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Liban - Crise financière

« Les Makassed ont reçu des donations », révèle Fayçal Sinno à « L’OLJ »

Le président des Makassed publie sur Facebook les raisons de l’effondrement financier de l’association islamique philanthropique de Beyrouth et espère rouvrir l’école Khadija el-Koubra.

Le président des Makassed, Fayçal Sinno. Capture d'écran Facebook/Faisal B. Sinno

Après la bombe lancée le 5 juillet par le nouveau président de l’association islamique philanthropique des Makassed de Beyrouth, Fayçal Sinno, annonçant la fermeture de l’école secondaire semi-gratuite Khadija el-Koubra pour des problèmes budgétaires, ce dernier publie sur Facebook les raisons de sa décision. S’adressant à tous ceux qui aiment l’institution humanitaire, il explique la situation des Makassed, 47 jours après sa prise de fonction, et promet l’adoption prochaine d’un plan de redressement de l’institution caritative, tout en invitant les donateurs à soutenir les Makassed par un vibrant : « J’attends vos contributions et vos idées. » Il espère surtout rouvrir rapidement l’école, tout en annonçant avoir déjà trouvé des solutions pour trois écoles de l’association philanthropique situées en zone rurale.
A L’Orient-Le Jour, Fayçal Sinno annonce en exclusivité, à l’heure d’aller sous presse, que les Makassed ont reçu des fonds aujourd’hui (hier) pour renflouer l’association. « Dans les dernières 24 heures et après mon discours, contrairement à certains qui mettent des conditions préalables, j’ai reçu plusieurs appels. C’est la preuve que des personnes qui croient en notre association sont prêtes à nous aider. Nous leur serons reconnaissants à jamais », ajoute M. Sinno.


(Lire aussi : Mobilisation pour débloquer le dossier des Makassed)


Impayés, manque de liquidités, gaspillage et réticence des donateurs
Dans la vidéo qu’il a publiée, le président des Makassed révèle que « la situation financière de l’association philanthropique est très mauvaise », pour « quatre raisons essentielles ». « Les écolages et les subventions de l’État ne suffisent pas à payer les frais des écoles quasi gratuites de l’institution », indique-t-il. Ces dernières accumulent donc les déficits budgétaires. « Malheureusement, l’État n’a pas permis aux écoles gratuites privées de bénéficier d’un soutien plus important, comme celui qui est accordé aux élèves non libanais, soutenus par les organisations internationales », déplore le président. 

À cette réalité vient s’ajouter « une grave crise de liquidités » due à plusieurs facteurs. D’abord, « les subventions publiques sont payées avec 4 ans de retard. Les subventions dues pour l’année 2014 sont réglées en 2018 », précise M. Sinno. « Et puis nombre de familles ne s’acquittent pas des frais de scolarité, surtout celles situées en milieu rural. » Même l’hôpital des Makassed qui accueille une majorité de patients aux frais de la CNSS et du ministère de la Santé « ne reçoit les subventions qu’avec beaucoup de retard ». Enfin, « les locataires de l’institution tardent à régler leur loyer, car ils sont touchés par la crise économique ».

Fayçal Sinno relève aussi « certaines failles » dans le fonctionnement de l’association, qui entraînent le gaspillage et la corruption. « Nous continuons à chercher », observe-t-il, affirmant qu’il fera preuve « d’une grande sévérité dans la lutte contre le fléau de la corruption, même s’il n’est pas particulièrement important ». 

Enfin, en cette période de crise économique, les Makassed peinent à mobiliser les donateurs (plus particulièrement de l’Arabie saoudite, NDLR). En plus de ses revenus d’écolage, de factures d’hospitalisation, de loyers et de services funéraires, l’association « compte principalement sur les donations, les aides et la générosité de la société ». « J’ai frappé à toutes les portes. Je n’ai épargné aucune personnalité. Mais je n’ai toujours pas reçu l’aide espérée pour l’association », déplore M. Sinno. Et ce malgré certaines aides financières ponctuelles et en nature de personnes moins nanties, qu’il remercie du fond du cœur. 


(Lire aussi : Bkerké dénonce les dettes de l’État envers les écoles gratuites, les hôpitaux et les associations)



Un plan de redressement d’ici à dix semaines
Par conséquent, les Makassed n’ont d’autre choix que « d’emprunter de l’argent pour financer leurs activités » et de « payer les marchandises au prix fort », vu qu’elles « règlent leurs factures avec un certain retard et qu’elles ont perdu la confiance de leurs fournisseurs ». Et puis les équipements de l’hôpital datent. « Ils ont aujourd’hui besoin de rénovation. Ils n’attirent donc pas les malades nantis, qui préfèrent aller se faire soigner dans des hôpitaux privés mieux équipés. » « C’est cette réalité qui a mis l’association sous pression financière », souligne Fayçal Sinno. Il a donc pris la décision de fermer 7 écoles des Makassed. Mais envisage à présent, si la situation ne se débloque pas, « de transformer trois de ces écoles semi-payantes en écoles payantes ». Une solution qu’il pourrait proposer aux 4 autres écoles menacées de fermeture. 

Revenant sur l’annonce, mercredi dernier, de la fermeture de l’école de Beyrouth, Khadija el-Koubra, « qui a accumulé les plus grosses pertes », M. Sinno fait remarquer que cette décision était « la plus difficile et la plus urgente ». Mais suite à la mobilisation du mufti de la République, Abdellatif Deriane, du Premier ministre désigné Saad Hariri, du ministre sortant des Finances Ali Hassan Khalil, et du ministre sortant de l’Éducation Marwan Hamadé, qui a débloqué les fonds dus à l’association pour l’année 2014, et qui promet de débloquer les sommes dues à la caisse de retraite des enseignants, Fayçal Sinno pourrait décider de rouvrir l’école. « Je vais inviter le conseil d’administration à une réunion jeudi 12 juillet dans cette école à Verdun, pour prouver au corps enseignant, aux élèves et aux parents notre soutien indéfectible, tout en espérant que nous pourrons rouvrir l’école rapidement », a-t-il conclu, promettant qu’il se battra et qu’il « ne vendra pas les biens de l’association ».

Quant au plan de redressement des Makassed, qu’il envisage de présenter au conseil d’administration « d’ici à dix semaines au plus tard », le président de l’association révèle qu’il repose sur une « restructuration globale » et une « vision financière générale », et comporte « une série de mesures contre le gaspillage et la corruption ».  C’est dans ce cadre que le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, qui a rendu visite au mufti Deriane, a appelé le roi d’Arabie, Salmane ben Abdel Aziz, et les Émirats arabes unis à soutenir financièrement l’institution caritative.




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