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Liban - crise

Gouvernement : ultimes démarches intensives avant la fumée blanche

Les FL et le CPL redynamisent la réconciliation de 2016 ; une nouvelle entrave fait son apparition : la représentation des Arméniens.

La rencontre du soir Hariri-Riachi-Ghattas Khoury : la dernière ligne droite... Photo ANI

Le gouvernement Hariri attendu depuis près de cinq mois semble de plus en plus près de voir le jour. C’est cette impression qui se dégage de la troisième journée consécutive d’intenses contacts, en vue de la mise sur pied de la nouvelle équipe ministérielle.

Dans le prolongement du climat d’optimisme distillé en début de semaine, les rencontres se sont poursuivies hier en vue d’accélérer le processus gouvernemental. C’est dans ce cadre que s’inscrit la réunion tenue hier entre le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, et l’émissaire des Forces libanaises, Melhem Riachi, ministre sortant de l’Information, au siège du CPL à Sin el-Fil. Étaient également présents Ibrahim Kanaan et Élias Bou Saab, députés aounistes du Metn. Il s’agit de la toute première rencontre entre MM. Bassil, Riachi et Kanaan depuis le 3 juillet dernier. Une réunion s’était alors tenue pour tenter de ramener à la normale les rapports entre les deux formations chrétiennes majoritaires, perturbés à la suite des désaccords survenus entre les deux partis au sujet de leurs quotes-parts gouvernementales respectives.

Pour en revenir à la rencontre d’hier, tenue à la suite d’un entretien entre le président de la République Michel Aoun et le chef du CPL au palais de Baabda, MM. Bassil, Riachi et Kanaan en auraient vraisemblablement profité pour évoquer les derniers développements au sujet des tractations gouvernementales. Mais selon un cadre FL interrogé par L’Orient-Le Jour, la rencontre à laquelle ont pris part les deux initiateurs de l’accord de Meerab (du 18 janvier 2016) exprime une volonté manifeste de redynamiser cette entente à laquelle les tractations gouvernementales ont porté des coups sévères. C’est d’ailleurs sur ce point que Melhem Riachi et Ibrahim Kanaan ont axé leurs allocutions à l’issue de la réunion. Qualifiant la rencontre de « positive », le ministre sortant de l’Information a réitéré l’attachement de sa formation à la réconciliation interchrétienne, « dans la mesure où elle assure l’équilibre et le partenariat » entre les formations chrétiennes. « La réconciliation est une ligne rouge. Et les désaccords politiques ne devraient aucunement dégénérer en affrontements dans la rue ou des polémiques sur les réseaux sociaux », a assuré M. Riachi, avant de poursuivre : « Au nom du président Michel Aoun, de Samir Geagea et de Gebran Bassil, je déclare que la réconciliation est sacro-sainte. » M. Riachi a par ailleurs noté que la question du gouvernement n’a pas été évoquée lors de la rencontre. Une façon pour lui de souligner qu’il revient au Premier ministre désigné Saad Hariri et non à M. Bassil de mener les contacts pour la mise sur pied de l’équipe ministérielle.

De même, Ibrahim Kanaan a souligné que les discussions n’ont pas abordé les tractations gouvernementales, notamment le portefeuille de la Justice. Il répondait ainsi aux informations qui ont circulé hier dans certains médias et selon lesquels le chef de l’État se serait désisté de ce poste au profit des FL, dans le cadre du bras de fer qui oppose la formation de Samir Geagea à celle de Gebran Bassil et à Baabda autour de ce poste.

M. Kanaan a en outre insisté sur le caractère « stratégique » de la réconciliation interchrétienne, en dépit des divergences politiques observées récemment.

