Candidate à l’un des deux sièges chiites de Beyrouth II, Lina Hamdane se présente dans la liste de L’Opposition beyrouthine, parrainée par l’ancien ministre Achraf Rifi et qui s’apprête principalement à mener bataille contre la liste du courant du Futur et celle du tandem chiite et des Ahbache (neuf listes se disputent les onze sièges de la circonscription). Fortement engagée dans la société civile, cette mère de quatre enfants compte bien faire entendre sa voix.
Avant de se présenter aux élections, Mme Hamdane a eu un parcours professionnel où la politique s’est toujours mêlée au social. Cette consultante en communication et stratégie, et traductrice assermentée a travaillé avec le Premier ministre Rafic Hariri, de 2000 à 2005, en tant qu’experte en communication et analyste politique. Elle a également occupé les mêmes fonctions en 2009 et 2010 au sein de l’équipe du Premier ministre actuel, Saad Hariri.
Après l’assassinat de Rafic Hariri, Lina Hamdane a travaillé au quotidien panarabe al-Hayat en tant que directrice de la section traduction et a occupé des postes d’éditrice chez Dow Jones et au New York Times Syndicate. Elle a contribué à implanter dans la région le Carnegie Middle East Center dont elle a été une des responsables. Elle a également travaillé sur un programme de l’Union européenne visant au développement de l’agriculture et du milieu rural au Liban.
À la demande de l’ancien ministre Mohammad Chatah, la candidate a travaillé de 2010 à 2015 en tant que consultante en communication pour le Comité de dialogue libano-palestinien. Elle s’occupe aujourd’hui de projets financés par l’Union européenne dans le monde entier et portant sur des sujets aussi variés que la lutte contre la corruption ou le changement climatique. Elle donne également des cours dans le domaine de la responsabilité sociale des entreprises et de la stratégie.
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Dépasser les clivages confessionnels
Au plan politique, Lina Hamdane est une militante 14 Mars de la première heure, notamment dans les milieux du secrétariat général de l’alliance. La candidate indépendante a aussi contribué à fonder le Parti du Liban et milite actuellement au sein du groupe souverainiste issu de la société civile, Forum du Liban.
Sa candidature dans Beyrouth II, elle la veut avant tout comme une affirmation de la diversité d’opinions au sein de sa communauté. « En tant que candidate indépendante à Beyrouth II, je veux faire face au tandem chiite Amal-Hezbollah et sa prétendue hégémonie sur tout le pays, explique-t-elle à L’Orient-Le Jour. Les gens qui voteront pour moi ou pour quelqu’un qui me ressemble prouveront qu’ils auront dépassé les clivages confessionnels », ajoute-t-elle.
Bien qu’elle ait côtoyé la famille Hariri pendant des années, Lina Hamdane affirme ne pas avoir cherché à se présenter dans la liste du courant du Futur. « J’ai travaillé longtemps avec les Hariri et je les respecte, mais tous les partis, dont le courant du Futur, sont au pouvoir depuis neuf ans. Ils ont eu neuf ans pour changer les choses, mais ils ne l’ont pas fait », souligne-t-elle.
« Notre liste est formée de candidats indépendants. Nous n’avons pas de financement extérieur, chacun finance sa propre campagne. Achraf Rifi nous aide uniquement au niveau logistique. Il ne nous demande rien. Il nous a dit qu’il était prêt à nous soutenir parce que nous avons le même discours que lui », indique-t-elle à L’OLJ.
« Les élections, c’est une étape parmi d’autres, poursuit-elle. Nous espérons pouvoir créer une force de pression sur les gouvernements et les responsables politiques pour leur dire que nous demandons une administration civile et un pays moderne qui adopte une politique de distanciation face aux pays de la région. Nous voulons également un État de droit, loin des armes illégales, qui puisse étendre sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national. Nous demandons aussi une délimitation des frontières maritimes et terrestres », explique-t-elle, avant d’ajouter: « Il est important qu’un groupe comme nous puisse arriver au Parlement. »
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Les droits du citoyen avant tout
Son programme électoral, Lina Hamdane le conçoit comme une réponse aux problèmes majeurs du pays, dont en premier lieu la lutte contre la corruption. « Nous avons grandement besoin de lutter contre la corruption. Il y a beaucoup d’organes de contrôle mais qui n’ont malheureusement pas le soutien politique pour mener à bien leur travail. Il y a également beaucoup de gaspillage au vu et su de tout le monde, et des emplois fictifs au sein de l’administration », souligne-t-elle.
« Les secteurs de l’agriculture, de l’industrie, des télécoms, du pétrole et du gaz ont besoin d’être pris en main. À quelques semaines des élections, les responsables nous disent qu’ils veulent faire quelque chose pour le pays. Ils ont eu neuf ans pour le faire », martèle la candidate indépendante, qui évoque ensuite plusieurs dossiers, tels que la couverture médicale, la retraite ou encore le droit de la femme à transmettre sa nationalité, mais aussi les libertés publiques ou les questions de pollution. Une manière de montrer que ce sont le citoyen et ses droits qui sont au cœur de ses préoccupations.
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12 h 38, le 16 avril 2018