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Liban

Le clin d’œil de Bassil aux Kataëb : discours de circonstance ou initiative sérieuse ?

En présence du chef du CPL, Nadim Gemayel a appelé à « tendre la main à tout le monde ».

Gebran Bassil et Samy Gemayel. Photos d’archives

Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a mis à profit un dîner donné mardi dernier en son fief de Batroun pour adresser des messages politiques à son plus grand opposant depuis la mise sur pied du compromis présidentiel de 2016, à savoir le parti Kataëb.

Une cérémonie avait été organisée, en présence de M. Bassil, par le Club culturel de Batroun en l’honneur d’Ibrahim Richa, ancien secrétaire général des Kataëb. Étaient aussi présents Nadim Gemayel (Kataëb) et Eddy Maalouf (CPL), députés de Beyrouth et du Metn respectivement. Il y avait aussi Sejaan Azzi, ex-ministre du Travail, et Karim Pakradouni, ancien chef des Kataëb, ainsi que les anciens députés Samer Saadé, Nader Succar et Antoine Chader, aux côtés de plusieurs membres des deux partis.

S’exprimant lors du dîner, M. Bassil a tenu à faire un clin d’œil aux Kataëb : « Aujourd’hui, nous nous rappelons des constantes Kataëb, en l’occurrence (le soutien à) la présidence de la République, (à) l’armée et (au) pouvoir judiciaire. » Il a affirmé que son parti avait tenté de jeter les bases d’un partenariat à long terme avec Saïfi, tant avant la tenue de la présidentielle que peu avant les élections législatives de mai 2018. S’adressant aux partisans de la formation de Samy Gemayel, Gebran Bassil a déclaré : « Vous êtes porteurs d’un legs. Mais il est difficile que les chrétiens s’unissent dans le cadre d’un même parti, parce qu’ils sont attachés à la liberté. » « Le CPL a hérité des autres partis politiques. Et nous avons eu la chance de tirer les leçons de vos erreurs », a-t-il lancé avant de poursuivre : « En dépit de toutes les divergences, nous convergeons sur la notion d’État. »


(Lire aussi : Le PSP et le Futur s’écharpent autour d’une querelle au conseil municipal de Chehim)

Conditions préalables

Dans ces propos, le leader du courant aouniste tentait clairement de remettre sur le tapis de précédentes offres de rapprochement entre les deux formations, restées sans suite jusque-là. Il faisait notamment allusion à l’échec des efforts visant à nouer une alliance électorale lors du scrutin de mai 2018. Il renvoyait aussi à la réunion tenue, en juin 2018, entre Samy Gemayel et Élias Bou Saab, actuel ministre de la Défense et proche collaborateur de M. Bassil. M. Bou Saab avait tenté, sans succès, de convaincre le chef des Kataëb de prendre part au gouvernement – alors en gestation –, à condition de faire partie du bloc ministériel gravitant dans l’orbite du sexennat.

Les déclarations de Gebran Bassil mardi dernier ont donc été interprétées comme un nouveau pas en direction des Kataëb, dans le cadre de ce que les aounistes appellent la politique axée sur le dialogue avec tout le monde, et en dépit du positionnement du parti de Samy Gemayel à la tête de l’opposition.

Mais dans les milieux des Kataëb, on ne partage aucunement cet avis. Dans un communiqué publié jeudi, le département de l’information de ce parti s’est félicité du fait que « M. Bassil s’inspire de l’expérience et du parcours politique des Kataëb ». Mais il a toutefois exposé les conditions préalables à tout rapprochement entre les deux formations. Celui-ci « devrait être conforme aux constantes. Et c’est ce qui a empêché, jusqu’ici, l’entente », peut-on lire dans le communiqué. Estimant que les deux partis divergent sur la question de la souveraineté, le texte fait valoir que les Kataëb « ont soutenu des présidents qui ont accordé la priorité à la préservation de la souveraineté et de l’indépendance, appuyé l’institution militaire et empêché la prolifération des armes (illicites) ».


