Les projets de carrières envisagés pour les jurds de Akoura et de Tannourine pour extraire des pierres et des roches au profit de la construction du barrage de Balaa continuent de faire l’objet d’un bras de fer entre les habitants des deux régions et les experts en environnement d’une part, et les parties impliquées dans ces projets d’autre part.
Dans ce cadre, le ministre de l’Énergie, César Abi Khalil, a appelé hier toutes les parties concernées par la construction du barrage de Balaa à « œuvrer pour assurer les ressources nécessaires en pierres et en roches afin de poursuivre les travaux de construction conformément aux critères techniques et environnementaux requis ». M. Abi Khalil s’exprimait à l’issue d’une réunion qu’il a présidée hier et qui était consacrée au suivi du dossier du barrage de Balaa.
En présence du directeur général du ministère, Fady Comair, et des conseillers, M. Abi Khalil s’est entretenu avec des représentants de la compagnie Eddé-Moawad, en charge de la réalisation du barrage, et les conseillers Artelia et Khatib & Alami, ainsi qu›avec deux experts internationaux en matière de construction de barrages, Bernard Tardieux et Alan Ezekiel.
(Lire aussi : À Tannourine, les opposants plus que jamais déterminés à faire face au projet de carrières)
Le fondateur de l’association Terre-Liban et du Mouvement écologique libanais (LEM), Paul Abi Rached, n’a pas tardé à répondre aux déclarations de M. Abi Khalil. « Conformément au décret portant le numéro 8803 / 2002, régissant le secteur des carrières au Liban, les permis sont accordés par le Haut-Conseil des carrières, présidé par le ministre de l’Environnement, et comprenant des représentants de neuf autres ministères. Or, les projets de carrières envisagés pour les deux régions n’ont pas passé par le Haut-Conseil et n’ont pas fait l’objet d’études d’impact sur l’environnement », martèle M. Abi Rached avant de poursuivre : « Le ministre de l’Environnement a décidé d’autoriser, d’un coup de crayon, l’extraction de pierres des jurds. »
« Un projet de carrières à Akoura et Tannourine est strictement illégal parce que ces deux régions font partie d’une zone classée parc naturel régional par le schéma directeur d’aménagement du territoire libanais élaboré par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) », précise M. Abi Rached. « Un parc naturel régional est une zone naturelle hyperdélicate et protégée par la loi », assure-t-il, avant de conclure : « Les décisions prises par les ministres de l’Environnement et de l’Énergie constituent une violation flagrante à la loi. »
Lire aussi
Projet de carrière ? La polémique s’envenime à Akoura..
Lutte contre les carrières illégales : le génie est enfin sorti de sa lampe !
À Tannourine, un rassemblement pour dire non aux carrières
Voir aussi notre dossier spécial
Les carrières, ces plaies indélébiles dans le paysage libanais
Pour mémoire
La politique de l’autruche dans la tragédie des carrières sauvages
Khatib à « L’OLJ » : La réglementation des carrières ne fait pas de doute
Journée de l’environnement : de l’action plutôt que du folklore !
La LOI...? Les responsables et autres ministres de notre pays, savent-ils seulement ce que ce mot signifie ? Irène Saïd
09 h 30, le 21 juin 2018