement sur le territoire libanais. Pour lui, il se pourrait qu’au-delà du contexte interne et des décisions inacceptables de certains ministres du gouvernement, ainsi que de la lenteur des réformes pourtant nécessaires, il y ait des agendas politiques externes qui visent à renverser les équilibres politiques actuels qu’il estime être en sa faveur. Pour le Hezbollah, les positions du président de la République avec ses interlocuteurs internationaux et à toutes les tribunes sont un acquis qu’il faut préserver. Tout comme les positions du Premier ministre sur de nombreux sujets cruciaux sont, à ses yeux, un pas dans la bonne direction, qu’il faut protéger à tout prix. C’est pour cette raison que Hassan Nasrallah a affirmé dans son dernier discours que si le gouvernement actuel démissionne, il sera difficile d’en former un autre rapidement et, selon lui, la vacance, ou un gouvernement chargé de gérer les affaires courantes, serait catastrophique dans ce contexte parce qu’il n’est pas en mesure de prendre des décisions importantes. Dans la même logique, le chef du Hezbollah a affirmé que le mandat actuel ne peut pas être renversé. Il s’agit donc d’essayer d’obtenir des réformes importantes sans toucher au fond. Mais la rue, elle, semble d’un autre avis...
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Madame vous êtes dans un autre monde … arrêtez d'essayer de disculper les uns ou les autres … meme sur la OTV vous ne faite pas le poids des manifestants quand bien meme vous essayer d'induire en erreur ces memes manifestants en engageant les FL QUI ONT DEMISSIONNER DEPUIS LE 1 ERE JOUR comme quoi ils sont derriere ces manifs monstre une chose cependant si vraiment les FL ETAIENT DERRIERE LES MANIFS ALORS CHAPEAU BAS AUX FL S'ILS PEUVENT FAIRE BOUGER LA RUE AVEC CET DIMENSION PARTOUT AU LIBAN
17 h 09, le 24 octobre 2019