Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a attaqué samedi soir le leader druze Walid Joumblatt sur son "appartenance libanaise", quelques heures après que le chef du Parti socialiste progressiste ait accusé le leader du Courant patriotique libre de "racisme".
"Un ministre de premier plan (allusion à M. Bassil) nous a épatés par des théories racistes visant les Palestiniens et les Syriens", a écrit samedi matin M. Joumblatt sur son compte Twitter. La veille, le chef de la diplomatie libanaise s'était à nouveau prononcé en faveur d'une loi qui respecterait le préambule de la Constitution concernant le refus de l'implantation et permettrait aux Libanaises mariées à un étranger de transmettre leur nationalité à leurs enfants. En mars, le ministre avait annoncé qu'il allait présenter un projet de loi permettant aux Libanaises mariées à des étrangers, à l'exception des Palestiniens et des Syriens, de transmettre leur nationalité à leurs enfants, proposition qui avait été qualifiée de raciste par de nombreuses organisations de la société civile.
"Certains nous accusent de racisme parce que leur appartenance libanaise n'est pas assez forte pour qu'ils comprennent ce que nous ressentons", a-t-il déclaré dans un discours prononcé lors de la deuxième journée de la 6e édition de la conférence Lebanese Diaspora Energy (LDE) au Biel de Furn el-Chebbak. "Il est naturel que nous défendions la main d’œuvre libanaise avant toute autre. Les Libanais avant tout !", a lancé le ministre, avant d'ajouter : "Certains ne comprennent pas que notre libanité est au-dessus de tout. Notre appartenance libanaise est une appartenance à une civilisation, une histoire et une nation".
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Réfugiés syriens
Les difficultés économiques que connaît le Liban sont souvent imputées à la présence de ces réfugiés, et les appels se font de plus en plus pressants en faveur d'un retour des Syriens dans leur pays.
Dans son tweet, le leader druze avait fait référence à l'expulsion de réfugiés syriens de Deir el-Ahmar et à la destruction à Ersal de tentes et de maisons de déplacés ayant fui la guerre en Syrie, se demandant s'ils allaient être envoyés en Syrie "pour être éliminés".
Mercredi, une violente altercation a éclaté dans le camp de fortune de Deir el-Ahmar, dans le nord de la Békaa, entre des déplacés syriens et une équipe de la Défense civile venue éteindre un incendie à l'intérieur du camp. Un volontaire de la Défense civile avait été blessé. Après cet incident, plusieurs responsables de la localité ont préconisé le démantèlement définitif du camp. Certains réfugiés ont pris la fuite de peur de représailles. Jeudi, plusieurs centaines de réfugiés syriens ont été forcés de quitter leur camp de fortune.
Mardi, trois ONG internationales ont indiqué que les autorités libanaises ont donné en avril aux réfugiés syriens jusqu'à dimanche pour démolir tout abri qui ne serait pas construit avec des planches de bois ou des bâches en plastique dans la région de Ersal, frontalière de la Syrie en guerre.
Au Liban, les formations opposées au régime syrien prétendent que Damas s'en prend aux réfugiés syriens qui rentrent dans leur pays.
"Qui gouverne dans ce pays ?"
Dans ce même tweet, le leader druze avait de nouveau mis en cause le compromis présidentiel "sinistre" de 2016, scellé par Gebran Bassil et le chef du Courant du Futur, Saad Hariri, devenus respectivement après l'élection de Michel Aoun à la présidence ministre des Affaires étrangères et Premier ministre.
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Joumblat a un problème identitaire pathologique, son syncretisme ethnique est toxique au regard de ce que vivent les libanais.
20 h 04, le 09 juin 2019