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Lifestyle - L’aile ou la cuisse

Merou Seafood, une agréable surprise

Certains endroits, trop discrets, gagnent à être découverts. Pour une raison inconnue, Merou Seafood fait partie de ces enseignes devant lesquelles on passe souvent sans vraiment s’arrêter. À tort.


Calamars grillés. Photo C.C.

De la place Sassine, où Gino Khoueiry avait installé son marché aux poissons en 2014, à la rue d’Arménie où il a ouvert en décembre 2018, Merou Fish Market, devenu Merou Seafood, a évolué pour se transformer en (très bon) restaurant de fruits de mer. Même si en termes de décoration, beaucoup reste à faire. Manque de chaleur, de convivialité, l’esprit « cantine » n’est pas attirant. La seule note de couleur est le bleu turquoise des sous-plats. Trop froid pour ces murs blancs et le bois clair. Quelques modifications doivent être apportées pour inciter les gens à entrer, car le restaurant est très bon. Ce qui n’est pas surprenant… À la base une entreprise de vente en gros, le local à Achrafieh étant plus ou moins un centre de distribution pour de nombreux restaurants de fruits de mer, le PDG de Disruptive Entertainment Group, Gino Khoueiry, décide de changer d’image, surtout après avoir lancé le premier bar à huîtres de Beyrouth, Mothershucker. Et il a bien fait.

Dégustation iodée

L’équipe de Merou Seafood est aimable et toujours souriante ; le service est rapide et la propreté se fait sentir partout. Le poisson frais local est pêché à Naqoura ou à Tripoli, parmi les seuls sites maritimes de la côte libanaise épargnés jusque-là par les égouts et la pollution.

Pour commencer, une petite portion de harra traboulsiyeh vous est servie. Une combinaison de poivrons rouges et verts, broyés avec des piments forts et mélangés à des morceaux de tomate, de coriandre et de bar, le tout dans une sauce à base de tahini. Puis, juste avant de vous plonger dans les nombreux mezzes appétissants, commencez donc par une des nombreuses options de poisson cru disponibles. Vous pouvez opter pour la pêche du jour (nous avons eu droit à une dorade abou sin) ou encore le yellowtail ceviche, mariné à la perfection avec du jus de citron et de lime, du poivron rouge, de l’oignon rouge et de la coriandre. Ne manquez pas non plus leur plat fétiche, le salmon beetroot sashimi. La présentation de ce mets est aussi agréable à l’œil qu’au palais. La salade de crabe frais est également à essayer. Servi sur un mélange de roquette et de pourpier fraîchement coupés, juste assez de jus de citron et d’huile d’olive pour lui donner le punch dont il a besoin, accompagné de petits cubes de pomme de terre bouillie et de tomates. Les portions sont assez généreuses, et la plupart des plats servis sont copieux. Vous ne vous tromperez pas non plus en commandant une spicy shrimp salad. Bien que la vinaigrette au sésame ne soit pas vraiment très épicée, les crevettes grillées mélangées avec du tobiko et des petits dés de betterave croquants sont délicieuses. Pourquoi ne pas se laisser aussi tenter par les cuisses de grenouille provençales, sautées dans une sauce au beurre citronnée avec juste assez d’ail et de coriandre. En revanche, oubliez le kebbé de poisson, pas à la hauteur du reste, et le bizri, un vrai ratage, car congelé pour servir à tout moment les clients qui en demandent. La Tina’s lobster bisque, moelleuse et crémeuse, servie avec des choux de Bruxelles, n’était pas vraiment exceptionnelle. Le chargrilled calamari était en revanche très bon, mais il aurait fallu utiliser des baby calamaris, mieux adaptés à ce choix. Le truffled octopus and hummus, aussi simple que son nom, mais ô combien délicieux, a compensé ces petites déceptions. Pareil pour l’octopus leg dont la présentation est également réussie, servie avec du pourpier et une sauce citron et moutarde. Ne soyez pas en reste avec le plat de crevettes provençales, sautées dans une sauce au beurre citronnée, les deep-fried and battered shrimp ou les calamars panés croquants et savoureux, et le mallifa (petit barracuda) frit. Sans oublier le poisson grillé, le brak (vivaneau rouge) était un bon choix, frais et propre, parfaitement désossé. Les crevettes, importées d’Iran, cuites au four étaient aussi un délice. Repus, il a fallu tout de même laisser une petite place aux délicieux desserts : les rouleaux de tamriyeh – je n’en avais jamais goûté enroulés de cette manière, croustillants et fourrés à la semoule avec un soupçon d’eau de fleur d’oranger et du sucre en poudre – ; les rouleaux de halawi, enrobés de ganache au chocolat, la mhajrieh, également une découverte – un hybride entre mhallabiyeh et jazriyeh – et enfin, last but not least, la achta bil-achta… Je n’en dirai pas plus et vous laisse le plaisir de découvrir ces nouvelles saveurs.

