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Liban - Trois questions à...

Samir Zaatiti, hydrogéologue : Vendre le sable de mer ? Nous allons détruire notre façade maritime...

Le sable est depuis des millions d’années un facteur d’équilibre entre la mer et la côte. Ici, à Ramlet el-Baïda.

Quand un ministre de l'Environnement propose de vendre le sable de la mer pour, affirme-t-il, « trouver une solution radicale au problème des carrières de sable qui enlaidissent les montagnes et qui portent atteinte à l'environnement » (voir L'OLJ du 1er mai)... les propos sont assez graves pour être soulignés, quelle que soit l'intention par ailleurs. Dans une déclaration le week-end dernier, à l'intérieur d'une réserve naturelle à Nabatiyé, Tarek el-Khatib a déclaré que « l'État est en train d'étudier deux possibilités : soit il importera du sable d'Égypte, soit il vendra le sable de la mer et renflouera ainsi le Trésor ». Voici ce qu'en pense Samir Zaatiti, hydrogéologue.

 

Ce n'est pas la première fois qu'il est question de transport du sable de mer. Quel en est le danger ?
Le danger le plus grand, selon moi, ce sont des responsables qui s'expriment sur une question sans vérification du background scientifique, et qui pensent que l'État peut disposer d'une ressource naturelle sans rendre de comptes à personne. Si cette proposition est prise en compte, toute la belle façade maritime du pays risque d'être sérieusement défigurée. Car quand le sable aura été déplacé, par quoi sera-t-il remplacé ? Aujourd'hui, le sable forme une sorte de zone tampon entre la mer et la côte. L'ôter de là signifie mettre un terme à un équilibre qui existe depuis des millions d'années entre la mer et le continent. Les répercussions seront graves car la mer entrera plus profondément à l'intérieur des terres, avec tout ce qu'elle charrie d'organismes marins, ou encore de déchets occasionnellement. Qu'arrivera-t-il aux riverains ?

 

(Pour mémoire : Les camionneurs suspendent leur sit-in jusqu'à mardi)

 

Le sable de mer est-il remplaçable? Comment est-il formé et pourquoi est-il aussi précieux ?
Le sable de mer est absolument irremplaçable. À la base, le sable est le résultat d'une altération de ce qu'on appelle le « granite de Nubie », au sud de l'Égypte. Par cette altération est né un produit qui résiste à l'érosion, et qui donne des grains de quartz (de la silice pure) charriés par le Nil jusqu'en mer Méditerranée. Comme ce bassin méditerranéen se caractérise par des courants dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, le résultat est que ces grains de quartz sont rejetés sur les côtes de l'est de la Méditerranée, notamment au Liban. D'ailleurs dans le temps, une partie des côtes libanaises était couverte de sable. Or il faut savoir que depuis la construction du haut barrage d'Assouan en Égypte, ce flot naturel de quartz vers la Méditerranée rencontre un obstacle, et ce cycle qui résultait en un dépôt sur nos côtes s'en trouve interrompu. Le sable devient une denrée d'autant plus rare et précieuse.

 

Le sable de mer est-il valable pour la construction ?
Cela dépend de la nature du sable. En soi, le sable comme celui qu'on trouve à Ramlet el-Baïda, et qui est du quartz pur, est très prisé dans la construction parce qu'il est extrêmement résistant aux agents naturels. Voilà pourquoi il se vend très cher, et j'ai bien peur que ce ne soit pour cela qu'on veut en autoriser la vente librement. Rappelons-nous l'épisode de transport d'une grande quantité de sable de Ramlet el-Baïda vers le dépôt d'un entrepreneur lors de l'épisode récent de la construction du bâtiment de l'Eden Bay Resort! Et c'est pour cette raison qu'il faut souligner très clairement les dégâts environnementaux monumentaux qui en résulteraient. C'est comme s'il y a une volonté de se tourner aujourd'hui vers le littoral parce qu'il n'y a plus beaucoup de sable dans les montagnes défigurées et surexploitées. À mon avis, s'ils tiennent à utiliser du sable, il vaut mieux qu'ils en achètent en Égypte.

