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Liban - Contestation

Khatib à « L’OLJ » : La réglementation des carrières ne fait pas de doute

Le syndicat des propriétaires de camions indique que « les véhicules seront garés dès demain (aujourd'hui) sur les bords des routes, mais sans paralysie des axes ».

Les camions, bennes relevées, laissaient à peine une file de voitures passer, causant d’énormes embouteillages. Photo Marwan Assaf

Les journées cauchemardesques sur les routes libanaises ne se comptent pas, mais celle d'hier a été particulièrement pénible pour les automobilistes. Sans crier gare, des centaines de poids lourds, leurs bennes relevées, ont fermé les principaux axes autour de la capitale, au sud comme au nord. Le motif : protester contre la fermeture, durant un mois, des carrières et contre l'interdiction de transporter des marchandises ; décision qui, prétendument, prive ces camionneurs de leur pain quotidien. Les camionneurs ont immobilisé tout un pays, retardé des dizaines de milliers d'automobilistes, mis leurs nerfs à dure épreuve... Bref, une population prise en otage, alors qu'elle est à mille lieues d'être impliquée dans l'affaire dont les manifestants se disent victimes, à savoir un problème de carrières, illégales ou légales, qui défigurent les montagnes depuis des dizaines d'années.

Dans les détails, les camionneurs ont fermé, totalement ou presque, plusieurs axes principaux durant toute la matinée, avant d'être obligés par les forces de l'ordre de retirer leur véhicules : l'autoroute côtière du sud dans les deux sens, au niveau de Khaldé, l'autoroute de Safra (nord de Beyrouth), Dahr el-Baïdar (entrée de la Békaa), Zahrani (Sud)... La tension provoquée par ce mouvement soudain était si forte qu'une dispute a éclaté entre des manifestants et des automobilistes à Ouzaï, dégénérant en coups de feu et en un accident de voiture. Un manifestant a même cassé les vitres de la voiture d'un automobiliste et a été aussitôt arrêté par les forces de l'ordre.

 

Une réglementation du secteur
La fermeture généralisée des routes a nécessité une réunion du Conseil central de sécurité, présidée par le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk. Celui-ci a déclaré à l'issue de la réunion que les fermetures de routes seraient strictement interdites, qu'il avait des directives claires du président de la République Michel Aoun et du Premier ministre Saad Hariri pour agir très fermement à ce propos. Pour sa part, le président du Parlement Nabih Berry a clairement condamné le mouvement de protestation et démenti les rumeurs qui lui attribuaient la « paternité » de cette contestation, affirmant avoir toujours été contre le chaos des carrières.

Même son de cloche auprès du ministre de l'Environnement Tarek el-Khatib. « L'interdiction de bloquer les routes sera appliquée demain (aujourd'hui) », assure-t-il à L'OLJ. Il rappelle que la fermeture des carrières et l'interdiction du transport des stocks durant un mois ont pour objectif d'organiser ce secteur très chaotique, les sites étant souvent exploités sans permis légaux (ou du moins adaptés), et sans aucun respect pour les normes environnementales.

« Le spectacle de nos montagnes est affligeant, affirme le ministre. Nous allons faire en sorte que les exploitants de carrières illégales nous envoient leur dossier, et s'ils remplissent les conditions de travail requises, le Haut Comité des carrières (NDLR : qu'il préside) leur accordera les permis. Sinon, leur activité sera interrompue. »

Ce secteur sera-t-il vraiment réglementé après des décennies de laxisme ? M. Khatib n'en doute pas. « Vous verrez bientôt que non seulement ce secteur, mais bien d'autres encore seront soumis à une planification efficace », dit-il.

 

Une action trop bien coordonnée
Loin de l'optimisme du ministre de l'Environnement, les observateurs ont noté hier que le mouvement des camionneurs était loin d'être spontané, que tout un secteur profitant du chaos se cache derrière cette action coordonnée afin de mettre fin à la timide décision de réglementer ce secteur.

