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Lifestyle - Papilles

Les contes nomades de Hanan Sayed Worrell

Hanan Sayed Worrell lors de la signature de son livre « Table Tales, the Global Nomad Cuisine of Abu Dhabi ». Photo DR

Hanan Sayed Worrell, représentante principale de la Fondation Guggenheim à Abou Dhabi, vient de sortir un livre sur la cuisine de la capitale des Émirats arabes unis. Sur 400 pages, 40 personnes, couples, familles ou groupes d’amis, venus des quatre coins du monde s’installer dans cet émirat du Golfe, livrent leurs recettes. Le livre, rédigé en anglais, est intitulé Table Tales, the Global Nomad Cuisine of Abu Dhabi (« Contes de la table, la cuisine internationale et nomade d’Abou Dhabi »). Soit 106 recettes, accompagnées de belles photos, préparées par des Émiratis, des Libanais, des Syriens, des Palestiniens, des Américains, des Canadiens, des Allemands, des Britanniques, des Indiens, des Afghans et autres ressortissants. Il ne s’agit pas uniquement de partager une recette, mais de raconter son histoire nationale ou personnelle. « Un émigré lâche en dernier lieu sa cuisine. Il peut ne pas posséder sa langue d’origine, s’habiller à la façon de son pays d’accueil, mais il ne laissera jamais tomber la nourriture de son pays », estime Hanan Sayed Worrell.

À travers son livre, l’autrice a également voulu retracer l’histoire et l’évolution d’Abou Dhabi à travers ses habitants, qui sont à 80 % des étrangers. « Tous sont là pour travailler, d’une façon “provisoire”, mais certains restent durant de très longues années et cette ville devient pour eux leur home », explique-t-elle, précisant : « Moi-même, je suis ici depuis 25 ans. »


Exils

Hanan Sayed est née d’une mère libanaise et d’un père égyptien naturalisé libanais. Elle a passé son enfance entre le Koweït où son père était entrepreneur et le Liban où elle passait tous ses étés à Souk el-Gharb auprès de sa famille maternelle. « Les émigrés vivent avec cette idée de retour permanent au pays. Pour nous, chaque année, nous nous disions que “peut-être l’année prochaine” nous rentrerions définitivement au Liban, mais la guerre a éclaté et ce retour est devenu impossible », dit-elle.

« J’en rêvais, pourtant. En 1978, j’ai fait l’impossible pour m’inscrire à l’Université américaine de Beyrouth. J’ai envoyé mon dossier en cachette avec des voisins qui rentraient au pays, mais je n’ai pas eu de réponse. Mon père voulait que je parte pour les États-Unis où mon frère avait déjà entamé des études. J’avais passé cet été-là au Liban pensant que l’AUB ne m’avait pas acceptée et me préparant à embarquer pour la Californie. Ce n’est qu’un an plus tard, alors que j’avais démarré mes études d’ingénieur aux États-Unis, que mon père m’a montré la lettre d’acceptation à l’AUB. Il l’avait interceptée et cachée. Il ne voulait pas que je rentre au pays en pleine guerre », raconte-t-elle.

C’est en Californie qu’elle commence donc à faire la cuisine, pour ses colocataires. « À travers la nourriture, j’ai réalisé à quel point ma culture me manquait. De retour au Liban, j’ai appris les recettes de ma grand-mère, les deux premières étaient celles du warak enab et de la fatté, mes plats préférés. En Californie, je confectionnais même mon propre yaourt », poursuit-elle.

Une fois ses études de génie achevées, elle passe trois mois à Paris à l’institut Le Cordon Bleu où elle apprend les véritables bases de la cuisine et de la pâtisserie. « Pour mon père, c’était le scandale ! Il n’a même pas accepté que je parte seule, tant il avait peur que je reste là-bas et que je devienne cuisinière. Ma mère m’a accompagnée pour s’assurer que je reviendrais ! » confie-t-elle, une pointe d’humour dans la voix.

Hanan Sayed est finalement rentrée au Koweït où elle a amorcé une carrière d’ingénieure, sans pour autant délaisser les fourneaux. « On peut trouver des choses en commun entre le génie et la cuisine. L’un de mes professeurs disait que “pour un mélange parfait de béton, il faut avoir du feeling”. Il faut le sentir. Cela s’applique également pour les bons mélanges en cuisine », dit-elle.

Une signature au Liban de Table Tales a été organisée à Tawlet fin décembre 2018. L’ouvrage sera très prochainement en vente au Virgin Megastore et à la Librairie Antoine.


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