 

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commentaires (7)

QUAND A LA FACADE MARITIME... MONSIEUR ZAATITI... DE QUELLE FACADE PARLES-VOUS ? DES PLAGES SABLONEUSES IL N,EN RESTE QU,UNE INFIME PARTIE... LA FACADE DU LITTORAL A CHANGE IL Y A BELLE LURETTE, LES VAGUES NE ROULENT PLUS DANS DES BAIES OU SUR DES ROCHERS, FAUTE DE PLAGES, MAIS SUR DES MURS DE CIMENT !!!!!!!!!!!

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 53, le 04 mai 2017

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Commentaires (7)

  • QUAND A LA FACADE MARITIME... MONSIEUR ZAATITI... DE QUELLE FACADE PARLES-VOUS ? DES PLAGES SABLONEUSES IL N,EN RESTE QU,UNE INFIME PARTIE... LA FACADE DU LITTORAL A CHANGE IL Y A BELLE LURETTE, LES VAGUES NE ROULENT PLUS DANS DES BAIES OU SUR DES ROCHERS, FAUTE DE PLAGES, MAIS SUR DES MURS DE CIMENT !!!!!!!!!!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 53, le 04 mai 2017

  • LE SABLE DE MER EST EMPLOYE DANS LE BATIMENT... POUR SAUVER LEURS PLAGES LES EOROPEENS UTILISENT LE SABLE DES FLEUVES, TOUJOURS PLUS RENOUVELABLE, POUR LE BATIMENT BIEN QUE LA QUALITE DU SABLE DE MER EST SUPERIEURE... MAIS NECESSITE OBLIGE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 47, le 04 mai 2017

  • Laissez faire ces inconscients, quand il n'y aura plus de sable au bord des mers , ils vendront le sable qui sert à enterrer leur famille . Quels débiles à la cervelle ensablée ils font !!!!!!

    FRIK-A-FRAK

    16 h 57, le 03 mai 2017

  • Samir Zaatiti : Vendre le sable de la mer, c'est détruire notre façade maritime. Je suis un témoin oculaire : En 1936, on a décidé de créer un nouveau bassin au Port de Beyrouth. Pour ce faire, on a besoin de galets et de sables. Où les chercher ? Dans la baie de Jounieh. C'est ainsi que je voyais une armada de voiliers s'approcher le plus près du rivage sud de la baie, face à la place Chir, des ouvriers en descendre pour remplir leurs cabas de galets et sables puis les déverser directement dans les voiliers. Le travail fini, la plage s'était approchée de plus de 20 mètres des maisons, c'est normal, l'eau a rempli le vide créé par l'appétit du Port de Beyrouth. Bien plus tard, la construction de l'ATCL avec sa longue jetée, ont sauvé les maisons de la destruction totale par la mer en furie.

    Un Libanais

    16 h 54, le 03 mai 2017

  • non seulement sa proposition est debile- pour le moins- mais mr le ministre oublie que nous n'avons presque plus de plages sablonneuses chez nous. BUT WHO CARES, on fait une proposition , on prend une initiative , preuves que nous meritons notre salaire et plus encore

    Gaby SIOUFI

    10 h 12, le 03 mai 2017

  • ...Mr Tarek el-Khatib...ministre de l'environnement ou ministre des propositions totalement irréalisables ??? Vendre le sable du bord de mer...et qui se remplira les poches...comme d'habitude ? Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 43, le 03 mai 2017

  • Cette "idée"..? est aussi débile qu'"irrespon-sable " ! , d'autant que pour être utilisable , le sable de mer doit être lavé plusieurs fois à l'eau douce ,donc , surconsommation d'eau et pollution par le sel (chlorure de sodium).

    M.V.

    07 h 29, le 03 mai 2017

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