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Liban - Haute tension

A Mansouriyé, les habitants lésés changent de stratégie mais pas d’objectifs

Les rapports présentés par la ministre de l’Énergie sont « obsolètes », martèlent les riverains.

Le sit-in des habitants de Mansouriyé devant la nonciature apostolique. Photo Carole Ibrahim

La contestation des travaux d’installation de lignes à haute tension sur le site de Mansouriyé se poursuit mais change d’orientation, à en croire les habitants lésés qui réaffirment craindre pour leur santé et sécurité, se disant déterminés à aller jusqu’au bout de leur bataille pour obtenir gain de cause.

Si le recours aux manifestations de rue a prouvé ses limites, notamment depuis que les forces de l’ordre, qui ont usé d’intimidation et de violence à plusieurs reprises à l’encontre des riverains, sont déployées en grand nombre sur le site, les habitants sont désormais convaincus qu’une nouvelle stratégie d’action s’impose.

Les riverains avaient dénoncé par leurs sit-in répétés l’installation de ces câbles aériens sur une ligne de 220 kilovolts, craignant les répercussions sur la santé de la proximité des pylônes dans cette zone très peuplée du Metn, notamment sur la santé des enfants. Plusieurs écoles sont également établies dans cette zone ainsi qu’un club sportif accueillant des jeunes. S’ils s’abstiennent pour l’heure de donner les détails de leur plan d’action à venir, « pour préserver l’effet de surprise », comme le souligne un activiste, les habitants affirment qu’ils comptent désormais saisir les instances internationales et la presse étrangère pour faire valoir leur cause, « si au Liban, personne ne veut plus nous entendre », confie un riverain.


(Lire aussi : Haute tension à Mansouriyé : Boustani opte – enfin – pour la communication avec les habitants)


Vendredi dernier, la ministre de l’Énergie, Nada Boustani, avait réaffirmé lors d’une conférence de presse que le projet ne faisait pas courir de risques de santé aux riverains, s’appuyant sur les conclusions de plusieurs études techniques conduites ces dernières années. La veille, la ministre avait assuré que le projet se poursuivra coûte que coûte.

Dimanche dernier, un groupe d’habitants de la localité accompagné de leurs enfants s’était rendu au siège de la nonciature apostolique espérant y rencontrer le nonce Joseph Spiteri. Le déplacement était prévu quelques jours avant l’annonce, dimanche à l’aube, du décès du patriarche Nasrallah Sfeir, un développement tragique qui a empêché les habitants de rencontrer le nonce, ce dernier devant se rendre à Bkerké pour la messe célébrée à la mémoire du patriarche défunt. Mgr Spiteri a toutefois promis aux habitants de les rencontrer ultérieurement.


(Lire aussi : Lignes à haute tension à Mansouriyé : les clés pour comprendre une querelle vieille de 20 ans)


« Dialogue de sourds »
Par ailleurs, la réunion tenue vendredi soir entre la ministre de l’Énergie, un député CPL de la région, Eddy Maalouf, et une délégation des habitants venue leur faire part de leurs craintes n’aurait abouti « à aucun résultat », selon l’activiste Raja Njeim, qui évoque un « dialogue de sourds ». La réunion s’est tenue en présence d’un professeur d’épidémiologie, Sélim Adib, qui suit ce dossier depuis plusieurs années.

Selon un communiqué publié par les comités des parents et étudiants vivant à Mansouriyé et dans les localités voisines, la ministre « s’est mise en colère lorsque M. Adib a tenté de lui expliquer les dangers probables des lignes à haute tension ». Mme Boustani « n’a fait que réitérer la proposition déjà faite aux habitants consistant pour l’État à racheter leurs logements », une formule que les habitants qualifient d’« exode forcé ». Le texte évoque à ce sujet l’étude que le Parlement avait chargé, en 2006, le professeur Sélim Adib d’effectuer sur les risques potentiels de telles installations et qui signalait déjà l’existence de risques sérieux. « Le président de la République Michel Aoun (qui était député à l’époque) a pris connaissance de l’étude effectuée par M. Adib, et reconnu en 2008 l’existence de dangers potentiels, exprimant son refus de procéder à l’installation des lignes », ajoute le texte.

Les membres du comité ont également signalé que les études et rapports mis en avant par la ministre de l’Énergie, et datant de 1999 et de 2004, « sont obsolètes ».

Dans un entretien express accordé vendredi à L’Orient-Le Jour, Eddy Maalouf avait pourtant déclaré que l’échange avec la ministre de l’Énergie « a rassuré les riverains présents », se disant « convaincu » que ce face-à-face avec la ministre a dissipé beaucoup de craintes.


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commentaires (2)

DE L,ABRUTISSEMENT A L,HEBETUDE...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 45, le 14 mai 2019

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Commentaires (2)

  • DE L,ABRUTISSEMENT A L,HEBETUDE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 45, le 14 mai 2019

  • https://www.notre-planete.info/ecologie/energie/lignes_haute_tension_sante.php

    Eddy

    10 h 10, le 14 mai 2019

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