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Liban - Sommet arabe

La mentalité milicienne a eu raison de la présence libyenne à la conférence économique

Bassil : « Des actes qui ne reflètent pas la position du Liban ».

Par mesure de rétorsion, des Libyens ont vandalisé, dans la nuit de dimanche à lundi, l’ambassade du Liban à Tripoli (Libye). C’est ainsi que la plaque de l’ambassade a été arrachée et foulée aux pieds. Photo tirée de Facebook

Aussi noble et légitime que soit la cause de l’imam Moussa Sadr, force est de constater qu’en la défendant aussi anarchiquement, c’est la milice et la mentalité milicienne qui l’ont emporté sur la logique de l’État et des institutions. C’est bien cette mentalité qui a eu raison de la présence libyenne au sommet économique arabe de dimanche. C’est ainsi qu’à la suite des attaques et des atteintes à son drapeau menées par des partisans du mouvement Amal, la Libye a annoncé hier, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, qu’elle a décidé de ne pas participer au sommet. Le Haut Conseil d’État libyen a même appelé à la rupture des relations diplomatiques avec le Liban.

Comble de l’aventurisme, même la Sûreté générale s’est mise de la partie. C’est ainsi que des hommes d’affaires libyens, arrivés en avance pour participer à des réunions économiques organisées en marge du sommet de dimanche, ont été refoulés hier à l’aéroport, n’ayant pu obtenir de la Sûreté les visas d’entrée nécessaires.

Dans une lettre adressée à son homologue libyen, le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a regretté hier la décision prise par la Libye et rejeté des « actes (…) qui ne reflètent par la position du Liban ». Toutefois, tout en assurant « tenir aux relations entre les deux pays », M. Bassil a ajouté qu’il est nécessaire que ces relations « soient remises sur la bonne voie sans que le Liban ne néglige son devoir national d’enquêter sur le sort de Moussa Sadr ».

C’est le porte-parole officiel du ministère libyen des AE au sein du gouvernement d’union nationale, Ahmad al-Erbed, qui a annoncé la non-participation de son pays au sommet économique arabe. « Le siège de la Libye restera vacant », a-t-il dit. Le chef du gouvernement libyen d’union nationale, Fayez al-Sarraj, a confirmé quelques heures plus tard que son pays ne participera pas au sommet, « le pays hôte n’ayant pas assuré l’atmosphère adéquate et n’ayant pas respecté les us et coutumes régissant la tenue de tels sommets ». De son côté, le porte-parole du Parlement libyen a dénoncé les « milices libanaises » qui ont porté atteinte au drapeau libyen.

Par mesure de rétorsion, des Libyens ont vandalisé, dans la nuit de dimanche à lundi, l’ambassade du Liban à Tripoli (Libye). C’est ainsi que la plaque de l’ambassade a été arrachée et foulée aux pieds. L’ambassadeur du Liban à Tripoli, Mohammad Sakiné, a confirmé ces informations.



(Repère : Sommet économique arabe de Beyrouth : ce qu'il faut savoir sur la crise qui parasite sa tenue)


Déchaînement verbal
Le pays tout entier avait assisté, médusé, au déchaînement verbal des responsables du mouvement Amal contre la Libye, accusée de ne pas fournir d’éclaircissements sur la disparition du fondateur du mouvement chiite, l’imam Moussa Sadr, lors d’une visite à Tripoli en 1978.

On apprenait hier qu’en marge de la réunion à teneur économique dimanche à Baabda, le ministre sortant des Finances, Ali Hassan Khalil, s’était expliqué, devant les présidents Michel Aoun et Saad Hariri, sur la conduite du mouvement Amal, précisant « qu’elle n’était pas dirigée contre le chef de l’État, mais contre le manque de coopération de la Libye sur le dossier Moussa Sadr ».

