Rechercher
Rechercher

Lifestyle - L’aile ou la cuisse

« Swiss Butter », une opération marketing réussie

« Swiss Butter »... Malgré son nom, ce restaurant situé à Beyrouth n’a rien de suisse ! Et en ce qui concerne le beurre, les propriétaires proclament haut et fort que leur sauce contient « moins de beurre qu’il n’en faut pour faire frire deux œufs ! ». Si l’on peut saluer ce « marketing 101 » de jeunes, l’expérience gastronomique, elle, est décevante.

Le plat de viande avec frites et salade composée de « Swiss Butter ».

Ouvert à Gemmayzé depuis presque deux ans avec une branche récemment inaugurée à Jal el-Dib, « Swiss Butter » poursuit son ascension, grâce, surtout, à un buzz autour de la recette « secrète » d’une sauce qu’il nous fallait essayer pour voir de quoi il s’agissait. Problème : la cuisine, au mieux en dessous de la moyenne, n’est pas à la hauteur du battage médiatique.

Même si l’espace peut accueillir jusqu’à 70 personnes, le restaurant est toujours plein, principalement en raison de ses prix compétitifs qui attirent des adolescents à budget modeste. 15 $ pour un plat principal, 25 $ avec une boisson gazeuse et un dessert, 30 $ si vous demandez une demi-portion supplémentaire : le prix est l’atout principal de ce restaurant. Et l’art de bien se vendre. On en veut pour preuve l’immense queue à l’extérieur, parfois sous la pluie – ils ne prennent pas de réservations – et une attente, souvent, de plus de 30 minutes…


Un concept simple
Le principe est le suivant : trois plats au menu – bœuf, poulet et saumon – tous servis avec la « fameuse » sauce composée de 33 herbes et épices mélangées à du beurre selon une formule secrète jalousement gardée par les propriétaires et leur chef. Bravo pour la communication, mais la qualité des plats et de la « fameuse » sauce est décevante.

Après avoir sélectionné la « protéine » de votre choix, celle-ci sera servie dans une poêle (à peine tiède), recouverte de la sauce mystérieuse, accompagnée de frites dorées et d’une salade composée, sur un plateau en bois, ainsi que de quatre petites tranches de baguette moelleuse et insipide, et d’un mauvais piment frais.

Le « mode d’emploi » est donc basique, mais il aura fallu à notre serveur 25 minutes pour venir prendre notre commande. Il a eu néanmoins la gentillesse de nous expliquer le processus, étant donné que c’était notre première visite.

Les portions sont apparemment fixées à 190 grammes chacune, ce qui n’est pas assez. Faute (à demi) avouée puisque le client a la possibilité d’ajouter une demi-portion au repas pour 5 $ de plus. Mais le vrai problème est dans le goût de la viande hachée qui nous a été servie trop cuite, alors même qu’elle avait été exigée saignante. Le poulet était sec et insipide. Le saumon trop salé et également sec. Et bien que la sauce « secrète » passe plutôt bien avec la viande, ce n’est pas le cas avec le poulet ou le saumon ; par contre elle pourrait être utilisée pour en camoufler le goût ou plutôt combler l’absence de saveur quelconque. La salade composée, sans noix, est recouverte d’une vinaigrette à base de mayonnaise tellement épaisse qu’elle ne se mélange même pas avec les feuilles. Heureusement qu’il reste les frites dorées et croustillantes pour se rassasier et se consoler.


Éditions spéciales
Pour être parfaitement justes et objectifs, nous avons effectué une deuxième visite à « Swiss Butter » hors des heures de pointe. Cette fois-ci, la viande, correcte pour son prix, était servie telle qu’elle avait été commandée, la sauce avait une meilleure consistance que lors de notre première visite. Mais le service était aussi mauvais et le poulet et le saumon n’étaient toujours pas bons.

Au chapitre de la réussite marketing, il faut mentionner le burger spécial en quatrième choix : tous les six mois pendant environ 45 jours, un hamburger spécial est proposé et uniquement servi en 30 commandes exclusives par jour. C’est ainsi que l’on crée un buzz et forcément une demande. Mais si ce hamburger est conçu comme une édition spéciale, il reste, selon moi, un hamburger de 220 g étouffé par cette fameuse sauce dans un pain brioché. Parmi les nouvelles recettes : avec du fromage américain et des cornichons, ou des champignons et du provolone. En dépit de toutes ces tentatives, ça ne fonctionne pas.

Quant à la sauce, parlons-en ! En fonction du jour, cette sauce « spéciale » peut être verdâtre, proche du pesto, jaunâtre telle une sauce voronoff ou même brunâtre genre sauce au poivre. Parfois épaisse, d’autres fois plus liquide, elle n’est jamais servie avec la même consistance…

Ainsi, « Swiss Butter » ressemblerait plutôt à une version allégée du « Relais de l’Entrecôte », une version plus branchée pour ados, à des prix plus compétitifs. Alors que l’intérieur a l’air sympa – look industriel, design agréable –, la sauce, on l’aura compris, n’est là que pour dissimuler le goût, pas pour l’élever. L’assiette est remplie de frites et de salade pour donner une impression de générosité, alors que la portion de viande est petite. En ce qui concerne les desserts, encore une fois, seuls trois choix sont disponibles, conformément au concept simplifié : le Pain Perdu, le Molton Chocolate Cake et l’option glace/sorbet. Le gâteau au chocolat fondu, qui semblait bon au premier abord, est plutôt sec et perd de son charme aux premières bouchées.

