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À La Une - rapport

Liberté d'expression, torture, discriminations : Amnesty épingle le Liban

Au niveau régional, l'organisation déplore l'"impunité" qui a régné au cours de l'année écoulée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et dénonce "l'effrayante complaisance" de la communauté internationale.

Une exposition de photos lors de l'événement organisé à Beyrouth pour la publication du rapport annuel 2018 d'Amnesty pour le Liban et le Moyen-Orient, le 26 février 2019. Photo Sako Békarian

Torture, répression de la liberté d'expression, droits des femmes, des réfugiés et des minorités... Le rapport régional annuel de l'organisation Amnesty International rendu public mardi épingle les nombreuses violations perpétrées en 2018 par le Liban. Au niveau régional, Amnesty déplore l'"impunité" qui a régné au cours de l'année écoulée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et dénonce "l'effrayante complaisance" de la communauté internationale.

Dans l'introduction de son rapport sur le Liban, Amnesty mentionne l'adoption, en novembre, par le Parlement de la loi sur la gestion des déchets "malgré les nombreuses inquiétudes concernant ses conséquences pour la santé des citoyens et l'environnement". Cette loi vise à permettre au secteur privé de construire des usines de traitement des déchets solides et de les transformer en énergie électrique, pour la vendre à Électricité du Liban. La Coalition civile pour la gestion des déchets (rassemblement de la société civile) avait qualifié cette loi de "dangereuse", disant craindre une prolifération des incinérateurs dans les régions. L'organisation souligne en outre que "l'accès aux services de base, comme l'électricité et l'eau, reste sévèrement limité dans le pays".



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Arrestations arbitraires et torture
Sur un autre plan, l'ONG accuse les différents appareils sécuritaires libanais d'avoir "arrêté et interrogé de nombreux défenseurs des droits de l'homme, des militants politiques pacifiques et des personnes ayant critiqué des responsables politiques, religieux et économiques sur les réseaux sociaux". Les droits des personnes arrêtées ont été violés, ajoute le rapport, et lors des interrogations, leurs données personnelles ont été consultées sans autorisation. "Des nombreux militants arrêtés ont été la cible de chantage et été obligés de s'engager à ne plus participer à certaines activités, en échange de leur libération", affirme le rapport.

Amnesty reproche par ailleurs aux responsables libanais de n'avoir rien mis en œuvre depuis l'adoption, en septembre 2017, de la loi contre la torture. "L'Institut international pour les droits de l'homme, mandaté pour superviser la mise en application de cette loi, est toujours inactif, le gouvernement n'a pas alloué de budget indépendant à cette institution et n'a pas nommé les cinq membres requis pour former le Mécanisme international de prévention contre la torture", souligne-t-elle. L'organisation évoque dans ce contexte le témoignage de l'acteur Ziad Itani, emprisonné de manière injustifiée pendant trois mois et demi sur base d'accusations d'espionnage pour le compte d'Israël, et qui a affirmé avoir été "battu, attaché, pendu par les poignets, frappé à la figure, menacé de viol et menacé de représailles contre sa famille" pendant sa détention. "Les autorités libanaises n'ont pas enquêté sur ces allégations", souligne le rapport.



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"Lois discriminatoires"
En ce qui concerne les réfugiés syriens au Liban, l'ONG dénonce "les difficultés financières et administratives" auxquelles ils font face pour obtenir ou renouveler leur permis de résidence au Liban, "ce qui les expose à un risque constant d'arrestations arbitraires, de détention et de retours forcés en Syrie". Elle salue toutefois la décision prise en août par le ministre de l'Intérieur de faciliter l'inscription des naissances de Syriens au Liban, avec effet rétroactif pour la période s'étendant de janvier 2011 à février 2018. 

Amnesty dénonce également les "lois discriminatoires" à l'égard des dizaines de milliers de réfugiés palestiniens, qui les empêchent d'"acheter une propriété ou d'en hériter, d'accéder aux services de santé et d'éducation publics et d'exercer au moins 36 professions". "Au moins 3.000 réfugiés palestiniens qui n'ont pas de documents d'identité officiels font face à encore plus de restrictions et ne peuvent pas enregistrer leurs naissances, mariages et décès", souligne le rapport. 



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Droits des femmes et des LGBT
Se penchant ensuite sur la situation de la femme libanaise, Amnesty critique le fait que les "codes pénal et de statut personnel continuent à discriminer les femmes". L'organisation souligne que dans de nombreux cas, des femmes ont été accusées d'adultère par des maris ou proches voulant "se venger" et dénonce la criminalisation de certains services relatifs à la santé féminine, notamment l'avortement. 

