Le ministre libanais de l'Environnement, Fady Jreissati, reçu par le président du Parlement, Nabih Berry, à Aïn el-Tineh, le 26 juillet 2019. Photo Hassan Ibrahim / Parlement libanais
Le ministre libanais de l'Environnement, Fady Jreissati, a affirmé vendredi que des mesures "courageuses" et "contraires au populisme" seront prises afin de lutter contre la crise des déchets, alors que cette crise, qui perdure au Liban depuis plusieurs années, touche depuis plusieurs jours les régions au sud de Beyrouth et le Liban-Nord.
Reçu à Aïn el-Tiné par le président de la Chambre, Nabih Berry, M. Jreissati a annoncé, à l'issue de leur entretien, avoir obtenu "tout le soutien nécessaire" de la part du chef du Législatif concernant le plan développé par le ministère de l'Environnement pour régler la crise des déchets. "Nous avons partagé de nombreuses idées et la réunion était très positive", a-t-il ajouté. Le ministre a souligné que "la prochaine phase de la lutte contre la crise des déchets sera marquée par du courage". "Nous allons prendre des mesures qui sont contraires au populisme et auxquelles s'opposent certaines parties", a-t-il déclaré, estimant qu'il est de la responsabilité de l’État d'établir "une stratégie" pour résoudre cette crise, et appelant les forces de l'ordre à "aider à la mise en oeuvre" de son plan.
Fady Jreissati a estimé qu'"il est important d'ancrer le principe de la transparence" dans tous les aspects du dossier des déchets ménagers. Et de poursuivre : "Les déchets sont la responsabilité de tous les Libanais. Nous allons donc dialoguer avec les municipalités et les députés, le ministère de l'Environnement n'étant pas seul responsable" de la lutte contre les déchets.
(Lire aussi : Répit d’un mois à Costa Brava, rouverte aux déchets aujourd’hui)
"Il est temps d'approuver le plan"
Plus tôt dans la journée, Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL, dont est membre M. Jreissati), a estimé jeudi qu'il était désormais temps de mettre en œuvre le plan du ministre de l'Environnement.
"Il existe un plan national exhaustif pour régler la crise des déchets et il est temps de l'approuver et de commencer à le mettre en œuvre", a déclaré M. Bassil lors d'une conférence de presse. "Nous avons étudié ce plan et souhaitons féliciter M. Jreissati" pour le travail accompli à cet égard, a-t-il ajouté, soulignant le fait que l'ensemble de ce plan se base sur le principe de la décentralisation administrative. M. Bassil a exprimé l'espoir que "toutes les parties coopéreront afin d'en finir avec cette crise".
Mercredi, la décharge gouvernementale de Costa Brava située au sud de Beyrouth avait été fermée aux camions y amenant les ordures des localités de Baabda, de Aley et du Chouf, suite à une décision dans ce sens prise par la fédération des municipalités de la banlieue-sud. La fédération n'a autorisé que l’entrée des ordures en provenance de la banlieue-sud et de Choueifate à la décharge côtière. Après une journée au cours de laquelle les déchets se sont amoncelés dans les rues des différentes régions où le ramassage a été suspendu, la crise a été résolue temporairement grâce aux contacts effectués par le ministre d’État pour les Affaires du Parlement, Mahmoud Comati (Hezbollah), avec le Premier ministre Saad Hariri. Par ailleurs, la crise des déchets frappe aussi le Liban-Nord, suite à la fermeture d'une décharge illégale dans laquelle étaient versés les déchets de plusieurs cazas de la région et après le refus des habitants de la localité de Fouar (caza de Zghorta) qu'une nouvelle décharge soit ouverte dans cette localité.
Ces polémiques interviennent alors que la gestion des déchets est problématique depuis des décennies au Liban, où chaque crise n'est réglée qu'avec des solutions provisoires, notamment l'agrandissement des décharges de Bourj Hammoud (nord de Beyrouth) et Costa Brava, qui arrivent toutes deux à saturation.
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ON NOUS PARLE D,UN PLAN SANS NOUS ENUMERER SES ASPECTS ET SES CONDITIONS. QUAND MEME CA FAIT PLAISIR D,ENTENDRE QU,IL Y A UN PLAN.
19 h 03, le 26 juillet 2019