Concernant les tractations ministérielles, le député du Metn a tenu à se montrer optimiste. « Nous aurons de bonnes nouvelles durant les prochains jours », a-t-il lancé, notant que les contacts actuels dépassent la stricte question du gouvernement (c’est-à dire le partage des portefeuilles). « Il nous importe de former un cabinet productif, capable de répondre aux besoins et ambitions des Libanais et d’assurer le succès du régime », a déclaré M. Kanaan.


(Lire aussi : Gouvernement : le déblocage serait imminent, le décryptage de Scarlett HADDAD) 


Une nouvelle proposition FL

À la suite de cette réunion, Melhem Riachi s’est rendu à la Maison du Centre pour une rencontre avec le Premier ministre désigné Saad Hariri, en présence du ministre sortant de la Culture Ghattas Khoury (Futur).

Avec Saad Hariri, Melhem Riachi a évoqué la représentation des FL au sein du cabinet. Dans la dernière phase des négociations, le parti de Samir Geagea s’est vu priver d’un portefeuille régalien et d’un ministère consistant de services. Il lui reste donc, selon certains milieux politiques, des ministères tels que de la Culture à l’heure où le mouvement Amal demande les Affaires sociales, selon notre correspondante Hoda Chedid). En revanche, les FL obtiendront la vice-présidence du Conseil. Face à ce tableau, Melhem Riachi s’est contenté de se dire « satisfait » du bilan de la journée d’hier, indiquant qu’il a transmis au Premier ministre un message de la part de M. Geagea. « Nous avons beaucoup fait pour le gouvernement et nous espérons obtenir ce que nous demandons », a-t-il ajouté, confiant attendre la réponse de M. Hariri à la proposition que lui ont soumise les FL. Une source bien informée indique à L’OLJ que cette mouture prévoit la vice-présidence du Conseil (avec le ministère de la Justice), ainsi que les portefeuilles de la Culture, de l’Information et le ministère d’État pour les Affaires de la femme.

En dépit de ce léger progrès, le nœud druze reste à défaire. Pour ce qui est de la querelle opposant le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt à son principal rival, Talal Arslane, chef du Parti démocrate libanais, les efforts se poursuivent afin de parvenir à un dénominateur commun, afin de nommer le troisième ministre druze dans une formule de trente, les deux autres relevant de la quote-part du PSP.

Tentant d’aider Saad Hariri à régler ce problème, Michel Aoun avait reçu mardi à Baabda MM. Joumblatt et Arslane. Tous deux lui avaient remis une liste comprenant les noms de personnalités druzes ministrables. Mais les deux propositions ne semblent converger sur aucun nom. En dépit de cela, un proche de Moukhtara se dit optimiste quant à un dénouement heureux. Walid Joumblatt avait d’ailleurs estimé sur son compte Twitter qu’une formation rapide du gouvernement est devenue « plus que nécessaire, parce que la priorité devrait être accordée à la situation économique ».

Dans les mêmes milieux, on confie à L’OLJ que le PSP se verra attribuer les portefeuilles de l’Éducation et de l’Industrie. On fait savoir aussi que parmi les ministrables PSP figurent Hady Abou el-Hosn, Akram Chehayeb et Waël Bou Faour, respectivement députés de Baabda, Aley et Rachaya.

À l’instar du reste des protagonistes, le Hezbollah a pris part hier au nouveau round de négociations ministérielles. Il a ainsi dépêché Wafic Safa au palais Bustros, où il s’est entretenu avec Gebran Bassil. Citées par l’agence locale al-Markaziya, des sources du CPL qualifient la rencontre de « positive », dans la mesure où tout le monde collabore pour former une équipe capable de faire face à tous les défis de la prochaine phase, notamment la lutte contre la corruption et la crise des réfugiés.


(Lire aussi : Aoun : Macron souhaite, bien sûr, un gouvernement au Liban)


Nouvel obstacle ?

