Rechercher
Rechercher

Culture - L’artiste de la semaine

Aida Sabra, mi-Najeh, mi-Marceau

Elle est une artiste accomplie avec un parcours riche d’activités qui s’étend sur plus de trente-cinq ans. Sa dernière pièce, « Météo Beyrouth » au Monnot, écrite et mise en scène par ses soins, vient rappeler son ton gouailleur, son humour grinçant, sa franchise tonique et son sens critique.

Aida Sabra. Photo Michel Sayegh

Elle danse Rigoletto, avec tutu et chaussons à pointe ; elle fait du mime à la Félicien Marceau; du théâtre, avec déjà plus de 20 pièces; écrit des textes pour spectacles, comme Khedlak kadché (Prends une bouchée), Mamnou3 el-lams (Interdit de toucher), Delete (Effacer), Expression synthétique ; fait des vidéos qu’elle lance sur la Toile et les réseaux sociaux, sous le titre de « Aida Sabra @ sitt Najeh », et produit plus de 60 shots désopilants avec des viewers qui se comptabilisent à près d’un million et campe des rôles à succès, dont celui de Saadoun dans Le dictateur de Issam Mahfouz, avec comme partenaire Julia Kassar, et décroche un prix d’interprétation à Qatar et Abou Dhabi. Aida Sabra est souvent apparue sur le petit écran dans des séries télévisées, dirige des acteurs, signe des mises en scène et enseigne l’expression corporelle (de 1995 à 2007) à l’Université libanaise : travaux multiples et frénétiques, mais elle n’en reste pas moins maman et épouse, pour qui la famille est primordiale.Aida Sabra est une mordue de l’art au plus profond du cœur, ça c’est sûr.

Depuis que son aventure a débuté en 1983, elle est entrée en sacerdoce, en toute allégresse, dans l’espace tout lumineux des spectacles. Et c’est la cavalcade pour tout ce qui apporte de l’eau à son moulin : s’exprimer sur scène, devant la caméra, écrire des textes drôles, percutants et virulents, juger et jauger la société libanaise et arabe dans ses travers et ses défaillances, le tout pour un citoyen toujours malmené et dépassé. Elle émigre au Canada, y reste quatre ans, mais revient au pays encore plus débordante de projets.

Répliques électrisées

Quelle est sa définition du théâtre ? Elle le dit sans s’emballer : « C’est ma seconde vie. Lorsque je suis sur les planches, je suis sur une autre planète. Le théâtre c’est mon âme. » Mais le cinéma lui fait des clins d’œil. À son actif, plus de 10 films, entre longs et courts-métrages, dont des collaborations très remarquées avec Mahmoud Hojeij, Bahij Hojeij, Nibal Arakji et Ziad Doueiri.

Loin des studios, elle présente actuellement une pièce de théâtre au Monnot intitulée Météo Beyrouth, avec deux acteurs, Rodrigue Sleiman et Élie Noujaim. Une pièce inspirée librement de l’œuvre dramaturgique de Louis Calaferte, Un riche et trois pauvres. Sous l’impulsion et l’inspiration de Aida Sabra, les destins individuels sur le boulier de la réalité sociale se transforment pour donner ce Météo Beyrouth où un vétérinaire claustrophobe et un photographe au chômage, après avoir essayé tous les jobs pour survivre, se rencontrent sur un banc d’un jardin public. L’occasion de parloter et, mine de rien, de se défouler…

À travers la météo (la pluie et le beau temps), clef de toute discussion ou propos enclenché, se déploie une langue arabe drue pour un dialogue entre absurde et incommunicabilité. Comme une sorte d’En attendant Godot, se profilent l’humour noir et la détresse humaine avec des accents de folie, de surréalisme, de schizophrénie, d’angoisse, de délire, et d’une fantaisie pour un verbe caustique et au vitriol. Avec quand même des plages d’une étrange poésie. Au spectateur de découvrir la part secrète de ces dialogues et répliques électrisés…

Pour celle qui a applaudi et admiré les œuvres de scène de Chouchou, Nabih Abou el-Hosn, Feyrouz, Yaacoub Chedraoui et Ziad Rahbani, comment clore cette séance sur un petit bilan artistique d’une vie ? « La route est difficile, mais celui qui aime ce domaine ne s’arrête pas à mi-chemin. Même si je produis de ma poche parfois mes spectacles pour concrétiser mes aspirations de scène. Je souhaite surtout qu’il y ait un théâtre national, car actuellement le théâtre reste au pays du Cèdre une aventure solitaire et individuelle… »

1972

Début des cours de la danse classique.

1982

Début des études de théâtre à l’Université libanaise.

1983

La pièce « Ayyam el-Khyam », avec Roger Assaf.

1988

Mariage avec Zaki Mahfoud.

1990

Départ au Canada.

1994

Naissance de son fils Jacob.

2001

Naissance de son second fils Adam.



Dans la même rubrique

Chafa Ghaddar, another brick in the wall

Anachar Basbous, sculpteur d’énergies

Dyala Khodary répète Beyrouth à l’infini

Roy Khoury sous son chapiteau enchanté



Elle danse Rigoletto, avec tutu et chaussons à pointe ; elle fait du mime à la Félicien Marceau; du théâtre, avec déjà plus de 20 pièces; écrit des textes pour spectacles, comme Khedlak kadché (Prends une bouchée), Mamnou3 el-lams (Interdit de toucher), Delete (Effacer), Expression synthétique ; fait des vidéos qu’elle lance sur la Toile et les réseaux sociaux, sous le titre de ...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut