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Liban - Législatives 2018 - Portrait

Marwan Tibi : Il n’y a plus rien à espérer de la classe politique actuelle

Marwan Tibi.

Il fait partie de ceux qui ont le Liban dans la peau et qui ne cessent de rêver de le voir renaître sous de meilleurs auspices. Forcé, comme beaucoup de jeunes à l’époque, d’aller poursuivre ses études en France, le temps que la guerre civile cesse de déverser sa terreur, Marwan Tibi, candidat sur la liste Kelna Beirut (Beyrouth II), était rentré au bercail une dizaine d’années plus tard pour apaiser sa nostalgie et renouer avec sa ville natale, Beyrouth. « J’ai aimé Beyrouth, même dans ses pires états et dans les moments les plus critiques », confie Marwan Tibi, qui parle de sa ville sur un ton romanesque, fait d’un mélange d’amour et de mélancolie.

La quarantaine et aspirant à voir à son arrivée le Liban en pleine effervescence et développement, ce patriote impénitent ne tarde pas à déchanter. Si la pierre a pu être partiellement réhabilitée dans son pays natal, les institutions n’ont pas suivi et la désolation qui régnait du temps de la guerre avait repris ses droits sous d’autres formes. « Depuis que je suis revenu, je ne fais qu’observer avec consternation les dysfonctionnements à tous les niveaux, que ce soit sur le plan de l’administration publique ou en termes de services de base comme l’électricité, l’eau, le transport, l’environnement », déplore-t-il, avant de noter que les rouages du système politique ne s’en portaient pas mieux non plus.

De père sunnite et de mère maronite, Marwan Tibi fait partie de ceux que le destin a désignés pour mieux dénoncer le confessionnalisme dévastateur et les déviations du communautarisme, qui aujourd’hui continuent à gangrener le monde politique et la société dans son ensemble. Il lui a fallu quelques années seulement pour réaliser qu’« il n’y a plus rien à espérer de la classe politique actuelle, incapable d’amorcer les changements dont le pays a besoin ». C’est ce qui a poussé ce journaliste – il est propriétaire du quotidien al-Yaoum et consultant en management – à s’impliquer à part entière dans l’action de Beyrouth Madinati (BM) lors des municipales de 2016, où il présente sa candidature aux côtés de 23 autres technocrates et experts de tous calibres, réunis sous la bannière de la réforme et du développement. Contre toute attente, la liste de BM parvient à rafler plus de 30 % des voix, mais surtout, à instituer toute une nouvelle culture de la gestion publique et à consacrer un nouvel enjeu de société, fondé sur la laïcité que la liste Kelna Beirut place sur la liste de ses priorités. « L’expérience de BM est la preuve que le travail collectif et le retour aux normes politiques de base peuvent être payants », dit M. Tibi qui se fait une fierté de rappeler qu’après Beyrouth Madinati, beaucoup de candidats n’osent plus désormais se présenter sans un programme en main, même insignifiant.


(Lire aussi : Élias Hankache : Lutter aujourd’hui pour le Liban de demain)


État laïc
Aujourd’hui, il reprend le flambeau avec Ibrahim Mneimné, architecte urbaniste et chef de liste BM en 2016, ainsi que six autres colistiers, tous des technocrates, animés par la même hantise, celle de réhabiliter l’État sous toutes ses coutures. Plus que jamais, ils sont persuadés qu’ils peuvent désormais mobiliser une nouvelle génération d’électeurs qu’ils s’efforcent d’attirer par un programme électoral sérieux.
 « Nous avons pratiquement toutes les spécialisations ou presque que requiert cet immense chantier qu’est le Liban », dit-il, en citant celles de ses colistiers. Sur la liste, figurent, outre M. Mneimné, Hassan Sinno (sunnite), un ingénieur industriel, Nadine Itani (sunnite), docteure en sciences de l’aviation et experte en transports, Nagi Kodeih (chiite), spécialiste de recyclage de déchets, Zeina Majdalani (grecque-orthodoxe), architecte paysagiste, Fatmé Mechref Hamasni (sunnite), dentiste, et Nouhad Yazbeck Doumit (protestante), présidente de l’ordre des infirmières et spécialiste en hygiène et santé. Un amalgame « non voulu », comme il dit, des grandes familles beyrouthines qui espèrent toutefois attirer les voix de ceux qui « croient en leur projet plutôt qu’en leurs allégeances familiales respectives, encore moins communautaires ».

L’un des piliers du programme électoral que soutient la liste est précisément « le dépassement du confessionnalisme politique au niveau des institutions de l’État, un premier pas vers le concept de l’État laïc qui se tiendrait à égale distance de l’ensemble des citoyens et des familles spirituelles ». Pour cela, un seul et même chemin pour y parvenir, explique Marwan Tibi, celui du respect de la Constitution. La bataille électorale que mèneront les candidats de Kelna Beirut est ainsi placée sous le signe de la nécessité d’ « imposer l’application de la Constitution, notamment les clauses portant sur l’abolition progressive du confessionnalisme politique et la création du Sénat ». C’est ce même texte garantissant les droits et devoirs des citoyens et « qui doit être impérativement lu par tous les citoyens » qui est « susceptible de prescrire des restrictions aux pratiques des gens placés au pouvoir et qui constitue la colonne vertébrale de l’État de droit », précisent les candidats dans un document définissant leur vision politique et leur programme électoral.
Ils se prononcent notamment en faveur du recouvrement de la souveraineté du pays, de l’affranchissement de la décision libanaise de toute ingérence externe et du monopole des armes par l’État. « Nous sommes clairement opposés à la table de dialogue et la création de nouvelles institutions parallèles qui ne font que saper un peu plus les institutions existantes », fait remarquer M. Tibi.

