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À La Une - Liban

Ziad Itani libéré : "J'ai été torturé après mes soi-disant aveux"

Mandat d'arrêt contre Suzanne el-Hajj pour fabrication de fausses preuves contre le comédien.

Le dramaturge libanais Ziad Itani, arrêté en novembre dernier et accusé d'espionnage au profit d'Israël, a été libéré mardi 13 mars 2018 par la justice libanaise. AFP / ANWAR AMRO

Le dramaturge libanais Ziad Itani, arrêté en novembre dernier et accusé d'espionnage au profit d'Israël, a été libéré mardi par la justice libanaise qui a dans le même temps émis un mandat d'arrêt contre l'ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein de la police libanaise, Suzanne el-Hajj, pour fabrication de fausses preuves contre le comédien.

A peine libéré, Ziad Itani a lancé un message Twitter à ses partisans : "Vous m'avez manqué. Qu'est-ce que vous attendez ? Apportez des pâtisseries et des jus de fruits et retrouvez-moi à Tarik Jdidé", a-t-il écrit.



"J'ai été accusé de la pire des accusations, a-t-il par la suite affirmé en sortant de prison, dans une première déclaration. Je salue le président Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri et le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk". 

Ziad Itani a par la suite été chaleureusement reçu par Saad Hariri à la Maison du Centre. Il était accompagné par sa mère et l'ancien député Mohammad Amin Itani.

"Aujourd'hui, justice a été faite, a déclaré M. Hariri en s'adressant au dramaturge. Il n'y a pas de doute qu'il y a eu une injustice à votre encontre, mais l'Etat a montré, avec ses services, son système judiciaire et la façon dont il a opéré, que la justice est possible dans ce pays".  Et de poursuivre : "Certaines erreurs sont survenues et nous commettons tous des erreurs. Il y a eu injustice à votre encontre et vous avez le droit de savoir ce qui s'est passé. Mais le plus important pour moi est que l'Etat a corrigé par lui-même l'erreur commise."

La mère du dramaturge a de son côté affirmé que son fils est "innocent" et que sa libération "n'est pas liée aux élections législatives". "Son dossier a été monté de toutes pièces", a-t-elle ajouté.


"Soi-disant aveux"
Rentré chez lui, dans le quartier de Tarik Jdidé, M. Itani a déclaré à la presse avoir "été torturé après ses soi-disant aveux". Il a dit qu'il s'en remet à la justice pour "révéler ce qui s'est passé". "De ma cellule, j'avais perdu complètement espoir dans le pays mais cet espoir est revenu après mon passage devant la justice et le service des renseignements (des Forces de sécurité intérieure)", a-t-il ajouté. Il a affirmé que "plusieurs personnes sont responsables des erreurs" commises envers lui. M. Itani a indiqué qu'il aurait "besoin de temps avant de remonter sur les planches" et exprimé son désir, "si les juges le (lui) permettent, de transformer son histoire en pièce de théâtre". 

M. Itani a ensuite reçu à son domicile le ministre de l'Intérieur, venu lui présenter ses vœux. S'exprimant devant les journalistes, M. Machnouk a affirmé avoir "fait des erreurs et savoir ce qu'est l'injustice". "J'ai présenté mes excuses" Iorsque cela était nécessaire, a-t-il dit, appelant "les personnes ayant commis des erreurs" à faire de même. 


"Félicitations pour ta liberté, Ziad. Félicitations à Riad Abou Ghida (le premier juge d’instruction militaire, NDLR), qui est digne de confiance en matière de justice, et félicitations aux services de renseignements des Forces de sécurité intérieure qui protègent tous les Libanais. Félicitations au Liban, à Beyrouth et à ses habitants résistants", avait auparavant écrit le ministre sur son compte Twitter.



L'ancien Premier ministre Tamam Salam, qui a également rendu visite à Ziad Itani à son domicile, a affirmé que ce dernier "est un héros" et que toute cette affaire est "plus importante que les élections et la politique". "Nous ne permettrons pas que cette affaire reste impunie", a-t-il ajouté.


Pas de "preuves tangibles"
Plus tôt dans la matinée, Suzanne el-Hajj avait été interrogée par Riad Abou Ghida en présence notamment de son avocat, l'ex-ministre Rachid Derbas. Durant l'audition, Mme el-Hajj a été confrontée au pirate informatique présumé Elie Gh, qui fait aussi l'objet des mêmes poursuites, et qu'elle aurait embauché dans le cadre de cette affaire.  Ce dernier serait passé aux aveux et aurait reconnu avoir agi à la demande de Mme el-Hajj et confirmé les accusations portées contre lui. M. Derbas a affirmé que sa cliente a nié durant son interrogatoire toutes les accusations qui pèsent contre elle, assurant qu'il n'y a pas de "preuves tangibles" qui pourraient l'inculper.


A l'issue de l'interrogatoire, le juge Abou Ghida a toutefois émis un mandat d'arrêt contre Suzanne el-Hajj et requis la remise en liberté de Ziad Itani, une demande approuvée par le parquet militaire. En outre, le procureur du gouvernement près le tribunal militaire, Peter Germanos, a autorisé l'avocat Ziad Hobeiche à rendre visite à son épouse, Suzanne el-Hajj, à raison de trois fois par semaine. Ce dernier s'est exprimé sur son compte Facebook. "Tu resteras toujours le cèdre de notre famille, résistant face aux ouragans", a-t-il écrit, s'adressant à son épouse. "Je salue ta force et ta dignité, auxquelles personne ne pourra porter atteinte".

Vendredi, le tribunal militaire avait requis des poursuites contre Mme el-Hajj et le pirate pour fabrication de fausses preuves contre M. Itani, et pour "cyberattaques et piratage visant des sites de ministères, d'institutions sécuritaires et de banques libanaises, de sites d'information et d'autres sites, au Liban et à l'étranger". Une troisième personne, dont l'identité n'a pas été révélée, est également poursuivie.


L'ancienne directrice au sein des FSI avait perdu son poste à la suite du retweet d’un message ironique sur les femmes en Arabie saoudite. Un certain Ziad Itani avait diffusé la capture d’écran de son retweet et, selon les informations qui ont fuité durant le week-end dernier, la fonctionnaire aurait monté l’affaire pour se venger, mais se serait trompée de victime en raison de l’homonymie.


Pour mémoire

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commentaires (3)

les methodes chehabistes des annees 60 ne sont plus applicables,,,Mr Jamil Sayed lui meme grand manitou de ses methodes douteuses l'a lui meme avoue ... les parties de pyromanie des annees 60 du siecle derniersont revolues ,, obsulates et perimes... seul poutine continu a utiliser les methodes du KGB pour encore eliminer ses indesirables espions...

michel raphael

19 h 56, le 13 mars 2018

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Commentaires (3)

  • les methodes chehabistes des annees 60 ne sont plus applicables,,,Mr Jamil Sayed lui meme grand manitou de ses methodes douteuses l'a lui meme avoue ... les parties de pyromanie des annees 60 du siecle derniersont revolues ,, obsulates et perimes... seul poutine continu a utiliser les methodes du KGB pour encore eliminer ses indesirables espions...

    michel raphael

    19 h 56, le 13 mars 2018

  • QUAND MEME CETTE HISTOIRE RESTE LOUCHE AVEC BEAUCOUP D,INTERROGATIONS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 46, le 13 mars 2018

  • L'inculpé, blanchi et l'inculpeur, s'est sali ... J'avoue que je n'ai rien compris de cette histoire au fond.

    Sarkis Serge Tateossian

    15 h 18, le 13 mars 2018

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