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Liban - Mansouriyé

Haute tension à Mansouriyé : Boustani opte – enfin – pour la communication avec les habitants

La ministre de l’Énergie maintient, lors d’une conférence de presse, le point de vue officiel selon lequel l’installation des lignes à haute tension ne pose pas de danger.

La ministre libanaise de l’Énergie, Nada Boustani, et le directeur général d’Électricité du Liban, Kamal Hayek, lors de la conférence de presse, vendredi 19 mai 2019, à Beyrouth.

Après avoir décrété jeudi la poursuite coûte que coûte des travaux d’installation des lignes à haute tension sur le site de Mansouriyé, faisant fi des mouvements de protestation des habitants craignant pour leur santé et leur sécurité, la ministre de l’Énergie, Nada Boustani, a cherché hier à tempérer l’intransigeance de son discours, en organisant une conférence de presse au siège du ministère pour justifier son point de vue sur ce dossier et en acceptant de rencontrer en soirée une délégation des habitants.

Survenue un peu tardivement, cette ébauche de communication sur un sujet qui inquiète au plus haut point les riverains n’aura pas abouti pour autant à dissiper toutes les craintes, du moins chez certains d’entre eux.

Secondée par Kamal Hayek, le directeur d’EDL, Mme Boustani a réaffirmé lors de la conférence de presse que le projet ne faisait pas courir de risques de santé aux riverains, s’appuyant sur les conclusions de plusieurs études techniques conduites ces dernières années. « Les études internationales ont montré que l’installation de lignes à haute tension n’avait aucune conséquence sur la santé des riverains », a-t-elle déclaré, affirmant « comprendre les inquiétudes et les craintes » des habitants de Mansouriyé.

« Le gouvernement va poursuivre son projet car cinq études conduites ces 15 dernières années ont montré que ces lignes ne font peser aucun risque sur la santé », a-t-elle ajouté, dans une formule plus atténuée que celle utilisée la veille.

Jeudi, et après une réunion à laquelle elle avait pris part à Bkerké, avec M. Hayek, en présence notamment du patriarche maronite, de députés de la région, dont le chef des Kataëb Samy Gemayel, et de représentants des habitants, Mme Boustani avait été plus catégorique, martelant que le projet se poursuivra en dépit des mouvements de contestation et du tapage médiatique provoqué à la suite des échauffourées qui ont opposé les protestataires aux forces de l’ordre sur les lieux.

Dans un effort de répondre aux critiques adressées notamment par les habitants lésés qui lui ont reproché l’absence de transparence et de communication autour de cette affaire, la ministre s’est adressée à eux tout en réitérant l’offre présentée par son ministère et consistant à racheter les logements de ceux qui le désirent, une option que les riverains ont à ce jour rejetée. « La décision vous revient », a-t-elle ajouté.



(Lire aussi : La ministre de l’Énergie se montre intraitable, forte du soutien implicite de Bkerké)



Normes européennes
Lors de la conférence de presse, c’est au directeur d’EDL que Mme Boustani a laissé le soin de présenter les arguments techniques puisés dans des études que le ministère indique avoir entreprises. Formules mathématiques et documents à l’appui, M. Hayek a indiqué que depuis 1998, date du lancement de la construction du réseau national de câbles de 220 volts, les riverains de 11 localités avaient exprimé des réserves sur ce projet, rappelant que cinq études ont été menées ces 15 dernières années.

« Après ces 11 plaintes, nous avons demandé à Électricité de France (EDF) de conduire une étude, faite en 2004, sur le sujet. Selon les conclusions d’EDF, les tests d’exposition ont donné des résultats très inférieurs aux limites fixées par l’Union européenne, jusqu’à quatre fois moins que ces limites », a déclaré le patron d’EDL.

Dans une tentative de gagner un peu plus la confiance du public, M. Hayek a présenté les conclusions parallèles auxquelles est parvenue la Mission laïque française à Tripoli qui avait demandé à faire sa propre étude en 2005. Celle-ci « a conclu qu’il n’y avait pas de risques sur la santé », a-t-il dit, se prévalant également des conclusions du Conseil d’État qui, après avoir été saisi de la même affaire, avait estimé que « les normes européennes étaient respectées ».