« Si M. Bassil est sérieux… »

Interrogé hier par L’Orient-Le Jour, Salim Sayegh, vice-président des Kataëb, clarifie le point de vue de sa formation : « Nous communiquons avec tout le monde. Mais il n’y a pas de dialogue à caractère politique avec le CPL », assure-t-il, avant de poursuivre : « Le pays fait face à un désastre politique. Il n’en reste pas moins que nous sommes fiers de ne pas prendre part à l’entente élargie, en vigueur depuis 2016. » Une façon pour l’ancien ministre des Affaires sociales d’assurer que son parti est toujours attaché à son positionnement de fer de lance de l’opposition.

D’ailleurs, c’est à partir de ce statut que M. Sayegh évalue le clin d’œil de Gebran Bassil. « Nous captons tous les signaux politiques qui nous sont adressés, notamment ceux qui permettent de bâtir des ponts pour sortir de la crise actuelle. Mais c’est à partir de notre positionnement actuel que nous sommes prêts à participer à un dialogue de fond, non seulement avec le CPL, mais avec une alliance de partis pour sortir du chaos actuel », assure-t-il, avant de renvoyer ouvertement la balle dans le camp du leader du CPL. « Si M. Bassil est sérieux, il devrait profiter de son statut dans le cadre du sexennat Aoun pour engager un tel dialogue avec tous ceux qui veulent sauver le pays », lance Salim Sayegh. En attendant cette « sérieuse » initiative, le vice-président des Kataëb estime que les propos de Gebran Bassil sont « une déclaration de circonstance, assimilable à une opération de charme électorale, encore très loin d’une initiative politique sérieuse ».


« Bâtir des ponts »

Outre les messages adressés au directoire Kataëb, les propos de Gebran Bassil sont notables dans la mesure où ils ont été tenus en présence de Nadim Gemayel. Pendant plusieurs mois, notamment avant la tenue du congrès général du parti en février dernier, de nombreux milieux politiques et plusieurs médias locaux faisaient état de « rapports en dents de scie » entre le député de Beyrouth et son cousin Samy, sur fond de désaccord autour de l’opposition au pouvoir en place. De source proche de Nadim Gemayel, on assure que ce dernier est toujours attaché aux constantes souverainistes de son parti, mais qu’il prône dans le même temps une politique axée sur la coopération au cas par cas. Il faut « bâtir des ponts avec tout le monde », sans pour autant renoncer aux principes des Kataëb, ajoute-t-on dans les mêmes milieux, tout en rappelant que c’est autour de ce dernier point que M. Gemayel a axé son intervention lors du dîner de mardi. « En présence du chef du CPL, nous affirmons que nous pouvons diverger en politique. Mais notre premier objectif reste la préservation des intérêts des chrétiens pour le bien du pays », a-t-il dit avant de s’adresser à Gebran Bassil en ces termes : « Tout comme vous avez tendu la main aux Kataëb, nous sommes prêts à tendre la main à tout le monde dans l’intérêt du pays. »



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commentaires (5)

Donc tout cet bla bla de Samy Gemayel opposition ma opposition etc ça a dégonfler ?!

Bery tus

16 h 09, le 08 juin 2019

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Commentaires (5)

  • Donc tout cet bla bla de Samy Gemayel opposition ma opposition etc ça a dégonfler ?!

    Bery tus

    16 h 09, le 08 juin 2019

  • On n'invite pas un renard dans un poulailler. On n'invite pas un loup dans une bergerie. En politique, il n'y a pas d'amitié, il n'y a que des intérêts. Les Kataeb ont invité Gébran Bassil à leur dîner à Batroun... Gébran Bassil est venu dans l'intention de siphonner ce qui reste des partisans des Kataeb dans sa région de Batroun. Un exemple : En France,le parti "Les Républicains" a contribué à élire Emmanuel Macron à la présidence de la République. Depuis qu'il a été élu, il ne fait que débaucher leur élus l'un après l'autre en leur offrant des "fromages". Le reste n'est que de la littérature.

    Un Libanais

    12 h 57, le 08 juin 2019

  • POINT DE CONFIANCE EN LE PERSONNAGE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 50, le 08 juin 2019

  • Ceci est valable pour toutes les formations politiques libanaises. Tant qu'il y a rapprochement il y a espoir et avenir. Le contraire est le chemin le plus court vers l'auto-destruction.

    Sarkis Serge Tateossian

    11 h 08, le 08 juin 2019

  • ca rappelle l'encensement de hassan nasrallah par mr Geagea !

    Gaby SIOUFI

    10 h 39, le 08 juin 2019

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