Placé sous le thème de la restitution au citoyen de sa dignité, tout un volet du programme est consacré aux questions de santé, d’éducation, d’environnement et de transport, ainsi qu’à la réhabilitation des services de base. Les candidats de la liste préconisent également une politique fiscale plus équitable et mettent en garde contre un taux de chômage galopant pour lequel ils proposent plusieurs remèdes.


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commentaires (12)

MALHEUREUSEMENT, ILS NOUS FAUT BEAUCOUP PLUS QUE ÇA POUR RÉVEILLER LA GRANDE MAJORITÉ DES GENS FATIGUÉS, ÉPUISÉS ET ENDORMIS AU SOUS SOL. MAIS CE N'EST PAS INTERDIT DE RÊVER, ÇA VIENDRA UN JOUR PEUT ÊTRE.

Gebran Eid

00 h 19, le 06 avril 2018

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Commentaires (12)

  • MALHEUREUSEMENT, ILS NOUS FAUT BEAUCOUP PLUS QUE ÇA POUR RÉVEILLER LA GRANDE MAJORITÉ DES GENS FATIGUÉS, ÉPUISÉS ET ENDORMIS AU SOUS SOL. MAIS CE N'EST PAS INTERDIT DE RÊVER, ÇA VIENDRA UN JOUR PEUT ÊTRE.

    Gebran Eid

    00 h 19, le 06 avril 2018

  • Cher Marwan Tibi, J'ai plus que le double de votre àge, laissez-moi SVP vous donner mon opinion : Le quart des candidats se présentent pour servir l'Etat et les citoyens tels Hussein el-Husseini (empêché), Tammam Salam, Marwan Hamadé, Sami Gemayel, Farès Soueid, Boutros Harb pour ne nommer qu'eux. Les trois quarts autres se présentent pour se servir. Vous le verrez dès le lendemain du 6 mai 2018.

    Un Libanais

    19 h 08, le 05 avril 2018

  • Tous les électeurs savent très bien que cette classe politique a les dents longues et ne recherche que le pouvoir et l'argent, l'ennui est qui en font redescendre des miettes sur leurs affidés cupides et/ou stupides. C'est le serpent qui se mord la queue, tout cela est verrouillé aux dépends des vrais libanais.

    Christine KHALIL

    17 h 02, le 05 avril 2018

  • Tant que les courants des tribus confessionnelles gouverneront le Liban il n'y aura pas de place pour les personnes libres comme Maewan . Triste mais vrai.

    Antoine Sabbagha

    16 h 52, le 05 avril 2018

  • Vous auriez entendu si vous aviez appelé des vivants mais vous appelez des morts. Falej la taalej, c'est une paraplégie, inutile de soigner. Bon courage, quand même de la part d'un Kesrouanais.

    Un Libanais

    15 h 08, le 05 avril 2018

  • Laïque vous dites! Attention vous vous attaquez aux clergés de toutes les confessions en une fois - ceux-là même à qui profiterait le système actuel. Ils ne vous laisserons pas avancer. ils sont très puissants. Bonne chance mais comment convaincre les électeurs que les anciens ont fait leurs temps et qu'il est temps pour eux de passer la main. chez les Grecs-Catholique pour entamer une procédure d'annulation de mariage c'est $US 4000 avant même que le tribunal ecclésiastique n'entre en matière.

    Shou fi

    13 h 30, le 05 avril 2018

  • Bonne chance!

    Khalil S.

    09 h 12, le 05 avril 2018

  • Le simple fait que votre liste contient 4 candidates féminines rend votre mouvement sympathique, BRAVO ET MERCI Monsieur Marwan Tibi, pour un programme très prometteur, et bonne chance à Beyrouth Madinati ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 39, le 05 avril 2018

  • Et cela depuis longtemps ! Le bilan de cette classe politique est négatif depuis longtemps, irréversible et sans espoir de construire un Liban, (pays minuscule), fort et citoyens heureux de vivre, un pays gouverné et divisé par des pays étrangers, dont l'Iran, pays non arabe, qui a crée une milice fortement armée, Quelle belle misère !

    FAKHOURI

    07 h 04, le 05 avril 2018

  • IL RESTE UNE DERNIERE CHOSE QUAND MEME A ESPERER : SON PROMPT DEPART ! L,ULTIME BON DEBARRAS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 45, le 05 avril 2018

  • IT IS ALWAYS THE DARKEST BEFORE THE DAWN

    LAWSON KASSHANNA

    04 h 21, le 05 avril 2018

  • GO AHEAD : GO... GO... GO... THEY ARE FROM THE PAST . SO THEY HAVE TO LEAVE . THE FUTURE IS YOUR GENERATION NOT THEM

    LAWSON KASSHANNA

    04 h 08, le 05 avril 2018

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