Rechercher
Rechercher

Liban - Éclairage

La visite de Zarif, plus « promotionnelle » qu’efficace...

Rencontre, hier 11 février, entre le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, et le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasralah, à Beyrouth. Hezbollah Media Office/Handout via REUTERS

Le timing de la visite du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, au Liban a interpellé plus d’un dans les milieux politiques libanais. Selon des sources « souverainistes », cette visite portait des messages aux Iraniens eux-mêmes, aux Libanais et à la communauté arabe et internationale. En effet, cette visite a lieu à la veille du vote de confiance du nouveau gouvernement, de la conférence de Varsovie qui vise à mettre un frein aux ingérences iraniennes dans les pays de la région, de la réunion du groupe d’Astana sur le dossier syrien entre la Russie, l’Iran et la Turquie, à Moscou, et, enfin, du sommet arabo-européen de Charm el-Cheikh. L’Iran semble aussi avoir voulu prendre de vitesse la visite à Beyrouth d’un responsable saoudien, Nizar Alaoula, conseiller au sein du cabinet royal saoudien.

Durant sa visite, M. Zarif a tenté de convaincre les Iraniens que leur pays n’est pas isolé, comme si l’Iran était imperméable aux sanctions et poursuit normalement ses contacts à l’étranger. Aux Libanais, le ministre iranien a assuré la volonté de son pays d’aider à plus d’un niveau, notamment dans l’équipement de l’armée mais aussi dans l’énergie, comme s’il voulait assurer que le Liban était bien dans le giron de l’Iran. Et en effectuant sa visite à la veille du vote de confiance, il a lancé un message aux Arabes et au monde, surtout aux États-Unis, celui d’un Liban dans l’axe iranien.

Toutefois, les déclarations de M. Zarif au palais Bustros, et la réponse du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, montrent que cette visite est plus promotionnelle qu’autre chose, n’ayant pas de conséquences politiques et économiques dignes de ce nom. Le Liban n’est pas dans le giron iranien et la formation du gouvernement est la preuve de son indépendance, comme on peut le déduire de la déclaration de M. Bassil, qui a réaffirmé l’attachement du Liban à la politique de distanciation. Il s’est avéré également que M. Zarif n’a pas fait de propositions concrètes contrairement à ce que les responsables du Hezbollah avaient affirmé, et qui ont assuré que les Iraniens attendaient une réponse des responsables libanais sur des propositions d’aides. M. Zarif a déclaré en effet que son pays ne veut pas imposer d’aide ni embarrasser le Liban, mais que son pays étudierait les demandes libanaises.

Un ancien ministre estime, à ce propos, que l’Iran a utilisé le Liban comme boîte aux lettres, afin d’envoyer des messages en direction de Washington. Avant d’équiper le Liban en armes, pourquoi l’Iran n’utilise-t-il pas ses propres armes contre Israël qui bombarde ses troupes et ses munitions en Syrie? Comment le Liban accepterait-il des armes qui n’ont même pas servi au cours des raids israéliens ?

Pour leur part, des observateurs notent que le Liban ne peut se permettre d’être dans le giron iranien, ce qui le mettrait en porte-à-faux avec son entourage arabe et avec la communauté internationale. Rappelons que le président de la République Michel Aoun avait commencé son mandat par une visite à Riyad, et ne s’est toujours pas rendu en Iran. Toujours selon ces observateurs, le gouvernement actuel n’est pas celui du Hezbollah comme le prétendent certains, et le message iranien n’a donc pas de substance. Voilà pourquoi, pour eux, la visite de Zarif reste une pure propagande et n’a pas de conséquences économiques et politiques. Et comme l’a dit le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Abou el-Ghait, de Baabda, en réponse à une question sur la simultanéité des deux visites : « Le Liban est un pays arabe et nous n’entrons en compétition avec personne autour de lui. »

Et ces sources de conclure : le Liban ne peut, au lendemain de la formation du gouvernement et à la veille de la mise en application des décisions de la conférence de Paris (CEDRE), commettre un impair dans sa politique étrangère, sachant que la politique de distanciation est une condition posée par les pays donateurs.




Lire aussi

À l’ombre de la distanciation, Téhéran et Riyad intensifient leurs contacts avec le pouvoir en place

Sommet arabe : l’Iran défend « sa » Syrie face à l’Arabie

Sleiman : Que Téhéran presse le Hezbollah de livrer ses armes

Le Hezbollah reste attaché à sa liberté d’action hors du giron de la légalité

Quelle politique de distanciation après les propos de Nasrallah ?

Nasrallah prêt à demander à Téhéran une aide militaire pour l’armée

Sommet arabe : l’Iran défend « sa » Syrie face à l’Arabie

Le timing de la visite du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, au Liban a interpellé plus d’un dans les milieux politiques libanais. Selon des sources « souverainistes », cette visite portait des messages aux Iraniens eux-mêmes, aux Libanais et à la communauté arabe et internationale. En effet, cette visite a lieu à la veille du vote de confiance du...

commentaires (7)

Ils veulent aider le Liban et le peuple iranien meurt de faim.

Eleni Caridopoulou

18 h 32, le 12 mars 2019

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Ils veulent aider le Liban et le peuple iranien meurt de faim.

    Eleni Caridopoulou

    18 h 32, le 12 mars 2019

  • Ah c'est contre nature pour Zarif de faire ca ! venir faire de la photo ops et de la diplomatie mielleuse. il est loin le principe perse de Darius (plus tard repris par l'Imam Khomeini) "l'Iran n'a pas d'amis: que des ennemis ou des esclaves"

    Lebinlon

    14 h 53, le 12 février 2019

  • Finalement Mr Zarif a l'air bien plus futé et subtil que son interlocuteur aux gros sabots boueux.

    Christine KHALIL

    11 h 40, le 12 février 2019

  • J'aime toujours autant leurs décors tartignolle et cheap, lol.

    Christine KHALIL

    11 h 15, le 12 février 2019

  • Mr Zarif, vous vous rendez compte que les libanais sont re-devenus arabes et non plus phéniciens ou levantins etc... Par quel miracle donc? Tout ça parce que vous, perses, aux arabes qui "occupent" leur propre terre du sud Liban ont décidé de tourner le dos à ces arabes à qui vous avez donné des leçons inoubliables. Mr Zarif, c'est bon signe pour l'Iran, vous devriez aussi essayer d'iraniser les qataris , eux aussi tournent le dos à CES arabes là.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 30, le 12 février 2019

  • C,EST LE CHANT DU CORS LE SOIR AU FOND DES BOIS QUI ANNONCE QUE LA BICHE EST DEJA AUX ABOIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 05, le 12 février 2019

  • "...celui d'un Liban dans l'axe iranien..." La réalité est que nous sommes un pays ARABE, multiconfessionnel, et "l'axe iranien", qu'ils continuent de le cultiver en Syrie et en Irak. Quant à leur problème avec Israël, qu'ils affrontent ce pays directement et nous prouvent qu'ils ne sont pas des poltrons. Le Golan syrien occupé par...Israël...est juste à côté ! Qu'ils fichent la paix à notre pays, une bonne fois pour toutes ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 54, le 12 février 2019

Retour en haut