Philippe Wojazer/Reuters
Lors d’un briefing off hier matin à l’Élysée en prévision du déplacement du président français en Égypte, une source du palais a confirmé, en réponse à une question, qu’il était « probable que le déplacement du président à Beyrouth (prévu le 14 février, NDLR) soit reporté » et ajouté que l’Élysée se donne encore quelques semaines pour évaluer la situation. Cette source estime qu’il « faut qu’il y ait un gouvernement au Liban non seulement quand le président se rendra sur place, mais aussi en amont pour préparer le plus efficacement possible la visite ».
Ce report éventuel, pressenti au Liban depuis quelques jours, vaut pour la tournée régionale dans laquelle se serait inscrite cette visite. Les raisons évoquées sont en partie liées à des considérations françaises : l’agenda du président, qui doit faire face à la crise interne des gilets jaunes, mais aussi l’échéance des élections européennes.
Elles résultent aussi et surtout de l’impasse politique actuelle au Liban, où la formation d’un gouvernement est bloquée depuis juin dernier. La position constante de l’Élysée sur la visite attendue du président français est la suivante : le chef de l’État entend limiter ses déplacements à l’étranger jusqu’aux européennes, mais serait prêt à se rendre entre-temps au Liban si un gouvernement était formé.
Il y a une semaine, l’ambassadeur de France Bruno Foucher avait une nouvelle fois appelé, dans ses vœux aux Libanais à l’occasion de la nouvelle année, à la formation d’un cabinet. « C’est impératif (…) pour que nous puissions consolider nos relations avec ce pays », avait-il dit. La conférence CEDRE, significative du partenariat franco-libanais, attend la formation du gouvernement pour que les projets d’investissement et de réformes prévus soient mis en œuvre.
(Lire aussi : Israël soumet à Macron les cartes des tunnels du Hezbollah à la frontière)
« Surréaliste »
L’information sur un report présumé de la visite d’Emmanuel Macron a été suivie hier – la simultanéité pourrait être pure coïncidence – d’une prise de position ferme du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, en direction de l’Iran et du Hezbollah, assortie d’une condamnation du blocage au Liban. « Il relève de la responsabilité de l’ensemble des responsables politiques libanais de faire en sorte que cesse cette situation d’impasse politique dans laquelle ils se sont mis eux-mêmes », a-t-il affirmé lors de ses vœux à la presse diplomatique. « On ne peut pas aujourd’hui se contenter de cette situation surréaliste » au Liban, a-t-il insisté. En raison de ce blocage politique, a-t-il poursuivi, « tous les engagements que nous avons pris antérieurement en faveur du Liban, y compris financiers, y compris à l’égard de l’armée libanaise, qui reste quand même aujourd’hui la colonne vertébrale de l’équilibre de l’État, ne peuvent pas être tenus ». Outre la conférence de Paris, le ministre faisait référence à la conférence de Rome de soutien à l’armée.
Il a également relevé que Paris serait « très ferme » à l’égard de l’Iran, notamment sur « l’envoi d’armes de la part de l’Iran à la branche armée du Hezbollah ».
Une lecture diplomatique prudente tend à dissocier les propos du chef de la diplomatie française d’un report hypothétique de la visite d’Emmanuel Macron au Liban. Le chef du Quai d’Orsay a peut-être fait passer un message sur le gouvernement dans la foulée de ses propos sur les sanctions américaines contre l’Iran, mais le report en soi n’est pas à considérer comme l’expression d’un tel message.
La France a toujours pressé les parties libanaises de former un gouvernement, et il n’y aurait rien de nouveau dans les propos de Le Drian. Du reste, sans interlocuteurs officiels, la visite du président Macron n’aurait aucun intérêt. C’est d’ailleurs pour cette raison que la ministre française de la Défense Florence Parly a reporté sa visite plus d’une fois, la dernière ayant été prévue en décembre dernier.
Une lecture politique lie les propos de Jean-Yves Le Drian aux pressions actuelles de Washington pour régler les dossiers de l’Irak, de la Syrie et du Liban, sous la pression des sanctions contre l’Iran, dont la troisième série est attendue le 4 février prochain. Dans ce cadre, les propos du chef de la diplomatie française seraient à lire comme imputant au Hezbollah la responsabilité du blocage du cabinet.
Pour mémoire
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commentaires (12)
Il y a les gilets jaunes en France et le drapeau jaune au. Liban, le Hezbollah sera content quand le Liban sera détruit par Israel , il faut prier à Notre Dame du Liban pour protéger notre Pays
Eleni Caridopoulou
17 h 51, le 27 janvier 2019