Lorsque nous interrogeons le président du syndicat des propriétaires de camions, Chafic Kassis, il nous apporte une réponse surprenante. « Nous n'avons jamais voulu que les routes soient fermées, il n'y avait aucune directive de notre part, dit-il. J'avais simplement annoncé ma conférence de presse pour 13 heures, mais les chauffeurs étaient trop impatients et révoltés. » Un mouvement spontané et si bien coordonné ?
Vraiment ?

M. Kassis assure cependant que le bras de fer avec les autorités (aujourd'hui) n'aura pas lieu, puisque les camionneurs se contenteront, selon lui, de garer leurs véhicules sur les côtés des axes principaux. « Puisqu'on nous empêche de travailler, autant faire grève », affirme-t-il, précisant que les contacts avec les responsables ne sont pas prévus pour l'instant.

Chafic Kassis, qui est également à la tête d'une entreprise de commerce de gravier – comme nous avons pu le constater par une recherche rapide –, affirme que « la fermeture de carrières, à laquelle s'ajoute l'interdiction de transporter des marchandises, gèle tout le secteur de la construction, qui fait vivre des milliers de travailleurs ». Il redoute même « une hausse des prix du gravier, que certains pourront continuer à vendre sous le manteau ».

C'est l'idée de ce commerce gigantesque et ténébreux que soulève l'écologiste Paul Abi Rached, président du rassemblement d'ONG « Mouvement écologique libanais ». Pour lui, les chauffeurs ont été placés dans une situation conflictuelle avec la population pour des intérêts qui, probablement, les dépassent. « Les matières premières extraites des carrières ne vont pas qu'aux chantiers de construction, elles servent aussi à recouvrir les déchets dans les décharges nouvellement installées sur la côte, donc à remblayer la mer, dit-il. Nous avons détruit nos montagnes pour ensuite détruire nos côtes. Cela suffit à montrer combien les lobbies derrière ces manifestants sont puissants. Les autorités n'ont été fermes que contre les manifestants de la société civile, elles sont même complices avec certains. »

L'écologiste dénonce l'absence de planification et d'aménagement du territoire durant toutes ces années, insistant sur le fait que seule une organisation stricte, qui imposera aux exploitants les régions et les manières de travailler, pourrait résoudre durablement le problème.
Au-delà du mouvement de protestation qui pourrait, ou pas, se poursuivre aujourd'hui, c'est de cohérence et de transparence qu'a grandement besoin aujourd'hui le secteur.

Les journées cauchemardesques sur les routes libanaises ne se comptent pas, mais celle d'hier a été particulièrement pénible pour les automobilistes. Sans crier gare, des centaines de poids lourds, leurs bennes relevées, ont fermé les principaux axes autour de la capitale, au sud comme au nord. Le motif : protester contre la fermeture, durant un mois, des carrières et contre...

commentaires (2)

CES CARRIERES... LE CHAOS AUX OEUFS D,OR DONT SE GAVENT LES ENTREPRENEURS ET LEURS SPONSORS ! LES CARRIERES ETANT ILLEGALES LES CAMIONS LES DESSERVANT ... QUI PERTURBENT LA VIE DES CITOYENS... ET QUI EN PRINCIPE APPARTIENNENT AUX ENTREPRENEURS EUX-MEMES LE SONT TOUT AUSSI...

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 57, le 27 avril 2017

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Commentaires (2)

  • CES CARRIERES... LE CHAOS AUX OEUFS D,OR DONT SE GAVENT LES ENTREPRENEURS ET LEURS SPONSORS ! LES CARRIERES ETANT ILLEGALES LES CAMIONS LES DESSERVANT ... QUI PERTURBENT LA VIE DES CITOYENS... ET QUI EN PRINCIPE APPARTIENNENT AUX ENTREPRENEURS EUX-MEMES LE SONT TOUT AUSSI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 57, le 27 avril 2017

  • La réglementation des carrières ne fait aucun doute que ce sont nos politiciens et chefs de tribus qui font bouger la rue pour se venger du peuple et cacher leur impuissance d'élire un nouveau parlement .

    Antoine Sabbagha

    09 h 07, le 27 avril 2017

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