Amnesty fait également mention de "pratiques discriminatoires" à l'égard des travailleuses domestiques étrangères, dénonçant "le système de la Kafala qui "restreint les droits à la liberté de mouvement, l'éducation et la santé". 

L'ONG fait par ailleurs état d'informations selon lesquelles "la police continue de harceler et maltraiter les personnes LGBT, surtout dans les communautés réfugiées et migrantes". L'organisation dénonce l'interdiction de plusieurs événements organisés par la communauté LGBT à Beyrouth et notamment la Beirut Pride, et l'incarcération temporaire de son organisateur. Elle accueille toutefois favorablement la décision prise en juillet par une cour d'appel libanaise qui a reconnu que des relations consensuelles entre personnes de même sexe ne constituent pas "un acte criminel". 

Amnesty salue par ailleurs l'adoption de la loi pour la création d'une commission nationale chargée d'enquêter sur le sort des milliers de personnes disparues ou enlevées lors de la guerre civile (1975-1990), réclamée depuis plus de trente ans par les familles des victimes et plusieurs associations. 



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Impunité au Moyen-Orient
Au niveau régional, Amnesty dénonce "la répression des acteurs de la société civile et des opposants politiques a augmenté de manière significative en Egypte, Iran et Arabie saoudite". "A travers la région, les autorités ont recours aux détentions arbitraires et à la force excessive contre les manifestants", relève Amnesty qui évoque "d'impitoyables campagnes de répression". "L'indifférence du monde à l'égard des violations des droits humains commises dans la région (...) favorise les atrocités et l'impunité", déplore l'organisation dans un communiqué accompagnant le rapport.

Amnesty International pointe encore du doigt l'assassinat en octobre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, perpétré dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul par un commando venu de Riyad. Mais aussi la répression par Israël de manifestations hebdomadaires à Gaza et en Cisjordanie, qui a tué "au moins 195 Palestiniens, dont 41 enfants", selon l'ONG.

L'Iran, secoué par des manifestations pour dénoncer des conditions socio-économiques difficiles, est aussi fustigé. "Les forces de sécurité ont violemment dispersé les rassemblements, frappant les manifestants non-armés, utilisant contre eux balles réelles, gaz lacrymogènes et canons à eau qui ont fait des morts et des blessés", affirme l'ONG.

Amnesty évoque aussi l'Algérie, où des manifestants sont descendus massivement dans les rues depuis quelques jours pour s'opposer à un éventuel 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika. "Les autorités maintiennent une interdiction de facto sur les manifestations dans la capitale, et parfois ont recours à une force excessive pour disperser les rassemblements pacifiques dans le pays", souligne le rapport.

Amnesty dénonce aussi les "crimes de guerre" commis en Syrie, en Libye et au Yémen, ravagés par des conflits meurtriers complexes et de graves crises humanitaires. L'ONG fustige les "frappes aériennes sans distinction" entre objectifs militaires et civils ainsi que "les attaques directes sur les maisons civiles, les hôpitaux, et les installations médicales".

Dans ce contexte, quelques avancées toutefois font office de "lueurs d'espoir" comme l'entrée en vigueur dans les pays du Maghreb de législations "visant à combattre la violence contre les femmes". Amnesty cite aussi la levée de l'interdiction de conduire pour les femmes en Arabie saoudite. Mais l'ONG tempère en soulignant que ce pays a la même année emprisonné "des défenseures des droits humains qui avaient mené campagne pour ce droit".



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commentaires (4)

TYPES DE L,ARBITRAIRE ET DES INTERETS DE CERTAINS ILS EPINGLENT SUR ORDRE D,EN HAUT !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 19, le 27 février 2019

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Commentaires (4)

  • TYPES DE L,ARBITRAIRE ET DES INTERETS DE CERTAINS ILS EPINGLENT SUR ORDRE D,EN HAUT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 19, le 27 février 2019

  • C'est triste pour le Liban. Quant aux autres pays arabes c'est connu rien de neuf

    Eleni Caridopoulou

    23 h 02, le 26 février 2019

  • Triste rapport pour un si petit pays comme le Liban qui n 'arrive pas à sortir du joug tribal .

    Antoine Sabbagha

    21 h 28, le 26 février 2019

  • Encore eux ?????? Hahahaha !!!! Dites nous amnesty machin , le pays de l'usurpation constitutionnelle c'est au moyen orient ou en Afrique du Nord ?

    FRIK-A-FRAK

    15 h 26, le 26 février 2019

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