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Liban - Liban-Sud III / Reportage

Législatives au Liban-Sud III : « Nous voguons à l’intérieur d’une mer chiite »

Dans un bureau de vote à Nabatiyé.

L’ambiance qui prévalait hier dans la circonscription du Liban-Sud III (Nabatiyé, Marjeyoun-Hasbaya, Bint-Jbeil) ne laisse pas présager de grands changements au niveau des résultats des législatives. On prend les mêmes et on recommence, pourrait-on dire à la vue de l’ampleur des affichages partisans dans la région.

D’emblée, le ton est donné lorsque l’on s’engage sur l’autoroute qui mène vers Saïda et Tyr. La plupart des voitures sont recouvertes des drapeaux jaunes du Hezbollah ou verts du mouvement Amal avec, de temps en temps, des portraits du secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, du chef d’Amal, Nabih Berry, ou du fondateur d’Amal, l’imam Moussa Sadr. Plus on s’enfonce dans le Sud, plus l’affichage partisan se fait voyant, même si les rues principales sont vides, tout comme une grande partie des bureaux de vote.

Le centre de vote de l’école technique de Hayy el-Bayyad, à Nabatiyé, fait figure d’exception et grouille d’électeurs à mesure que l’heure avance. Des femmes en abaya irakienne noire et foulard jaune et des hommes en gilets et casquettes à l’effigie du Hezb sont postés dans les alentours de l’école pour guider les votants.

Une ambulance se gare devant l’école et des brancardiers transportent une femme étendue sur un lit à l’intérieur des bureaux de vote. Elle s’appelle Insaf et a 73 ans. « C’est très important pour moi de venir voter car ils (les membres du Hezbollah) nous protègent et ils nous ont permis de rentrer chez nous. Que Dieu les garde », lance-t-elle, étendue sur son lit et se préparant à être emmenée dans une des salles de vote.

Une femme âgée arrive aux bureaux, munie d’une canne. Elle peine à monter les marches mais une jeune femme qui l’accompagne l’encourage : « Ce n’est pas grave, c’est pour le sayyed (Nasrallah) », lui dit-elle.
Hala, la cinquantaine, est claire quant à son engagement partisan. « Nous ne votons ni pour l’eau ni pour l’électricité mais pour la résistance. Quand la résistance va bien, le pays va bien », estime-t-elle.


(Lire aussi : Législatives libanaises 2018 : Les leçons à retenir du scrutin)



« Il faudra s’attendre à des surprises »
À Marjeyoun, l’ambiance est différente et contraste avec l’effervescence de Nabatiyé. La présence des électeurs chrétiens dans les bureaux de vote est plutôt timide. La plupart n’habitent pas au Sud et peu sont venus de Beyrouth exprès pour voter.
Jean, 24 ans, vote pour la première fois. Il affiche fièrement son t-shirt à l’effigie de Fady Salamé, le candidat des Forces libanaises au siège grec-orthodoxe de la région. « Il est important pour moi qu’il y ait à nouveau une représentation chrétienne dans la région. Nous voulons que ce soient les votants chrétiens qui décident, nous n’avons pas de référence dans la région », déplore le jeune homme.

Devant le bureau de vote, les électeurs se divisent entre ceux qui portent les t-shirts représentant Salamé et ceux qui affichent l’effigie de son adversaire, le député sortant et candidat du Parti syrien national social (PSNS), Assaad Hardane. En revanche, peu de personnes s’affichent ouvertement en faveur de Chadi Massaad, candidat du Courant patriotique libre (CPL) au même siège, comme si la bataille se jouait principalement entre MM. Hardane et Salamé.


(Lire aussi : Les lenteurs du vote ont-elles fait ombrage à la liberté des législatives ?)


À Hasbaya, la bataille se déroule principalement entre la liste « Espoir et fidélité » du Hezbollah, Amal et PSNS et celle baptisée « Le Sud le mérite », emmenée par le Futur, le CPL, le Parti démocratique et des indépendants. Face à Anouar el-Khalil, député sortant et candidat druze d’Amal, le jeune Wissam Charouf, candidat druze du Parti démocratique, a des « chances de percer ».
« Il faudra s’attendre à des surprises, notamment du côté du Parti démocratique, estime un électeur portant un t-shirt du courant du Futur. Nous n’avons aucun espoir en Anouar el-Khalil (…). Nous ne voulons plus personne parmi cette classe politique formée de corrompus. Nous en avons assez ! Nous voulons voir de nouveaux visages au Parlement. »
Imad, vêtu du traditionnel habit druze, est venu voter avec sa mère et sa femme et il déclare avoir accordé son vote préférentiel à Anouar el-Khalil. « Nous ne pensons pas qu’il y aura du changement avec cette loi. Ils l’ont forgée à leur mesure. Nous voguons à l’intérieur d’une mer chiite », lance-t-il.


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