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Liban - Législatives 2018 - Portrait

Inaya Ezzeddine : derrière la douceur, la force et la détermination

« Chaque porte que Dieu ouvre est une opportunité pour donner quelque chose de soi. » Inaya Ezzeddine, ministre d’État pour le Développement administratif et candidate aux élections législatives à Tyr-Zahrani, a décidé de voir, toujours, le bon côté des choses. La vie n’a pourtant pas toujours été tendre pour elle : une rebelle, dans une famille conservatrice de Chehour, au Liban-Sud, décidée à « faire quelque chose » de sa vie, une fille qui se pose des questions, dénonce l’injustice et est influencée par la pensée et les propos de l’imam Moussa Sadr.

Encore étudiante, elle a fait un mariage d’amour qui a rapidement fini par un divorce, avec deux filles. Elle a dès lors choisi de se consacrer à sa famille et sa carrière. Elle a donc achevé ses études de laborantine et ouvert à son compte, en prenant un crédit, un laboratoire devenu l’un de ceux qui ont la meilleure réputation à Beyrouth, tout en essayant d’être présente pour ses filles et de faire en sorte qu’elles ne manquent de rien. Avec une certaine fierté, elle déclare : « Je suis une self-made woman. »

La voix douce et le visage paisible, Inaya Ezzeddine confie qu’elle n’a jamais fait de concessions sur ses principes et ses convictions, mais elle ajoute qu’elle n’a pas un caractère frondeur et agressif, préférant la patience et la détermination qui finissent toujours par être payantes, selon elle. « Je parais douce et docile, mais en réalité je suis une femme forte », dit-elle. Son engagement politique remonte à son enfance, sa famille était influencée par l’imam Sadr. Un jour, il a fallu traduire cette influence concrètement, et, en 2009, le chef du mouvement Amal, Nabih Berry, lui demande d’intégrer le bureau politique. Dès lors, elle s’investit dans l’action partisane, avant d’être choisie, toujours par le chef du mouvement, pour devenir ministre dans l’actuel gouvernement. Si la proposition de M. Berry l’a un peu surprise, Inaya Ezzeddine n’a toutefois pas songé un instant à la refuser. Pour elle, c’était un nouveau défi et l’occasion de travailler dans l’intérêt général. Elle ne se considère d’ailleurs pas comme un cas particulier, car, selon elle, le président de la Chambre a toujours privilégié la femme au sein du mouvement.


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Ce qui est particulier, par contre, c’est l’unanimité dont elle fait l’objet chez toutes les formations politiques. Au début, pourtant, on ne l’a pas prise au sérieux, mais rapidement Inaya Ezzeddine a réussi à s’imposer auprès de ses 29 collègues masculins, au sein du gouvernement, par son calme, son amabilité et en même temps ses opinions pertinentes, car elle est une bosseuse. Même au plus fort des conflits entre les ministres du mouvement Amal et ceux du CPL, elle est restée égale à elle-même, évitant de personnaliser les débats et donnant un avis professionnel. De plus, comme elle n’aime pas utiliser les médias pour faire sa propre promotion, ni faire des fuites, ses interventions au gouvernement restent discrètes et jamais dictées par des sentiments personnels. « Je ne politise pas les dossiers, dit-elle, et je ne cherche pas à régler des comptes. De plus, le président Berry nous a toujours demandé de ne pas mélanger les choses et de faire une distinction entre le président de la République et le chef du CPL. » Elle a donc conservé des relations professionnelles avec tous ses collègues, et, au plus fort de la crise entre MM. Berry et Bassil, elle a fait partie de la délégation présidentielle au Koweït.