Indépendamment de cette affaire, le ministre a assuré que le président de la Chambre n’a pas « demandé » le report du sommet économique, mais a « souhaité son report si possible », estimant que « parler de la reconstruction de la Syrie en l’absence d’un représentant de la Syrie serait regrettable ». Il a aussi dénoncé la décision de la Ligue arabe de suspendre la participation de la Syrie, qu’il a jugée illégale et contraire au pacte de la Ligue », rappelant que le Liban avait protesté contre cette décision, mais avait fini par se soumettre à la règle de l’unanimité en vigueur au sein de cette instance.

M. Ali Hassan Khalil avait également précisé que le retrait du drapeau de la Libye et son remplacement par le drapeau d’Amal avaient été le fait de « jeunes qui ont agi de leur propre initiative », et que « cinq minutes plus tard, l’incident était clos et le drapeau libyen remis sur sa hampe. « Cet incident ne se répétera pas », a promis le ministre, ajoutant en substance qu’à part la participation de la Libye, M. Berry « n’a pas de problème avec la tenue du sommet économique arabe ».


(Lire aussi : Gouvernement : le concept de « président fort » mis à rude épreuve)


Les dispositions
Une réunion s’est tenue hier sur les lieux où sera organisé le sommet, au cours de laquelle le porte-parole officiel de la présidence, Rafic Chelala, a annoncé que le Liban n’a pas encore été officiellement informé de la non-participation de la Libye. M. Chelala, qui sera également le porte-parole officiel du sommet, a ajouté que la décision de participation de la Syrie est du ressort du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères de la Ligue, et non de Beyrouth.

Par ailleurs, le président du comité d’organisation du sommet, Antoine Choucair, a donné quelques précisions sur cette conférence de trois jours, décidée lors du sommet arabe de 2007, dans le cadre d’une volonté d’action économique arabe concertée, conformément à l’idée d’un développement durable à dimension sociale. Son coût : 10 millions de dollars.

M. Choucair a précisé que les travaux du sommet s’ouvrent le jeudi 17 par deux assises réservées l’une à la société civile et aux jeunes, l’autre au secteur privé. Leurs recommandations seront lues dimanche, lors de la séance de clôture du sommet, au niveau des chefs d’État. À l’ordre du jour du sommet, 24 points couvrant des sujets économiques, sociaux et de développement. Le sommet sera clôturé par une initiative économique du Liban qui sera annoncée par le chef de l’État.


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Aussi noble et légitime que soit la cause de l’imam Moussa Sadr, force est de constater qu’en la défendant aussi anarchiquement, c’est la milice et la mentalité milicienne qui l’ont emporté sur la logique de l’État et des institutions. C’est bien cette mentalité qui a eu raison de la présence libyenne au sommet économique arabe de dimanche. C’est ainsi qu’à la suite des...

commentaires (5)

Une Republique Bananiere? Pire, faut pas insulter les Bananes....

IMB a SPO

12 h 13, le 15 janvier 2019

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Une Republique Bananiere? Pire, faut pas insulter les Bananes....

    IMB a SPO

    12 h 13, le 15 janvier 2019

  • Un etat morcelé, schizophrénique, tiraillé dans tous les sens, la force brute ayant le dernier mot, comme toujours...et pas celle de l' Etat...

    LeRougeEtLeNoir

    10 h 34, le 15 janvier 2019

  • Qu'ils aillent au diable. Tous.

    Tabet Karim

    09 h 42, le 15 janvier 2019

  • L,ABRUTISSEMENT PROFOND A EU RAISON DE LA LOGIQUE DANS L,ATOLL LIBAN...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 28, le 15 janvier 2019

  • L'Imam Moussa Sadr doit se retourner dans sa tombe en voyant ce que les partisans du très patriotique et respectable Nabih Berry font en ce moment, de même que l'attitude de ce dernier ces derniers jours ! Et que dire de la lettre stupide de notre ministre des affaires étranges au ministre des affaires étrangères libyen ? Notre image devient de plus en plus brillante devant le monde entier, MERCI Messieurs les IRRESPONSABLES libanais ! Au fait...10 millions de dollars pour cette conférence...d'où les a-t-on pris ? Nos "responsables politiques" se sont certainement cotisés par dévouement envers le Liban, pour eux cette somme n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan de leurs richesses ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 53, le 15 janvier 2019

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