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Liban - Gouvernement

Gouvernement : malgré le climat d’optimisme, le nœud druze reste inextricable

« L’appel à un compromis ne signifie pas l’abandon de nos constantes », a affirmé hier le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt.

Talal Arslane. Photo ANI

Quiconque a cru ces derniers jours que le nœud druze – qui entrave entre autres nœuds le processus de formation du gouvernement – était près de se démêler s’est probablement un peu hâté. Se basant notamment sur de possibles « concessions » évoquées lundi sur Twitter par le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, ceux qui ont pressenti que les entraves allaient commencer à s’aplanir ont dû vite déchanter, M. Joumblatt ayant affirmé hier qu’il ne se départira d’aucune de ses constantes.

« Il n’y a pas de honte à faire des concessions au profit du pays. Le compromis est nécessaire », avait écrit le leader druze lundi, notant qu’en présence de « la dette (publique) qui s’accroît à tout moment en raison du gaspillage, de la corruption et des dépenses arbitraires, ni les conférences ni personne ne nous sauvera ». Mais le leader druze s’était aussitôt ravisé, supprimant son commentaire, comme pour ne pas laisser croire que la balle est désormais dans son camp pour accélérer la formation du gouvernement.

Réagissant positivement au tweet effacé, le chef du Parti démocrate Talal Arslane, avec lequel M. Joumblatt est en conflit autour de la représentation ministérielle druze, avait revu ses demandes à la baisse. Lui qui exige depuis la désignation du Premier ministre Saad Hariri l’obtention d’un portefeuille, il avait ainsi évoqué une option selon laquelle il accepterait de présenter cinq noms de personnalités druzes susceptibles d’entrer au gouvernement, dont l’une sera choisie par le chef de l’État Michel Aoun et le président du Parlement Nabih Berry. Mario Aoun, député du Courant patriotique libre, qui est attaché à la participation de M. Arslane au gouvernement, a salué cette proposition, la qualifiant d’« appréciable, vu qu’elle indique une volonté de déblocage ».

Mais hier, M. Joumblatt a durci à nouveau le ton, s’attachant à préciser que son appel à faire des concessions en vue de former le prochain gouvernement ne doit pas être entendu comme un abandon des principes auxquels il est attaché, mettant en garde contre les « nouveaux chevaux de Troie ». « L’appel à un compromis, comme je l’ai déjà indiqué, est adressé à toutes les formations, mais cela ne signifie pas l’abandon des constantes, donc gare aux nouveaux chevaux de Troie dans la formation du gouvernement. (...) En espérant que cette clarification soit suffisante en ce moment politique », a écrit le leader druze sur son compte Twitter.

Cette nouvelle position de M. Joumblatt a vite fait réagir Talal Arslane, qui a accusé dans un tweet son rival de « ne pas croire lui-même en un compromis politique ».

Priée de commenter la réaction du président du Parti démocrate, une personne proche de Moukhtara indique à L’Orient-Le Jour que « de toute façon, le parti joumblattiste n’entreprend pas de tractations avec M. Arslane, mais lui envoie des messages et en reçoit via ses maîtres ». Contacté par L’OLJ, Bilal Abdallah, député du PSP, martèle dans ce cadre qu’« en exhortant toutes les forces politiques à conclure un arrangement pour faciliter la mission du Premier ministre désigné Saad Hariri, Walid Joumblatt veut se désister non en faveur d’une quelconque partie politique mais plutôt dans l’intérêt du pays ». Commentant le dernier tweet du chef du PSP, le député estime qu’« il fait écho à l’absence de réaction positive qui aurait dû pourtant être exprimée afin de conforter l’initiative lancée lundi dans une volonté de répandre un climat positif ». « Au lieu d’entreprendre une démarche similaire, d’aucuns ont jugé à tort que M. Joumblatt s’est en quelque sorte rendu », s’indigne M. Abdallah.

Fayçal Sayegh, autre député joumblattiste, explicite à L’OLJ les constantes dont fait mention le leader druze dans son tweet. « Nous sommes attachés à un gouvernement d’union nationale présidé par Saad Hariri, auquel nous voulons participer sur base de notre représentation parlementaire obtenue par la volonté des électeurs », souligne-t-il, affirmant que sa formation « attend désormais que les autre parties fassent des concessions pour qu’un nouveau cabinet voie le jour ». « L’appel de M. Joumblatt ne constitue en aucun cas une faiblesse, il intervient dans un contexte économique difficile qui menace les besoins vitaux des gens », ajoute-t-il.