Avant de terminer, je dois signaler un incident qui s’est produit durant notre visite : le gérant s’est installé à une table et a entamé son repas, alors même que la moitié du restaurant était encore plein de clients. Une faute professionnelle qui vient s’ajouter au reste.

Notre malheureuse expérience, même réitérée, ne nous encourage pas à revenir, surtout pas avec un service si peu professionnel. Bravo, cependant, pour l’accès aux handicapés, l’espace non fumeur et des repas à des prix logiques. Mais tout ceci reste insuffisant.


DATA

Son : Niveau Max = 93,1 dB, TWA = 56,4 dB

Qualité de l’air : 73/100 (moyen), COV 0,4 ppm, humidité 60 %, température +21 °C

NOTES

Son : 3/5

Décoration : 3,5/5

Personnel : 2/5

Plats : 2,5/5

Propreté : 3/5

Avis : décevant

Prix : raisonnable

En résumé…

On aime bien : le marketing, les prix abordables.

On aime moins : la lenteur du service, le manque de constance dans la qualité et le goût, le poulet insipide, le saumon salé.

Le conseil : allez-y en dehors des heures de pointe, après le départ des déjeuners tardifs et avant l’arrivée des premiers dîners, pour avoir le plus de chance d’obtenir un repas de meilleure qualité. Ne vous aventurez pas hors de la viande, seule option « protéinée » se mariant bien avec la sauce.


*Critique gastronomique

*Trois ans que, sous un nom d’emprunt, cette Cruella des fourneaux sévit undercover dans la Dernière de L’Orient-Le Jour, un samedi sur deux. Qu’elle multiplie ses visites dans un restaurant, observe les gestes, les plats, les goûts, le service et l’aménagement des lieux. Qu’elle apprécie ou critique avec la plus grande objectivité. Applaudie par beaucoup, haïe par d’autres, crainte par tous, elle permet surtout aux Libanais d’être (enfin) plus exigeants en termes de gastronomie.

FB : www.facebook.com/CordonCourtine/

Insta : cordon.courtine

E-mail : cordoncourtine@gmail.com 


Dans la même rubrique

Merou Seafood, une agréable surprise

Burgundy, des étoiles dans l’assiette et dans les yeux

Makan, les cuisines du monde...

À The Wood Factory Pizzeria, la pizza est reine

Quartier chic, le choc !

Paname, un « presque » Burgundy


Ouvert à Gemmayzé depuis presque deux ans avec une branche récemment inaugurée à Jal el-Dib, « Swiss Butter » poursuit son ascension, grâce, surtout, à un buzz autour de la recette « secrète » d’une sauce qu’il nous fallait essayer pour voir de quoi il s’agissait. Problème : la cuisine, au mieux en dessous de la moyenne, n’est pas à la hauteur du...

commentaires (4)

De tous les commentaires méchants que nous lisons des fois dans cette rubrique cet article est le plus méchant. Il échappe au critique gastronomique que tout l'intérêt pour les jeunes est d'aller à ce restaurant est de passer le maximum du temps sans trop payer et à attendre le menu et de passer un moment dans ce restaurant différent. Ici le génie du concepteur est de vendre un rêve culinaire comme jadis le cow-boy de la cigarette Malbourough sur son cheval pourtant sa cigarette tue. S'il est pressé Monsieur le critique gastronomique qu'il aille voir ailleurs dans les restaurants qui forcent la main pour ne pas laisser partir 2 personnes-victimes pour moins que 100 USD.

Shou fi

19 h 06, le 26 avril 2019

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • De tous les commentaires méchants que nous lisons des fois dans cette rubrique cet article est le plus méchant. Il échappe au critique gastronomique que tout l'intérêt pour les jeunes est d'aller à ce restaurant est de passer le maximum du temps sans trop payer et à attendre le menu et de passer un moment dans ce restaurant différent. Ici le génie du concepteur est de vendre un rêve culinaire comme jadis le cow-boy de la cigarette Malbourough sur son cheval pourtant sa cigarette tue. S'il est pressé Monsieur le critique gastronomique qu'il aille voir ailleurs dans les restaurants qui forcent la main pour ne pas laisser partir 2 personnes-victimes pour moins que 100 USD.

    Shou fi

    19 h 06, le 26 avril 2019

  • Je ne comprends pas l’intérêt de consacrer tout un article pour mettre encore plus en evidence la médiocrité d’un établissement . En ne se consacrant qu’aux Bons ou aux Meilleurs, l’auteur contribuerait plus à enrichir le savoir de ses lecteurs toujours a la recherche d’une Bonne Table. Quant a la lecture de l’episode de la “ 2ieme “ visite a ce même établissement, cela ne peut relever que du masochisme pur et simple. Dommage, vous nous aviez habitué a mieux.

    Cadige William

    12 h 05, le 26 avril 2019

  • Version très allégée en effet du Relais de l'Entrecôte. Passons sur la viande et la sauce qu'ils peuvent facilement partager vu que personne ne l'essaiera après l'avoir goûtée, mais ils auraient pu se rattrapper sur les desserts carrément insipides!

    Tina Chamoun

    10 h 36, le 26 avril 2019

  • Je pense que la cuisine avec beaucoup de "sauces" c'est surtout pour la cuisine française connue pour les sauces parfois un peu lourdes. En ce qui concerne la cuisine libanaise, c'est que les sauces à base de yaourt et d'ail (avec le poulet) et tahini (avec le poisson). Peut-être que le saumon ne va pas bien avec une sauce de "beurre", normallement on pense plutôt au "sol meunière" que le poisson sol va mieux que le saumon avec leur sauce spéciale.

    Stes David

    10 h 10, le 26 avril 2019

Retour en haut