Un bilan de la rencontre maronite qui s’est tenue mercredi à Bkerké est-il possible ?
Cette question se pose d’abord parce qu’aucun point d’entente concernant les considérations conjoncturelles n’a été obtenu entre les représentants des partis politiques et députés maronites.
La réunion, dont l’initiative est attribuée par des sources concordantes au patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, avait pour finalité de répondre, ne serait-ce que par un acte symbolique, à l’impasse politique actuelle et la crise structurelle qu’elle annonce.
Aucun sujet de discussion particulier n’a été prédéfini, mais chacun des partis présents (les quatre partis traditionnels, le Courant patriotique libre, les Forces libanaises, les Kataëb et les Marada – auxquels s’est ajouté le parti de l’Indépendance du député Michel Moawad, membre indépendant du groupe du CPL) avait espéré obtenir de cette réunion l’aval solennel à sa position par rapport à la formation du cabinet.
La position controversée du CPL d’obtenir onze portefeuilles, soit le tiers du cabinet en gestation, en y comptant la quote-part du président de la République Michel Aoun, aurait pu trouver une légitimation à Bkerké, sous le thème – difficilement contestable par les autres partis – du « recouvrement des droits des chrétiens à travers un renforcement du chef de l’État ». Cette possibilité n’a pas été sans inquiéter les FL qui se sont employées, pour leur part, à empêcher que la rencontre de Bkerké n’offre une avancée au CPL sur le dossier du gouvernement. C’est ce qui expliquerait la médiatisation préalable de l’initiative de Bkerké comme étant une rencontre à la mesure des intérêts du chef de l’État.
Au final, les signes de l’échec de ce pari du CPL sont d’ores et déjà décelables.
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La dynamique de la réunion n’a pas été sans heurts, sciemment médiatisés. L’attribution d’un tiers de blocage ministériel à l’équipe du président de la République a été frontalement rejetée par le chef des Marada, l’ancien député Sleiman Frangié, pour qui le recouvrement des droits des chrétiens par le CPL n’est qu’un instrument de manœuvre politique.
Selon des milieux du CPL, c’est le chef des Marada qui aurait soulevé de son propre chef la question du tiers de blocage, le ministre sortant Gebran Bassil s’étant abstenu de l’évoquer avant lui. Un participant à la réunion fait valoir en outre que ni le patriarche ni les FL n’ont fait mention du problème du gouvernement. Certes, le CPL ne le dit pas, mais il est probable que Bkerké ait décidé en amont de contourner la question de la quote-part du chef de l’État. De se placer en quelque sorte au-dessus de la mêlée politicienne, tout en offrant aux partis chrétiens les « préceptes » d’une action citoyenne à une période charnière dans la région – qui explique d’ailleurs le blocage du cabinet.
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Mais les choses restent dans le gris. Le patriarche a mis en garde contre un amendement de la formule libanaise dans le sens de la répartition par tiers, sans évoquer le tiers de blocage. S’il a en outre fait une mention explicite de Taëf, en en déplorant seulement la mauvaise application, le communiqué final de la réunion s’est contenté du terme général contingent de « Constitution ».
Dernier signe de l’échec du pari du CPL sur Bkerké : la tenue d’une réunion au siège patriarcal pour repenser la présence politique chrétienne serait en soi le signe d’un échec du chef de l’État à assumer son rôle – du reste très contestable sur le principe – de président fort.
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10 h 59, le 17 janvier 2019