Le Quai d'Orsay a qualifié lundi les informations rapportées dimanche par le quotidien israélien Maariv et selon lesquelles la France aurait demandé à Israël de n'engager aucune action militaire contre le Liban avant la formation d'un nouveau gouvernement de "spéculations sans aucun fondement".
A la question "Est-il exact que vous avez demandé à Israël, comme l'évoquent certains articles de presse, de n'entreprendre aucune frappe militaire au Liban avant la formation d'un gouvernement dans ce pays ?", la porte-parole du Quai d'Orsay Agnès von der Mühll a répondu, lors d'un point de presse lundi, qu'il s'agissait "de spéculations sans aucun fondement". Alors qu'on lui demandait si M. Le Drian avait, comme il était également rapporté par Maariv, indiqué que la France avait récemment cessé de fournir son aide à l'armée libanaise, elle a répété qu'il s'agissait là de spéculations sans fondement.
"La France est attentive à la situation au Liban et souhaite qu'un gouvernement soit maintenant formé au plus vite. Elle considère qu'il s'agit là d'une nécessité pour que la souveraineté, la sécurité et la stabilité du Liban prévalent dans un contexte régional difficile. Elle souhaite que les engagements pris par les autorités libanaises et les partenaires internationaux lors des conférences CEDRE et ROME II soient respectés et mis en œuvre", a ajouté la porte-parole.
Le Premier ministre désigné Saad Hariri n'a toujours pas réussi à former son cabinet depuis sa nomination fin mai 2018. Les tractations pour la mise sur pied de l'équipe ministérielle ont repris la semaine dernière après plusieurs semaines de blocage, lié à l'organisation du sommet économique de la Ligue arabe à Beyrouth qui avait eu lieu dimanche 20 janvier, et aux polémiques qui ont entouré cet événement. Le dernier obstacle sur lequel la formation du cabinet avait buté avant les fêtes était le fameux obstacle sunnite, né de l’insistance des six députés de la "Rencontre consultative", hostiles au Courant du Futur de Saad Hariri – et bénéficiant de l'appui décisif du Hezbollah – à prendre part au cabinet. Dans ce contexte, le Hezbollah a fait porter la responsabilité du blocage de la formation du cabinet au Premier ministre désigné. Ce dernier a accusé pour sa part le parti chiite d'entraver cette formation.
La porte parole du Quai d'Orsay a en outre indiqué que "la France, elle-même, maintient ses engagements et continue d'apporter son soutien à l'armée libanaise et aux forces de sécurité intérieure". "Elle appelle en outre au strict respect des résolutions du Conseil de sécurité et salue l'engagement de la Finul pour que le calme soit maintenu le long de la Ligne bleue, à la frontière entre le Liban et Israël", a-t-elle conclu.
Le quotidien Maariv avait rapporté dimanche que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait déclaré que lui et d'autres hauts responsables français avaient "demandé à Israël d'attendre la formation d'un nouveau gouvernement au Liban avant toute action militaire". Le chef de la diplomatie française aurait également indiqué, selon le quotidien israélien, que la France avait récemment cessé de fournir son aide à l'armée libanaise. "Nous condamnons fermement les envois d'armes par l'Iran à l'aile militaire du Hezbollah", aurait-il affirmé selon le Maaric. "Nous voulons avant tout, et nous l'avons dit au président israélien, que les Libanais eux-mêmes sortent de leur conflit politique afin de constituer rapidement un gouvernement", aurait ajouté selon le Maariv le ministre français, confirmant que le président Emmanuel Macron avait annulé sa visite au Liban prévue en février.
Ces propos, désormais démentis par le Quai d'Orsay, et qui selon le Maariv auraient été tenus lors de la visite du président israélien Reuven Rivlin la semaine dernière à Paris, ont été rapportés par le journal israélien alors que la tension est montée d'un cran entre le Hezbollah et Israël, après l'interview fleuve du leader du parti chiite, Hassan Nasrallah, samedi, et les déclarations du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le lendemain.
Mercredi, M. Macron avait fait part de sa "préoccupation face aux menaces apparues suite à la découverte par l’armée israélienne de tunnels creusés par le Hezbollah depuis le Liban", lors d'une conférence de presse avec son homologue israélien Reuven Rivlin.
Vendredi, M. Le Drian avait haussé le ton face à l'absence d'un nouveau gouvernement libanais, évoquant une "situation surréaliste". Lors de ses vœux à la presse diplomatique, le ministre français avait averti que la France prendra des sanctions contre l'Iran si le dialogue avec ce pays sur ses activités balistiques et son influence régionale "n'aboutit pas".
Samedi soir, Hassan Nasrallah avait reconnu la présence de ces tunnels à la frontière entre le Liban et Israël, refusant toutefois de dire s'ils avaient été creusés par le parti chiite, et ironisant sur le délai qu'a mis l'armée israélienne pour découvrir ces coursives souterraines. Le lendemain, M. Netanyahu a affirmé que le leader du parti chiite était en "situation de détresse".
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commentaires (18)
UNE REPONSE DU QUAI D'ORSAY QUE JE TROUVE TROP "NUANCEE " en effet Mme Von der Mühll parle de " SPECULATIONS " sans fondements !!!! ceci laisserait comprendre que mr. Le Drian avait bien dit ce que le Maariv a rapporte, Mais que son interpretation est sujette a " debat " peut etre ? qu'en est il au juste ?
Gaby SIOUFI
18 h 23, le 29 janvier 2019