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Liban - Échelle des salaires

Les enseignants du privé menacent d’un recours en justice

Par souci d’économie ou pour se venger des syndicalistes, des établissements poussent des instituteurs à une retraite anticipée, dénonce Rodolphe Abboud.

Le président du syndicat des enseignants du privé, Rodolphe Abboud. ANI

Le président du syndicat des enseignants des écoles privées, Rodolphe Abboud, a menacé hier de passer incessamment à la vitesse supérieure, si la loi 46 sur l’échelle des salaires n’était pas rapidement appliquée. En cette fin d’année scolaire, la grande majorité des écoles privées n’appliquent que partiellement la nouvelle législation, accordant aux enseignants les augmentations de salaire sans les six échelons exceptionnels. M. Abboud a donc fait état hier, lors d’une conférence de presse, de la volonté du syndicat « d’intenter une action en justice » contre le ministère de l’Éducation, contre la Fédération des associations éducatives privées et contre la direction des Caisses des indemnités et de retraite des enseignants, pour « non-application de la grille des salaires », mais aussi « pour incitation contre l’application de la loi ». 

Le président du syndicat a aussi menacé de porter plainte auprès de l’Organisation internationale du travail pour violation par le Liban des conventions internationales du travail et de « son obligation d’équité entre les enseignants du secteur public et ceux du privé ». « Nous ne permettrons pas qu’il soit porté atteinte à la loi 46 ou à tout autre droit des enseignants. Il faut faire face à toute mesure contraire aux lois », a déclaré M. Abboud. Contacté par L’Orient-Le Jour, le syndicaliste explique que deux raisons le poussent aujourd’hui à hausser le ton. « Un mois à peine avant l’échéance du 4 juillet, qui est la date limite de renouvellement des contrats des enseignants, nombre d’établissements privés multiplient les abus envers les enseignants et poussent à la retraite anticipée ceux qui sont proches de l’âge de la retraite », constate-t-il. S’il est « normal » que nombre d’enseignants ne voient pas leurs contrats renouvelés en cette période, « il semble que des établissements se vengent des enseignants syndicalistes qui ont activement milité pour l’application de la grille des salaires », regrette le syndicaliste. « Ces derniers sont donc poussés à la retraite ou remerciés sans ménagement », dénonce-t-il. « Autre mesure prise par certains établissements dans un souci d’économie, l’augmentation de la durée d’une période d’enseignement de 50 à 60 minutes. Une mesure qui est jugée non pédagogique à l’égard des élèves et abusive envers les enseignants », fait remarquer M. Abboud.

Le syndicat des enseignants tient aussi à faire savoir qu’il jouit de « la personnalité morale » pour se pourvoir en justice contre ceux qui entravent la bonne application de la loi 46 : à savoir le ministère de l’Éducation, « qui insiste pour l’étalement dans le temps des effets de la grille des salaires », la Fédération des associations éducatives privées « qui refuse d’appliquer la loi dans son intégralité et mènent campagne contre son application », et enfin la direction des deux caisses de retraite et des indemnités, « qui ne paie pas aux enseignants la totalité de leur dû ». « Notre décision est prise, martèle M. Abboud à L’OLJ. Nous préparons nos dossiers et il est de notre droit de recourir à la justice ». Il précise d’ailleurs qu’un certain nombre d’enseignants qui ont fait valoir leur droit à la retraite ont déjà intenté un procès contre la direction des deux caisses, afin de garantir leurs droits.


(Lire aussi : Grand Lycée de Beyrouth : Lorsque la MLF et l’ambassade de France entrent en scène...)



Un conflit en voie de règlement
Cette conférence de presse s’est tenue alors que la crise des établissements de la Mission laïque française au Liban est en voie de règlement, et que les enseignants du Lycée franco-libanais de Nahr Ibrahim étaient une nouvelle fois en grève, hier pour réclamer leurs droits. Il y a quelques jours, un accord était signé entre le comité de parents d’élèves du Lycée franco-libanais de Verdun et la direction de l’établissement, pour une application intégrale de la loi 46 sur la grille des salaires. À l’issue de la grève des enseignants du Lycée franco-libanais de Nahr Ibrahim, les deux parties en conflit (comité de parents et institution) se mettaient enfin d’accord, hier, dans l’après-midi. Au Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth, où le dégel est déjà entamé, la médiation se poursuit dans l’attente du verdict final que doit rendre la juge des référés de Beyrouth, le 25 juin courant.



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Le président du syndicat des enseignants des écoles privées, Rodolphe Abboud, a menacé hier de passer incessamment à la vitesse supérieure, si la loi 46 sur l’échelle des salaires n’était pas rapidement appliquée. En cette fin d’année scolaire, la grande majorité des écoles privées n’appliquent que partiellement la nouvelle législation, accordant aux enseignants...

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