Le délai d’« une semaine, dix jours » fixé par le Premier ministre désigné pour la formation d’un nouveau gouvernement a expiré hier, sans que son engagement soit tenu, ont noté les observateurs. Mais le processus pourrait rebondir cette semaine avec une visite de Saad Hariri à Baabda, annoncée au retour du président Michel Aoun du sommet de la francophonie, à Erevan.
M. Hariri offrira-t-il de nouvelles perspectives au chef de l’État ? Certains le pensent, en affirmant qu’indépendamment des noms qu’elle comporte, une liste nominale du prochain gouvernement circulant sur les réseaux sociaux vaut surtout pour le nombre de portefeuilles ministériels qui y figurent : 3 au président de la République, 7 au Courant patriotique libre, 4 aux Forces libanaises, un aux Marada, 6 au courant du Futur, 6 au tandem chiite, 2 à Walid Joumblatt et un à une personnalité druze neutre, une sorte d’oiseau rare en bons termes avec le chef du PSP, mais aussi avec tous les autres pôles politiques sans exception. Mais le député de Aley Talal Arslane a affirmé hier que « le nœud druze » relatif à la formation du gouvernement n’a pas été réglé. « Contrairement à ce qui est dit concernant une soi-disant solution au nœud druze, cet obstacle persiste, en attendant qu’on choisisse un candidat (à un ministère) parmi les noms que j’ai proposés. Tout autre propos n’est que spéculation », a écrit M. Arslane sur son compte Twitter. Rappelons qu’il avait présenté mardi une liste de cinq personnalités acceptables à ses yeux, dans laquelle le président de la République et le président du Parlement pouvaient choisir un nom, afin de faciliter la formation du gouvernement. Mais aucune réponse ne semble avoir été donnée encore à cette proposition, et l’on attend le retour de M. Berry des rencontres annuelles du Parlement interarabe qui se tiennent à Genève, pour en avoir le cœur net.
(Lire aussi : Aoun : Macron souhaite, bien sûr, un gouvernement au Liban)
« Guerre civile blanche »
Bien entendu, cette liste ne signifiera pas la fin des peines des Libanais, et il restera à attribuer les portefeuilles aux personnalités représentatives des divers partis et courants. On affirme, dans les cercles politiques, que le Premier ministre désigné aurait aimé, indépendamment des noms, que leur distribution soit calquée sur celle du gouvernement actuel. Mais il semble que c’est impossible, et que certains changements devront malgré tout se produire. Ainsi, le PSP et les Marada convoitant tous deux le portefeuille des Travaux publics, il se pourrait que le portefeuille de l’Énergie change de mains et aille au parti nordiste. On sait par ailleurs que certains milieux d’affaires souhaitent que le portefeuille de la Santé soit enlevé au Hezbollah, car ils redoutent que ce parti n’en profite pour introduire des produits pharmaceutiques fabriqués en Iran, ce qui ferait perdre aux pourvoyeurs actuels une part du marché libanais. Or le parti chiite tient à ce portefeuille dans la mesure où il lui facilite l’hospitalisation aux frais du ministère de ses combattants blessés en Syrie.
Mais dans les milieux qui suivent attentivement le processus de formation du gouvernement, et qui sont donc rompus aux faux espoirs et aux ballons d’essais, on sent qu’une page est sur le point d’être tournée. Toutes les parties sont lassées de ce jeu à somme nulle, et de l’animosité grandissante qui s’installe entre les deux principales forces chrétiennes, le CPL et les FL, et qui est particulièrement vive sur les réseaux sociaux. On évoque même une « guerre civile blanche ».
Si l’on en croit ces milieux, le président Michel Aoun aurait assuré au chef de l’État français qu’un épilogue au feuilleton qui a tenu les Libanais en haleine tout l’été est sur le point de s’écrire et qu’un nouveau gouvernement pourrait donc voir le jour avant le 31 octobre, date anniversaire de son élection.
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commentaires (7)
Faites vite parceque je pense que ça sera le dernier mandat avec un président chrétien après c'est l'Iran et les. Ayatollahs
Eleni Caridopoulou
15 h 32, le 16 octobre 2018