Des débuts prometteurs

Merou Seafood a ouvert depuis quelques mois, il lui reste bien sûr quelques ajustements à faire. Toutefois, l’expérience est positive, mais gagnerait à être améliorée dans quelques détails et d’abord les verres, qui ne sont pas fonctionnels, ou encore les bouteilles d’eau froide qui sont insuffisantes. Un plus grand stock est à prévoir. Mais surtout, il est indispensable d’améliorer la présentation du poisson sur l’étalage réfrigéré et l’élargir pour qu’il puisse contenir davantage de fruits de mer – c’est après tout la première chose que le client voit. De plus, le prix des poissons frais n’est affiché nulle part, même s’ils ne sont pas aussi chers que la plupart des autres restaurants de poisson de la ville. Pour un ticket moyen de 60 $, le client peut consommer une multitude de plats différents. Le prix est convenable et il serait donc dans l’intérêt du restaurant de le montrer. J’espère que les modifications nécessaires seront exécutées avant notre prochaine visite car nous avons encore de nombreux plats au menu à déguster : coquilles Saint-Jacques, tabboulé aux crevettes, octopus experience (découpage à table), bruschetta de homard dans le pain sammoun, les huîtres et la siyadiyé… et leur célèbre aubergine grillée qui, pour une quelconque raison, nous a échappé. Affaire à suivre donc…


Merou Seafood rue d’Arménie, Mar Mikhaël.

DATA

Son : niveau max = 105,5 dB, TWA = 67 dB

Qualité de l’air : 74/100 (moyen), COV 0,4 ppm, humidité 42%, température +21 °C.

NOTES

Son : 2,5/5

Décoration : 3/5

Personnel : 3,5/5

Plats : 4/5

Propreté : 4/5

Avis : très bon

Prix : élevés.

En résumé…

On aime bien : truffled octopus and hummus, grilled octopus leg, fresh crab salad, salmon beetroot sashimi, grilled sea bass (brak), crevettes provençales, yellowtail ceviche et tous les desserts.

On aime moins : kebbé de poisson, bizri.

Le conseil : allez-y en groupe et commandez un peu de tout. Vous ne le regretterez pas. Laissez surtout de la place pour le dessert.



*Trois ans que, sous un nom d’emprunt, cette Cruella des fourneaux sévit undercover dans la Dernière de L’Orient-Le Jour, un samedi sur deux. Qu’elle multiplie ses visites dans un restaurant, observe les gestes, les plats, les goûts, le service et l’aménagement des lieux. Qu’elle apprécie ou critique avec la plus grande objectivité. Applaudie par beaucoup, haïe par d’autres, crainte par tous, elle permet surtout aux Libanais d’être (enfin) plus exigeants en termes de gastronomie.

FB : www.facebook.com/CordonCourtine/

Insta : cordon.courtine

E-mail : cordoncourtine@gmail.com 


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De la place Sassine, où Gino Khoueiry avait installé son marché aux poissons en 2014, à la rue d’Arménie où il a ouvert en décembre 2018, Merou Fish Market, devenu Merou Seafood, a évolué pour se transformer en (très bon) restaurant de fruits de mer. Même si en termes de décoration, beaucoup reste à faire. Manque de chaleur, de convivialité, l’esprit « cantine »...

commentaires (3)

Pourquoi ne pas introduire aussi en amuse-gueule les "pastels" ou chaussons au poisson, un autre plat délicieux du Sénégal dont j'ai encore en bouche le savoureux goût fondant et piquant...

Tina Chamoun

11 h 29, le 13 avril 2019

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Commentaires (3)

  • Pourquoi ne pas introduire aussi en amuse-gueule les "pastels" ou chaussons au poisson, un autre plat délicieux du Sénégal dont j'ai encore en bouche le savoureux goût fondant et piquant...

    Tina Chamoun

    11 h 29, le 13 avril 2019

  • Le mérou ou thiof en wolof est appelé " poisson sans passeport" parce que sa chair délicieuse ne connaît pas les frontières. Je conseillerai à ce restaurant d'inclure dans son menu le " tchiep bou djeûn " ou riz au poisson sénégalais. Excellentissime.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 16, le 13 avril 2019

  • Je dois retenir le nom de ce restaurant, ca a l'air d'excellente cuisine, et très bon restaurant, par exemple pour y aller manger ce "siyadiyé" le "houmous octopus" et le "harra traboulsiyeh". Aussi j'aime la description esprit « cantine » ca sonne bien car un restaurant doit être propre, et en plus avec la combinaison de poisson frais local pêché à Naqoura ou à Tripoli ca doit être un endroit à ne pas rater.

    Stes David

    08 h 34, le 13 avril 2019

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