Sauf imprévu de dernière minute, le quatrième sommet arabe pour le développement économique et social se tiendra à Beyrouth à la fin de la semaine. Une première réunion au niveau des ministres des Affaires étrangères devrait avoir lieu vendredi en préparation du sommet qui se tiendra dimanche. Pour le Liban, c’est une grande occasion, en dépit des critiques qui se sont multipliées et des obstacles qui ont tenté d’entraver la tenue du sommet.
Pour les organisateurs, cette campagne contre la tenue du sommet reste incompréhensible, d’autant que le Liban avait tout fait pour obtenir qu’il se tienne sur son sol. Indépendamment des résultats d’un sommet ou des résolutions qui y seront adoptées, une réunion de haut niveau est toujours importante pour le pays hôte. C’est en particulier le cas du Liban qui traverse actuellement une crise économique et sociale, alors qu’il subit les affres d’un blocus économique de facto avec la longue fermeture des voies de commerce terrestre et le coût élevé des autres moyens de transport. La tenue d’un tel sommet est donc un message de confiance dans l’économie libanaise et dans le Liban en général, au moment où le pays en a particulièrement besoin. Même si, comme le craint le président de la Chambre Nabih Berry, le niveau de représentation ne sera pas à la hauteur de l’attente des Libanais, puisque plusieurs dirigeants arabes se feront représenter au sommet et n’y assisteront pas personnellement, la tenue de cette rencontre est préférable à son report ou à son déplacement. D’abord pour marquer la place du Liban sur l’échiquier arabe, qui avait été plus ou moins ébranlée par les positions du Liban au cours des précédents sommets politiques arabes au cours desquels le Liban avait refusé le point du communiqué final condamnant « les activités du Hezbollah », tout comme il s’était prononcé en faveur du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, alors qu’aucun pays arabe n’osait évoquer le sujet.
Ensuite, sur le plan purement pratique, l’arrivée des délégations de la plupart des pays arabes, avec le cortège de journalistes qui les accompagne, ne peut qu’être bénéfique pour l’économie libanaise en ce temps mort de l’après-fêtes de fin d’année. L’espace d’un week-end, le Liban, ou en tout cas une partie de la capitale, devrait connaître une animation qu’il n’a plus connu depuis longtemps et qui peut-être pourrait pousser les pays arabes qui conseillent à leurs ressortissants de ne pas se rendre au Liban à changer d’avis, non seulement en paroles, mais aussi en action.
(Lire aussi : Polémique Berry/Hariri au sujet de la Libye)
Au sujet des deux problèmes qui ont été soulevés par le mouvement Amal et le président de la Chambre, les organisateurs répondent que les polémiques étaient injustifiées. La décision de tenir le sommet au Liban a été prise il y a quelque temps déjà et les protestataires n’ont rien dit pendant plusieurs mois, ne formulant leurs griefs qu’à la dernière minute. Dans le cas de la Syrie, c’est la Ligue arabe qui organise le sommet et c’est elle qui décide qui y inviter. Le Liban n’a donc fait que se conformer aux directives de la Ligue arabe qui, à la suite d’une décision prise en 2011, a suspendu la participation de la Syrie à ses réunions. Les protestations à ce sujet s’inscrivent donc dans le cadre d’une surenchère interne ou alors adressée à la Syrie elle-même, mais les reproches ne doivent pas être adressés au Liban qui n’a pas de pouvoir de décision dans ce domaine. De plus, le thème de la reconstruction de la Syrie ne figure pas à l’ordre du jour du sommet et il ne sera donc pas évoqué officiellement en l’absence d’une délégation syrienne, même s’il sera probablement présent dans les discussions privées.
Concernant l’invitation de la Libye, là aussi, le Liban n’a fait que se conformer aux décisions de la Ligue, mais il a quand même pris soin de marquer son désaccord avec les autorités au sujet de la disparition de l’imam Moussa Sadr, en remettant l’invitation à l’ambassadeur de la Libye en Tunisie par l’ambassadeur du Liban sur place. Cette démarche spéciale a été jugée insuffisante par les partisans du mouvement Amal et ils ont protesté dans la rue, allant même jusqu’à brûler le drapeau de ce pays et ils ont poussé les autorités libyennes à boycotter le sommet. En principe, ce genre d’actes est condamnable et porte préjudice au prestige de l’État hôte. D’ailleurs, Berry lui-même a déclaré, hier, qu’il n’approuvait pas l’utilisation de tels procédés, mais l’affaire aurait pu être réglée si Amal avait soulevé cette question avant l’envoi des invitations, les autorités libanaises étant elles aussi soucieuses de connaître le sort de l’imam Sadr.
Les griefs invoqués pour tenter de reporter ou de déplacer le sommet de Beyrouth ne sont donc pas justifiés aux yeux des organisateurs. Ils auraient pu nuire à la crédibilité et au prestige du Liban, si les responsables n’avaient pas tenu bon pour respecter les engagements de l’État à accueillir ce sommet.
Les dernières réserves émises au sujet du sommet portent sur les décisions possibles. En fait, l’ordre du jour officiel comporte 27 points très importants, concernant notamment l’instauration d’une zone de libre-échange commercial arabe, l’adoption de douanes arabes communes, la lutte contre le chômage des jeunes, la libre circulation des hommes et des biens dans le monde arabe, le poids de la présence des réfugiés syriens (proposé par la Jordanie), les perspectives de l’économie numérique (proposé par le Liban), un marché arabe commun pour l’énergie électrique, un plan stratégique pour le développement sectoriel à Jérusalem, la relance de l’économie palestinienne, l’adoption d’une stratégie arabe commune pour les énergies renouvelables dans la perspective de 2030, la gestion des déchets solides dans le monde arabe, la sécurité alimentaire, le dossier de l’Unrwa, la protection des enfants, le développement de l’enseignement technique, l’intégration des femmes dans les processus de développement des communautés locales, etc. Certains de ces sujets avaient fait l’objet de discussions et de résolutions lors des précédents sommets économiques pour le développement qui s’étaient tenus à Koweït, Charm el-Cheikh et Riyad. Si le sommet de Beyrouth n’aboutit pas à des décisions concrètes, ce ne sera donc pas la faute du Liban et ce n’est pas une raison pour que les dirigeants arabes ne se réunissent plus...
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commentaires (6)
Yallah au boulot ! Le programme est chargé : programme commun de l’énergie électrique , traitement des déchets , énergie renouvelable , relance de l’économie palestinienne, protection des enfants , intégration des femmes , sécurité alimentaire.... On attend les résolutions concrètes
L’azuréen
14 h 51, le 17 janvier 2019