Idem pour Mansouriyé, une étude européenne ayant rendu les mêmes conclusions au sujet de l’installation de lignes à haute tension soulignant qu’elles ne posaient pas de risques, un constat avalisé en 2010 par le ministère de la Santé qui a piloté sa propre étude, a expliqué M. Hayek. Selon lui, les craintes exprimées par les habitants sont plus « d’ordre psychologique que fondées sur des données scientifiques ».

Évoquant la possibilité de l’enfouissement des câbles, une solution alternative que les habitants de Mansouriyé réclament à cor et à cri, le patron d’EDL a indiqué que cette solution « ne supprime pas le champ électromagnétique » et « pose des problèmes de protection et de stabilité du réseau », avant de préciser que le fait de « contourner Mansouriyé coûterait 21 millions de dollars ». Un argument contesté par les habitants qui affirment que la proposition du rachat des logements par l’État lui coûterait bien plus cher que l’opération d’enfouissement des câbles.



(Pour mémoire : À Aïn Najm, l’EDL reprend en catimini l’installation des lignes aériennes à haute tension)



Boustani veut dialoguer
Dans une première réaction recueillie par L’OLJ, certains parmi les habitants ont estimé « peu convaincants » les propos de Mme Boustani et ceux de M. Hayek qui, confie une mère de famille, « n’ont fait que ressasser des arguments déjà entendus ». Selon un autre habitant, M. Hayek a présenté « une étude effectuée par EDF qui date d’il y a quinze ans et qui n’est plus adaptée aujourd’hui ». « En cas de doute, mieux vaut s’abstenir d’imposer de manière unilatérale de telles décisions », dit cet habitant qui affirme par ailleurs comprendre parfaitement la pertinence du projet sauf que, selon lui, « des précautions sont à prendre en amont que le ministère semble avoir occultées ».

En soirée, on apprenait cependant que la ministre s’était réunie avec une délégation des habitants en présence d’un député CPL du Metn, Eddy Maalouf. La rencontre, la première du genre, s’est déroulée en présence d’un journaliste de la MTV qui a filmé la séance des questions-réponses entre les deux parties, et dont la teneur sera retransmise aujourd’hui. Contacté par L’OLJ, M. Maalouf, qui a reconnu que le ministère « aurait dû communiquer un peu plus sur son projet », a précisé que l’échange « a rassuré les riverains présents » qui, selon lui, « ignoraient beaucoup de détails importants sur ce dossier ». Le député s’est dit convaincu que le face-à-face avec la ministre a réussi à dissiper beaucoup de craintes. On apprenait également que Mme Boustani a proposé aux habitants qui désirent en savoir plus d’autres rencontres avec les experts de son ministère.



Pour mémoire

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Après avoir décrété jeudi la poursuite coûte que coûte des travaux d’installation des lignes à haute tension sur le site de Mansouriyé, faisant fi des mouvements de protestation des habitants craignant pour leur santé et leur sécurité, la ministre de l’Énergie, Nada Boustani, a cherché hier à tempérer l’intransigeance de son discours, en organisant une conférence de presse...

commentaires (4)

Lire : bon courage au gouvernement Merci

Sarkis Serge Tateossian

00 h 25, le 12 mai 2019

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Lire : bon courage au gouvernement Merci

    Sarkis Serge Tateossian

    00 h 25, le 12 mai 2019

  • Communiquer et informer les habitants est la meilleure stratégie. Non courage au gouvernement et un peu de souplesse de la part des riverains. Et ça ira mieux.

    Sarkis Serge Tateossian

    18 h 15, le 11 mai 2019

  • Madame La Ministre essaye de mettre en place un plan de redressement de la production et de la distribution du courant électrique au Liban qui sont en panne depuis des dizaines d’années. Nous devrions tous la soutenir et engager avec elle un dialogue constructif au lieu de la critiquer. Juste une suggestion : je pense qu’un grand coup de balai est indispensable à l’EdL à tous les échelons

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 51, le 11 mai 2019

  • mme la ministre evite de donner aux residents de mansourieh-a nous aussi- les details de qqs rapports negatifs,contredisant ceux de l'UE. surement qu'il doit y avoir une raison a cela, d'autant + qu'elle et mr hayek(directeur eternel de EDL) sont en droit de choisir l'une ou l'autre des options. ALORS, ENCORE 1 FOIS POURQUOI EVITER DE PARLER DES AUTRES RAPPORTS ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 48, le 11 mai 2019

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