En dépit de cette atmosphère, M. Hariri devrait déployer de grands efforts pour franchir quelques obstacles de dernière minute. Et pour cause : les députés sunnites ne gravitant pas dans l’orbite haririenne sont revenus à la charge hier, insistant sur ce qu’ils appellent leur « droit » à faire partie du cabinet d’union nationale, comme on pouvait le lire dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion des parlementaires concernés, au domicile de Abdel Rahim Mrad, député de la Békaa-Ouest.

Contacté par l’agence al-Markaziya, M. Mrad a déclaré : « Nous avons droit à deux ministres. Et le sunnite relevant de la quote-part du président Aoun ne nous représente pas en tant que bloc », a-t-il ajouté.

Une nouvelle entrave est apparue hier : selon notre correspondante Hoda Chedid, les Arméniens réclament deux ministres, dont un appartenant au parti Tachnag et un autre indépendant. Ils refusent que l’un de ces deux ministres soit remplacé par une personnalité issue des minorités.



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commentaires (4)

Les problèmes à résoudre font un tel vacarme que nous ne nous entendons pas entre nous Ces "ministres" ne saurant pas par ou commencer. Sous contrôle de HN, le PM a une marge de manoeuvre très réduite Le président aura des ordres précis et pour se justifier on aura droit aux élucubrations d'unG.Bassil. Au Liban, c'est la misère politique entrainant les citoyens dans leur sillage. je pense sincèrement que S.Hariri va déambuler au milieu de tout ça Le "bide" et le vide

FAKHOURI

15 h 59, le 18 octobre 2018

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Commentaires (4)

  • Les problèmes à résoudre font un tel vacarme que nous ne nous entendons pas entre nous Ces "ministres" ne saurant pas par ou commencer. Sous contrôle de HN, le PM a une marge de manoeuvre très réduite Le président aura des ordres précis et pour se justifier on aura droit aux élucubrations d'unG.Bassil. Au Liban, c'est la misère politique entrainant les citoyens dans leur sillage. je pense sincèrement que S.Hariri va déambuler au milieu de tout ça Le "bide" et le vide

    FAKHOURI

    15 h 59, le 18 octobre 2018

  • Depuis plus de 5 mois que l'on entend parler des négociations officielles voir en coulisse en vu de former le gouvernement.... Dans l'esprit de chacun parmi nous il était clair que sur les 35 fauteuils de ministres il était prévu comme l'usage le veux deux ministères aux armeniens même si ces derniers n'ont jamais réclamé des ministères régaliens. Cela dit plus rien ne nous étonne et on va d'une surprise à d'autres. Il est temps maintenant que ce gouvernement se forme et se mette au travail. Allez, vive le Liban

    Sarkis Serge Tateossian

    11 h 40, le 18 octobre 2018

  • Et vlan ! Pour commencer, un titre optimiste "...avant la fumée blanche...etc." Mais, au dernier chapitre, on nous balance une nouvelle entrave: LES ARMENIENS ! Messieurs Michel Aoun, Saad Hariri, Gebran Bassil, etc., vous tous qui remuez depuis des mois la soupe du futur gouvernement...aviez-vous oublié cette composante importante en nombre et en valeur du peuple libanais, les Arméniens ? A force de vous réunir entre même copains complices des noeuds, entraves etc. du matin au soir, vous avez négligé un ingrédient important de la future soupe gouvernementale, les Arméniens ! Allez, c'est reparti pour quelques mois de tractations, palabres, revirements etc. BRAVO, MESSIEURS NOS RESPONSABLES y-en a point comme vous nulle part ailleurs dans le monde démocratique ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 39, le 18 octobre 2018

  • ESPERONS AVANT TOUT AU CHANGEMENT DES MENTALITES DE NOS ABRUTIS VERS MOINS D,ABRUTISSEMENT... ALORS NOUS POURRIONS ESPERER AUSSI A MOINS D,IGNORANCE ET D,INCOMPETENCE ET D,IRRESPONSABILITE. CELA DEPENDANT DU CHOIX DES MINISTRABLES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 38, le 18 octobre 2018

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