Le Premier ministre libanais Saad Hariri a réaffirmé jeudi l'engagement du Liban à appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, quatre jours après l’escalade survenue entre le Hezbollah et Israël dans la zone frontalière après laquelle le secrétaire général du parti chiite Hassan Nasrallah avait proclamé la fin des "lignes rouges".
Lors de la séance du jour du Conseil des ministres au Grand sérail, les ministres affiliés aux Forces libanaises, Richard Kouyoumjian et May Chidiac, ont soulevé les propos tenus lundi par le leader du Hezbollah. Ce dernier avait affirmé que sa formation avait "brisé les lignes rouges" dans sa confrontation avec Israël, menaçant de frapper "en profondeur" le territoire d'Israël en cas d'attaque, au lendemain de la destruction d'un véhicule militaire près d'une caserne israélienne se trouvant dans la région frontalière.
"Nous sommes engagés en faveur de la résolution 1701", a répondu M. Hariri. "Personne ne veut franchir les frontières", a assuré de son côté le ministre Mohammad Fneich, affilié au Hezbollah, ajoutant qu'il y aura riposte "si Israël s'en prend au Liban".
Mardi, le commandant en chef de la Force intérimaire des Nations unies, le général Stefano Del Col, avait exprimé sa "vive inquiétude" après la flambée de violence survenue dimanche entre le Hezbollah et Israël, à l'issue d'un entretien avec le chef du gouvernement. Le commandant en chef de la Finul avait ainsi emboîté le pas à Saad Hariri, qui avait assuré que la résolution 1701 était "toujours en vigueur" et que "les lignes rouges sont toujours là", en référence aux propos de Hassan Nasrallah.
Dimanche, le Hezbollah a annoncé avoir détruit un véhicule militaire près d'une caserne israélienne se trouvant dans la région frontalière, en riposte aux bombardements d'une position en Syrie qui avait fait deux morts parmi les combattants du parti. L'armée israélienne a répliqué en lançant des dizaines de grenades incendiaires et de missiles sur "la source des tirs" du Hezbollah, provoquant uniquement des incendies dans des secteurs boisés.
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Budget 2020
A l'issue de la réunion du gouvernement, le ministre de l'Information, Jamal Jarrah, a indiqué que le gouvernement va se consacrer la semaine prochaine à l'examen de l'avant-projet de loi de finances pour l'année 2020. "La semaine prochaine, le gouvernement consacrera ses séances à la lecture préliminaire du budget 2020", a déclaré M. Jarrah, laissant entendre que le Conseil des ministres pourrait se réunir à deux reprises la semaine prochaine.
A l'issue d'une réunion élargie de dialogue consacrée à la crise économique et financière du pays au palais de Baabda, le Premier ministre avait insisté sur l'importance de voter le budget 2020 dans les délais et visant un ratio déficit/PIB inférieur à 7 %.
Vendredi, le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, avait annoncé que le texte de l’avant-projet de budget pour l'exercice 2020 était finalisé.
Pour les soutiens du Liban, notamment les donateurs présents lors de la CEDRE, comme pour les agences de notation financières, le budget pour 2020 doit comprendre des mesures qui doivent permettre de réduire durablement le déficit public, qui a atteint 6,2 milliards de dollars en 2018, soit plus de 11 % du PIB.
Selon la Constitution, la loi de finances doit être votée avant la fin de l’année précédant son exécution, ce qui suppose que l’avant-projet préparé par le ministère soit examiné dès la rentrée par le gouvernement, pour être amendé puis transmis au Parlement – après être passé par la commission parlementaire des Finances et du Budget.
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Nominations
Par ailleurs, Jamal Jarrah a indiqué que les nominations administratives, sur demande du Premier ministre, allaient dorénavant être fixées à l'ordre du jour du Conseil des ministres et examinées dans ce cadre, ajoutant que les CV des candidats à ces nominations seront au préalable transmis aux ministres.
Lors du précédent Conseil des ministres jeudi dernier, le dossier des nominations n'avait pas été examiné, principalement en raison de l'absence d'accord entre le Courant patriotique libre et les FL sur les sièges réservés aux chrétiens. Les nominations judiciaires en suspens concernent les postes de procureur général près la Cour de cassation, de président du Conseil supérieur de la magistrature, de président du Conseil d'Etat et de directeur du ministère de la Justice, à priori réservés aux communautés maronite et sunnite.
En outre, le gouvernement a approuvé le prorogation pour huit mois du mandat d'exercice de la société LibanPost, chargée notamment du service postal au Liban, conformément à des amendements proposés par M. Jarrah et son collègue des Télécoms, Mohammad Choucair, qui multiplie par quatre la part de l'Etat dans la société. "Durant cette période, un nouveau cahier des charges devra être rédigé avant le lancement d'un appel d'offres pour les sociétés souhaitant assurer le service", a précisé le ministre de l'Information.
Sur un autre plan, le ministre de l'Education, Akram Chehayeb, a proposé la tenue d'un Conseil des ministres consacré au règlement des dossiers dans le secteur de l'Education, au vu "de la grande pression exercée sur les écoles publiques, où les demandes d'inscription ont augmenté".
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18 h 46, le 05 septembre 2019