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Liban - Interview

Pour Michel Sleiman, la visite de Hale souligne l’importance de la politique de distanciation par rapport aux conflits régionaux

L’ancien chef de l’État exhorte son successeur à organiser un dialogue sur la stratégie nationale de défense et faciliter la formation du gouvernement.

Michel Sleiman. Photo d’archives

Ce sont des messages très fermes que le sous-secrétaire d’État américain pour les Affaires politiques David Hale a voulu transmettre aux Libanais lors de sa visite à Beyrouth, en début de semaine, parallèlement à la tournée effectuée par le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, au Moyen-Orient. Tout en assurant les alliés arabes de Washington de l’indéfectibilité des liens avec l’administration US, M. Hale, comme le secrétaire d’État, a affiché à plusieurs reprises la volonté de l’administration Trump à affronter l’Iran et ses alliés dans la région, notamment le Hezbollah, afin d’y réduire l’hégémonie de la République islamique. Le diplomate américain a tenu des propos dans ce sens à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre désigné Saad Hariri, allant même jusqu’à assimiler le parti de Hassan Nasrallah à une « milice » qui « menace la stabilité de la région ».

Si certains observateurs estiment que les propos du responsable américain reflètent l’attitude traditionnelle de Washington à l’égard de la formation de Hassan Nasrallah, d’autres considèrent que les États-Unis ont décidé de durcir leur position et craignent les répercussions sur le Liban de cette politique.Ce qui pousse l’ancien chef de l’État Michel Sleiman à souligner l’importance pour le Liban de mettre en application la politique de distanciation du pays par rapport aux conflits régionaux, comme le stipule la déclaration de Baabda, adoptée le 11 juin 2012 dans le cadre du dialogue national tenu à Baabda sous sa houlette.C’est ce point de vue que défend M. Sleiman, perçu comme « le parrain » de cette politique, dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour. « La visite de David Hale à Beyrouth s’inscrit dans le prolongement des déplacements de plusieurs autres responsables américains dans la région. Il n’en reste pas moins que le diplomate américain souligne l’importance de l’adoption, par le Liban, de la politique de distanciation par rapport aux conflits des axes une bonne fois pour toutes », déclare-t-il, rappelant que ce n’est pas la première fois que les Américains expriment ce genre de positions politiques sévères à l’égard du Hezbollah.


(Lire aussi : Les personnalités maronites font bloc autour de la présidence de la République)


Mais c’est surtout le timing et le lieu où M. Hale a tenu ces propos qui les rendent importants. D’autant qu’il a fait ces déclarations depuis la tribune de la Maison du centre, à l’heure où le fossé stratégique autour du positionnement du Liban par rapport aux conflits régionaux n’en finit pas de se creuser entre le courant du Futur et le Hezbollah. Un tableau à même de pousser certains milieux politiques à estimer que David Hale a mis Saad Hariri au pied du mur, dans la mesure où il a assuré que la communauté internationale sera en confrontation avec une formation qui fait partie intégrante des institutions politiques du pays.

Mais Michel Sleiman ne semble pas partager cette vision des choses. « Les propos de David Hale ne devraient pas être embarrassants pour le président de la République et le Premier ministre désigné. Bien au contraire. Ils devraient pousser le chef de l’État à plaider pour la mise en application de la politique de distanciation », souligne M. Sleiman, notant que lors de la rencontre des leaders maronites, tenue hier à Bkerké, le patriarche Béchara Raï a mis l’accent sur l’importance de « s’entendre sur certains concepts tels que la neutralité du Liban (…) ».


(Lire aussi : Bkerké au-dessus de la mêlée politicienne)


Se voulant encore plus clair, l’ex-chef de l’État a lancé : « J’exhorte le président Aoun à continuer à faire pression pour la tenue d’un dialogue national qui plancherait sur la question de la stratégie nationale de défense, comme le stipulent les décisions du Conseil de sécurité 1559 (2004) et 1701 (2006). » Et de poursuivre : « Si le Hezbollah veut prouver son appui au processus d’édification d’un État au Liban, il devra, lui aussi, exercer un forcing dans le sens de la conclusion d’un accord autour de la défense nationale. »Il va sans dire que la tenue d’une telle table ronde de dialogue suppose, avant tout, la formation du gouvernement attendu depuis plus de sept mois. Un processus qui continue de buter sur le fameux obstacle sunnite, né de l’insistance du Hezbollah à intégrer ses alliés de la « Rencontre consultative » à la future équipe ministérielle. À ce sujet, Michel Sleiman ne manque pas de renvoyer la balle dans le camp de son successeur. « Le processus gouvernemental est entre les mains du président Aoun, dans la mesure où il devrait se désister du siège sunnite (relevant de sa propre quote-part) pour faciliter la genèse du cabinet », dit-il. Une critique implicite de l’insistance du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, à ce que le représentant des sunnites du 8 Mars soit affilié à la quote-part présidentielle, permettant ainsi au tandem Baabda-CPL de détenir le tiers de blocage.


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