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À La Une - Portrait

Ziad Itani, l’opposant à Hariri… en quête des nouvelles élites beyrouthines

Retour sur le parcours du journaliste, candidat à l’un des sièges sunnites de Beyrouth II.  



Ziad Itani. Un nom qui a trop fait parler de lui récemment. Notamment dans le cadre de l’affaire Suzanne el-Hajj. D’autant qu’aussi bien le comédien Ziad Itani que le journaliste qui porte le même nom se sont vu impliqués dans le dossier. Aujourd’hui l’affaire est entre les mains de la justice. Cela laisse au journaliste Ziad Itani la possibilité de focaliser sur sa campagne électorale. Il est candidat à l’un des sièges sunnites de la circonscription Beyrouth II et fait partie de la liste « l’opposition beyrouthine » appuyée par l’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi.  

Si M. Itani se porte candidat pour la première fois, il reste qu’il est impliqué dans le domaine politique depuis plus de deux décennies. « Je suis le directeur du bureau régional du quotidien saoudien « Okaz » depuis plus de 20 ans. Et j’étais correspondant de la radio saoudienne « Djeddah » », raconte ce candidat blond aux yeux verts, qui a fondé le site web Ayoub News. Ziad Itani souligne aussi qu’il a travaillé aux quotidiens an-Nahar et al-Liwa.

Mais avant d’entamer ce riche itinéraire de journaliste, il s’est intéressé à la littérature arabe. C’est à la faveur de cette sensibilité qu’il a suivi des études dans ce domaine à l’Université libanaise (UL). Un peu plus tard, il décroche un diplôme d’études supérieures en critique littéraire, avant de publier quelques ouvrages principalement axés sur la vie quotidienne des habitants de Beyrouth.

Fier d’évoquer sa relation à la langue arabe et ses accomplissements dans ce domaine, Ziad Itani revient passionnément sur sa décision d’exercer le métier de journaliste. « J’étais en quête de nouveaux horizons », explique-t-il, qualifiant le métier d'« ingrat et difficile ». Mais en dépit de ce constat, il ne cache pas sa passion pour la profession. Cela se fait particulièrement sentir quand il évoque deux des étapes les plus marquantes de son parcours.

« J’ai eu la chance de couvrir la guerre contre l’Irak en 2003. Et je l’ai décrite dans un ouvrage intitulé « Divisions et mensonges… le chemin vers le château de Saddam », se souvient le journaliste. Il précise, toutefois, que le souvenir qui restera toujours gravé dans sa mémoire est celui d’un reportage effectué en 2014 dans le cadre duquel il a visité les prisons contrôlées par l’opposition syrienne et y a interviewé les détenus proches du régime de Bachar el-Assad. « A l’issue de cette expérience inédite, j’ai appris à respecter la souffrance d’un détenu quelle que soit son affinité politique », confie-t-il.


(Lire aussi  : Marwan Tibi : Il n’y a plus rien à espérer de la classe politique actuelle)


Avec Rifi… contre Hariri

Il est vrai que Ziad Itani a déployé de grands efforts pour couvrir les grands dossiers politiques du monde arabe. Mais Beyrouth et les Beyrouthins restent au centre de ses préoccupations. C’est, d’ailleurs pour cette raison qu’il a fondé le site web Ayoub News et qu’il a décidé de se porter candidat aux prochaines législatives.

La bataille que mène le candidat ne saurait être placée que sous le signe de l’opposition au Premier ministre Saad Hariri. D’autant que le jeune homme, toujours souriant, la mène aux côtés d’Achraf Rifi, une des figures les plus hostiles aux choix politiques du chef de gouvernement. La compétition revêt une importance tout aussi symbolique dans la mesure où elle aura lieu dans une circonscription longtemps considérée comme un des plus importants fiefs du Courant du Futur. Sauf que Ziad Itani ne perçoit pas les choses sous cet angle. Il préfère donner au scrutin de mai un autre objectif. « Nous voulons produire de nouvelles élites beyrouthines et recouvrer la dignité de la capitale. D’autant que nous assistons aujourd’hui à des tentatives de modifier son identité », déclare-t-il.

Se voulant optimiste quant aux résultats issus des urnes, il refuse l’idée selon laquelle la liste dont il fait partie chercherait à affronter Saad Hariri dans une circonscription considérée comme son fief. « Il est intolérable de parler de "fiefs". J’appartiens à une grande famille beyrouthine. C’est donc moi qui suis dans mon « fief », et non les autres » précise ce père d’une jeune fille qu’il a nommée Rita, à la faveur de la fameuse chanson qui porte le même nom, interprétée par Marcel Khalifé, dans laquelle le poète Mahmoud Darwiche évoque la cause palestinienne.

Ziad Itani reconnaît toutefois qu’il est contre les choix politiques de Saad Hariri. « Nous sommes le grand public de Rafic Hariri. Nous l’avons pleuré bien avant la création du Courant du Futur », rappelle-t-il. Et d’enchaîner : « Nous avons manifesté le 14 mars, bien avant que Saad Hariri ne soit désigné pour poursuivre le combat de son père ». Estimant que le nombre remarquable des listes en présence pour les onze sièges de Beyrouth II reflète la grogne qui s'empare des gens, le challenger assure que son opposition ainsi que celle brandie par le chef des Kataëb Samy Gemayel, l’ancien député Farès Souhaid, et plusieurs autres figures « mises à l’écart par le Premier ministre », n’est pas personnelle mais politique.

Ce qui pousse Ziad Itani à adresser ce message à Saad Hariri : «Nous n’avons pas abandonné les principes souverainistes. Nous n’avons pas changé notre positionnement politique. Quand vous reviendrez sur la bonne voie, vous nous trouverez à vos côtés. Bonne chance».

 

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Ziad Itani. Un nom qui a trop fait parler de lui récemment. Notamment dans le cadre de l’affaire Suzanne el-Hajj. D’autant qu’aussi bien le comédien Ziad Itani que le journaliste qui porte le même nom se sont vu impliqués dans le dossier. Aujourd’hui l’affaire est entre les mains de la justice. Cela laisse au journaliste Ziad Itani la possibilité de focaliser sur sa campagne...

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" Celui qui triomphe de la grisaille du quotidien est un héros. " Fiodor Dostoïevski

FAKHOURI

15 h 05, le 09 avril 2018

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Commentaires (1)

  • " Celui qui triomphe de la grisaille du quotidien est un héros. " Fiodor Dostoïevski

    FAKHOURI

    15 h 05, le 09 avril 2018

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