A-t-elle été critiquée parce qu’elle est une femme voilée à un poste public ?
« Je pense, dit-elle, qu’il faut cesser de juger les femmes sur la forme. Le seul critère pour évaluer une femme ne doit pas être l’attirance qu’elle exerce sur son entourage. Le fond prend de la valeur avec le temps, alors que la forme inévitablement perd de sa valeur. »

Calme, réfléchie, cartésienne, Inaya Ezzeddine a quand même son brin de folie. « J’étais une enfant turbulente, agitée, mais jamais méchante », dit-elle. J’ai même eu ma période de doutes. En classe de troisième, j’ai jeté derrière moi mes croyances, pour prendre le soin de les redécouvrir seule. » Inaya Ezzeddine estime que sa relation avec Dieu est aujourd’hui très belle. « Dieu est très présent dans ma vie et tout ce qui m’arrive vient de Lui », note-t-elle.


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Elle croit à la réussite et elle est heureuse de pouvoir donner d’elle-même dans des projets. Son expérience au gouvernement lui a fait découvrir que la pourriture au sein de l’État n’est pas une fatalité. Tout comme le blocage. Lorsqu’elle a pris en charge le ministère, elle a réuni l’équipe et lui a dit : « Le train est en marche et il ne s’arrêtera pour personne. » En dépit de son allure fragile, elle a donc surpris ses collaborateurs et ses collègues. « C’est comme s’ils avaient brusquement découvert que ce ministère existait », dit-elle avec un sourire. Certes, elle sait qu’elle bénéficie de soutiens solides « de la part des trois présidents, tient-elle à préciser, mais je ne les utilise que pour mieux faire mon travail ».

Son travail est donc très important à ses yeux, mais elle n’en reste pas moins une femme qui aime les plaisirs simples, la famille, la cuisine, et qui rêve pour ses enfants d’une vie réussie à la fois sur le plan professionnel et sur le plan affectif... Sur ce sujet, elle ne considère pas qu’elle a raté sa vie sentimentale. « Chacun trouve son bonheur là où il peut. L’essentiel, c’est d’être en paix avec soi-même... » conclut-elle.



« Chaque porte que Dieu ouvre est une opportunité pour donner quelque chose de soi. » Inaya Ezzeddine, ministre d’État pour le Développement administratif et candidate aux élections législatives à Tyr-Zahrani, a décidé de voir, toujours, le bon côté des choses. La vie n’a pourtant pas toujours été tendre pour elle : une rebelle, dans une famille conservatrice de...

commentaires (6)

Chapeau à toutes ces dames libanaises qui œuvrent pour le pays! Bon courage et bonne chance

Wlek Sanferlou

05 h 50, le 01 avril 2018

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Commentaires (6)

  • Chapeau à toutes ces dames libanaises qui œuvrent pour le pays! Bon courage et bonne chance

    Wlek Sanferlou

    05 h 50, le 01 avril 2018

  • C’est parfaitement sain d’avoir des doutes durant son adolescence après le lavage de cerveau religieux durant sa jeunesse, surtout dans le monde scientifique d’aujourd’hui qui a démystifié pleins de superstitions et croyances primitives et ancestrales! C’est bien de retrouver par la raison une croyance en Dieu, mais le hic, c’est de ne pas retomber dans un fanatisme religieux, simplement parce que ça fait notre affaire et par opportunisme! Je cite en exemple, le statut de la femme dans notre société.

    Saliba Nouhad

    20 h 53, le 31 mars 2018

  • Je suis résolument contre le port du voile , mais faut respecter le choix des femmes quelqu'il soit . Enchanté quand même de vous avoir connu .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 51, le 30 mars 2018

  • est-ce qu'elle refusera de serrer la main du Pape comme la femme de son patron?? c'est digne de daesh quand meme cet extremisme

    George Khoury

    11 h 02, le 30 mars 2018

  • HONNEUR A CETTE FEMME ! MAIS SI ELLE POUVAIT SE REVOLTER AUSSI SUR L,HABILLEMENT IMPOSÉ AUX FEMMES PAR LES CONFESSIONS RIGOUREUSES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 13, le 30 mars 2018

  • Bravo, ça fait plaisir!

    NAUFAL SORAYA

    08 h 13, le 30 mars 2018

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