Le discours de Hassan Nasrallah a été retransmis en direct.
Le 40e anniversaire de la révolution iranienne n’est pas passé inaperçu à Beyrouth. Fidèle à ses alliances idéologiques et régionales, le Hezbollah a célébré hier la naissance de l’Iran des mollahs lors d’une cérémonie organisée au complexe Sayyed el-Chouhada, dans la banlieue sud de Beyrouth. L’occasion pour le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, de prendre la parole pour inviter à un rapprochement avec l’Iran, à l’heure où ce dernier ainsi que le parti chiite lui-même font l’objet de sanctions économiques imposées par les États-Unis. Hassan Nasrallah a par ailleurs fait une véritable déclaration de guerre aux USA, assurant que l’Iran sera épaulé si jamais les Américains lui faisaient la guerre.
« Si les États-Unis déclarent la guerre à l’Iran, ce dernier ne sera pas tout seul », a lancé le secrétaire général du Hezbollah dont le discours était diffusé sur un écran géant, après une introduction sur l’historique de la révolution iranienne et la situation du pays à l’époque du chah.
Le leader chiite a en outre réfuté l’existence d’un conflit saoudo-iranien, affirmant qu’ « il s’agit plutôt d’une guerre américaine contre la République islamique d’Iran ». « L’Arabie saoudite ainsi que certains pays du Golfe ne sont que les instruments de cette guerre », a-t-il dit. « Certains disent que ce qui se passe dans la région est une guerre entre Israël et l’Iran ou un conflit saoudo-iranien, cela est faux. Israël était déjà en conflit avec la région, le peuple palestinien et les peuples arabes bien avant la victoire de la révolution islamique en Iran », a-t-il poursuivi, sous les applaudissements de l’assistance. « La possibilité qu’Israël entre en guerre contre l’Iran n’existe plus depuis longtemps », a souligné le leader chiite.
Comme à son habitude, le public était divisé : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, et beaucoup de jeunes, sous l’œil vigilant des responsables de sécurité du Hezbollah. La cérémonie a été entamée par l’hymne national libanais, suivi de l’hymne du parti chiite. Le public arborait des foulards et des drapeaux du Hezb, ainsi que le drapeau iranien. Des photos de Ruhollah Khomeyni, guide suprême de la révolution iranienne décédé en 1989, ont également été distribuées à l’assistance.
Le discours de Hassan Nasrallah intervient à la veille de la déclaration ministérielle, dans une tentative de se positionner en garde-fou et de rappeler qu’il est un acteur incontournable de la scène locale et régionale, surtout après les critiques américaines dues à la présence du parti chiite au sein du gouvernement, notamment au ministère de la Santé.
(Pour mémoire : Nasrallah à Netanyahu : Le nouveau gouvernement n'est pas "le gouvernement du Hezbollah")
« L’Iran est un pays ami »
« Nous sommes affectés par les sanctions (américaines) mais nous allons surmonter ces difficultés grâce à notre volonté. L’horizon qui s’annonce est celui de la victoire de l’axe de la résistance », a lancé Hassan Nasrallah. Il a par ailleurs tenu à présenter l’Iran en tant que pays « ami » et invité le Liban à profiter de l’expertise iranienne, notamment au niveau de l’armement. « Je suis prêt, en tant qu’ami de l’Iran, à aider l’armée libanaise en lui amenant de Téhéran, où je suis prêt à aller personnellement, tout ce dont elle a besoin pour devenir la plus forte de la région. Je suis même prêt à importer (d’Iran) un système de défense antiaérienne », a-t-il déclaré.
« Le gouvernement libanais osera-t-il accepter les aides iraniennes ? L’Iran est un pays ami, et un pays frère. Pourquoi le Liban est-il effrayé et inquiet ? » a lancé le dirigeant chiite, estimant que le pays a besoin d’une « véritable souveraineté et de courage ». Il a ajouté que l’Iran pouvait aider le Liban que ce soit au niveau de l’électricité, de la production de médicaments ou de l’infrastructure des routes.
« Nous sommes les disciples du vilayet el-faqih et nous en sommes fiers. Le waliy el-faqih n’a jamais rien dicté au Hezbollah. Nous sommes un parti libanais et l’Iran est devenu notre partenaire dans la région », a encore dit Hassan Nasrallah avant de lancer : « Je défie quiconque de me citer une fois où l’Iran est intervenu au Liban. »
L’ambassadeur d’Iran, Mohammad Jalal Firouznia, qui a lui aussi prononcé un discours lors de la cérémonie, a affirmé que « la résistance islamique fait face aux projets sionistes et terroristes (...) et a mis en place un pouvoir islamique qui a à son actif de nombreuses réalisations ». « L’unité islamique restera bien implantée malgré les tentatives des ennemis de s’en prendre à elle », a assuré le diplomate iranien.
Le public, lui, était conquis par le discours favorable à l’Iran et admiratif de la révolution iranienne et de ses effets dans le monde. « L’Iran est un modèle culturel, politique, économique et religieux. Il représente l’islam véritable. C’est un pays développé qui peut beaucoup nous aider », a déclaré à L’Orient-Le Jour Aya, jeune étudiante en biochimie, avant d’ajouter que la révolution islamique est une « victoire divine ».
Un jeune de 23 ans, étudiant en médecine, a dénoncé pour sa part le fait que les pays de la région ont été « déchirés par la colonisation et l’ingérence étrangère ». « Nous sommes vulnérables et soumis à une injustice. L’Iran s’est tenu à nos côtés », a-t-il indiqué à L’OLJ. Pour Samar, la soixantaine, « sans la révolution islamique en Iran, il n’y aurait pas eu de victoire aujourd’hui en Syrie ».
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commentaires (15)
Les libanais sont chez eux et ne veulent pas de la peste fakihiste, écoutons et suivons, bien qu'un peu tard, les paroles de sagesse du Amid.
Christine KHALIL
19 h 03, le 08 février 2019