(Lire aussi : Pour Meerab, l’enjeu véritable de la quote-part FL est le nécessaire équilibre politique du gouvernement)


« Ne pas vendre la peau de l’ours... »

Lors de sa rencontre hebdomadaire avec des députés à Aïn el-Tiné, le président du Parlement Nabih Berry a dans le même esprit mis en garde contre « un contexte économique extrêmement délicat qui impose de tous nous entraider pour réaliser l’échéance grâce à laquelle la situation générale du pays pourra se relever ». Dans les milieux de Aïn el-Tiné, on insiste d’ailleurs sur l’urgence de mettre sur pied le cabinet en mettant l’accent sur les avertissements de la communauté internationale, notamment la France, dans l’objectif de ne pas perdre l’opportunité des aides économiques accordées par la conférence de Paris (CEDRE).

M. Berry s’est félicité devant ses visiteurs du « climat positif » qui laisse miroiter la formation prochaine du gouvernement, mais s’est toutefois montré prudent, citant l’adage selon lequel « il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ». Dans l’après-midi, il a présidé une réunion de son groupe parlementaire, qui a publié un communiqué mettant notamment l’accent sur la nécessité de former un gouvernement pour « sortir le pays de la stagnation et du désespoir, et faire face aux menaces israéliennes contre les infrastructures ».


(Lire aussi : Données contradictoires sur la date de formation du gouvernement)


L’optimisme de Hariri

L’attitude circonspecte du chef du législatif n’ôte pourtant rien à l’optimisme qu’affiche ces quelques jours le Premier ministre désigné Saad Hariri, depuis sa réunion avec le président de la République Michel Aoun, la semaine dernière. Selon des sources proches du courant du Futur, une nouvelle réunion devrait se tenir à Baabda après le retour de M. Aoun d’Erevan (Arménie), où il participe aujourd’hui et demain au sommet de la Francophonie. L’entretien devrait être axé sur la mouture gouvernementale discutée lors de la dernière rencontre entre les deux hommes, sachant que la distribution des portefeuilles ne serait pas dévoilée et qu’elle constituerait une surprise, même pour les personnes que cette formule inclut.

L’optimisme de M. Hariri converge d’ailleurs avec les dernières données concernant le nœud chrétien, d’autant qu’un cadre des Forces libanaises a indiqué à L’OLJ que des tractations sérieuses ont été entamées mardi soir et se poursuivent depuis. « Nous ne voulons pas évoquer dans les médias la façon dont la distribution des portefeuilles est répartie selon cette formule », affirme toutefois le responsable, se contentant d’exprimer le « souhait que les pourparlers mènent aux résultats escomptés ».

Si on ajoute à ces éléments le fait que le nœud sunnite ne semble pas insurmontable, sachant qu’à ce jour aucune bataille sérieuse n’a été menée pour faire participer au prochain cabinet un député parmi les parlementaires sunnites non alliés à M. Hariri, l’optimisme distillé par ce dernier semble justifié. D’autant que le président français Emmanuel Macron devrait rencontrer à Erevan le chef de l’État et le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, qu’il veut semble-t-il pousser à faciliter la formation rapide d’un cabinet d’union nationale.


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commentaires (3)

Messieurs les politiciens de toutes les couleurs, ne nous prenez surtout pas pour des imbéciles ! Nous avons compris que derrière vos noeuds, tergiversations, renvois etc. etc., se cache le fait que vous attendez les ordres de vos différents commanditaires et sponsors du dehors qui, eux, attendent de voir ce qui va se passer dans la région. Nous avons aussi compris que pour vous, le Liban n'a aucune valeur en tant que patrie et n'est qu'une valeur marchande que vous utilisez pour vos propres intérêts ! Mais vous pouvez être certains que l'histoire du Liban, un jour ou l'autre, jugera vos faits ! Et alors...vos différents sponsors et commanditaires seront aux abonnés absents... Irène Saïd

Irene Said

10 h 52, le 11 octobre 2018

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Commentaires (3)

  • Messieurs les politiciens de toutes les couleurs, ne nous prenez surtout pas pour des imbéciles ! Nous avons compris que derrière vos noeuds, tergiversations, renvois etc. etc., se cache le fait que vous attendez les ordres de vos différents commanditaires et sponsors du dehors qui, eux, attendent de voir ce qui va se passer dans la région. Nous avons aussi compris que pour vous, le Liban n'a aucune valeur en tant que patrie et n'est qu'une valeur marchande que vous utilisez pour vos propres intérêts ! Mais vous pouvez être certains que l'histoire du Liban, un jour ou l'autre, jugera vos faits ! Et alors...vos différents sponsors et commanditaires seront aux abonnés absents... Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 52, le 11 octobre 2018

  • LE NOEUD DRUZE EST UNE CREATION GENDRISSIMO-BEAUPERIENNE POUR SE GARANTIR LE TIERS M3ATEL ! MEME CHOSE QUAND ILS POUSSENT POUR KARAME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 48, le 11 octobre 2018

  • OH rage OH desepoir OH SECRET ENNEMI , doit pleurnicher T Arslane. d'avoir ete mene en barque par GB .

    Gaby SIOUFI

    09 h 36, le 11 octobre 2018

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