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Liban - Législatives 2018 - Portrait

Hussein Zeaïter : du noyau fondateur du Hezbollah à la candidature aux législatives

Hussein Zeaïter. Photo Facebook

Le visage souriant et la voix douce, cheikh Hussein Zeaïter ne semble pas vraiment concerné par la polémique soulevée par sa candidature dans la circonscription de Kesrouan-Jbeil. Avec une attitude détachée, il la justifie par les considérations politiques liées aux élections législatives. Mais il ne se considère pas comme un homme de défi.

Né en 1962, il fait partie du noyau fondateur du Hezbollah, puisqu’il a rejoint les rangs de la résistance en 1982. Dès le départ, sa mission s’est concentrée sur l’orientation religieuse et il a collaboré de près avec l’ancien secrétaire général du Hezbollah Abbas Moussaoui dans la haouza (école religieuse) qu’il avait créée à Baalbeck. En 1985, il s’est rendu en Iran pour y poursuivre des études religieuses et obtenir ainsi le titre de cheikh. Mais Hussein Zeaïter n’est pas un cheikh comme les autres, puisqu’il est en civil et ne porte pas le turban. Est-ce une question de hiérarchie religieuse ?

« Non, c’est mon choix, dit-il, car je voulais être plus libre. » De retour au Hermel, dont il est originaire, il se plonge immédiatement dans la préparation des élections législatives de 1992, les premières auxquelles participe le Hezbollah. Il s’installe ensuite à Baalbeck où il occupe des fonctions administratives. En 2001, il prend la responsabilité de l’unité des affaires sociales à Beyrouth avant d’être nommé responsable du Mont-Liban, qui s’étend du Metn jusqu’au Akkar. Cheikh Zeaïter affirme qu’il n’a jamais eu de responsabilités militaires au sein du Hezbollah, son rôle étant dans la planification et l’orientation religieuses. Il précise d’ailleurs que le fait de dire qu’il a un passé sécuritaire et militaire s’inscrit dans la campagne de dénigrement menée contre lui, pour effrayer les électeurs, surtout chrétiens.

Justement, pourquoi a-t-il été choisi comme candidat au siège chiite d’une circonscription à grande majorité chrétienne ? N’est-ce pas un signe de défi ? « Pas du tout, répond cheikh Zeaïter. Le sayyed (Hassan Nasrallah) a fait ce choix parce que je suis installé dans cette région depuis 2004 et je la connais bien. J’ai beaucoup travaillé au Kesrouan et à Jbeil, pas seulement avec les chiites, mais aussi avec les parties chrétiennes dans la région. Je crois d’ailleurs que ma connaissance des familles chrétiennes et chiites de cette circonscription est meilleure que celle de certains candidats qui y sont venus récemment », dit-il, avant d’ajouter : « Qui voulons-nous défier ? Notre allié le CPL ? »  Cheikh Zeaïter considère d’ailleurs cette alliance avec le CPL comme stratégique. Mais cela ne l’empêche pas de reconnaître qu’il y a un peu d’eau dans le gaz, notamment au sujet des élections. Selon lui, cela s’est surtout concrétisé à Jbeil.


(Lire aussi : Bakr Hojeiri, de l’Union soviétique au Courant du Futur…)


Justement, alors que depuis 2005, le Hezbollah choisit des candidats « soft », pourquoi a-t-il décidé maintenant de choisir un cadre important du parti ? « D’abord, répond le cheikh, c’est une nouvelle politique, adoptée par le Hezbollah dans la plupart des circonscriptions qui correspond à une décision de favoriser l’action partisane en général. Mais je voudrais rappeler qu’au cours des précédentes élections, nous avions donné la priorité à nos alliés. Aujourd’hui, nous le faisons toujours, mais nous cherchons aussi à penser à nous-mêmes. En 2005, peu le savent, mais nous avions violé l’accord quadripartite (Amal-Hezbollah-courant du Futur-PSP) pour préserver la coexistence en appuyant le candidat du CPL Abbas Hachem. Nous lui avions donné toutes nos voix (8 500). En 2009, même chose, nous avons donné toutes nos voix (9 500) au CPL. Je sais de quoi je parle, car je dirigeais la machine électorale du parti. Nous avions même tenu des réunions avec la machine électorale du CPL dans cette même salle. Nous leur avions d’ailleurs conseillé de former un parti pour regrouper leur large public et, après les élections, nous avons organisé des réunions d’évaluation pour définir les failles et les régler. » Selon lui, des cadres du CPL sont aujourd’hui dérangés par le fait qu’il ne figure pas sur la liste de ce parti.
Pourquoi ne l’est-il pas ? « Il y a plusieurs facteurs, dit-il. D’abord la direction du CPL a changé. Ensuite, les calculs pour la victoire sont différents à cause de la nouvelle loi. Enfin, certaines personnalités qui se sont alliées au CPL ne voulaient pas être sur la même liste que le candidat du Hezbollah. »

Sa candidature a toutefois suscité aussi un mouvement de rejet chez les familles chiites. « Non, dit-il, ce sont les candidats des familles qui l’ont refusée, mais pas les gens. D’ailleurs, des dix candidats initiaux, il n’y en a plus que quatre, parce qu’au final, notre environnement est favorable à la résistance. » Hussein Zeaïter affirme qu’il s’attendait à la campagne menée contre lui, c’est pourquoi il n’en éprouve aucune amertume. Ce qui lui plaît le plus, c’est qu’en général Hassan Nasrallah fait l’éloge des partisans lorsqu’ils meurent. « Moi, il m’a accordé sa confiance de mon vivant et j’en suis fier », dit-il.



Cheikh Zeaïter confie que de grandes pressions ont été exercées sur des personnalités chrétiennes pour les empêcher de former une liste avec le Hezbollah. De son côté, le Hezbollah a pris sur sa liste Bassam Hachem, un ancien cadre du CPL (qui a démissionné récemment), alors qu’il y avait une sorte d’accord pour ne pas le faire. « À partir du moment où nous nous sommes entendus avec l’ancien ministre Jean-Louis Cardahi, c’est lui qui a pris en charge la formation de la liste et qui a établi les contacts dans ce but. Pour lui, l’équation était simple : pouvons-nous mettre un veto sur un des membres de leur liste ? Non, dans ce cas, il n’y a pas non plus de veto sur les membres de notre liste. »

Compte-t-il accepter l’idée du candidat à Jbeil Farès Souhaid de mener un débat télévisé à deux ? « Lorsqu’il sera réellement démocratique et qu’il nous acceptera comme composante libanaise du pays et comme faisant partie du tissu social de Jbeil, nous mènerons avec lui un débat démocratique. En tout cas, ce qu’il dit publiquement est différent des messages qu’il nous envoie en douce. »

Selon lui, il peut bénéficier d’environ 12 000 voix chiites (à peu près 73 % des voix chiites de la circonscription). Il pense donc que la liste devrait atteindre facilement un coefficient électoral et elle travaille pour en obtenir deux. 

« De toute façon, le 7 mai, tout cela sera dépassé et les parties qui étaient en bataille entre elles (re)découvriront qu’elles doivent vivre ensemble dans ce pays. Je suis convaincu que les Libanais ne sont pas si éloignés les uns des autres, mais c’est la politique qui les divise. » Il ajoute : « Les élections terminées, on reviendra aux questions importantes, comme la lutte contre la corruption. Mais en attendant, beaucoup veulent la peau de la résistance, à travers ces élections. » Y compris le CPL ? « Pas du tout, répond cheikh Zeaïter. Les divergences actuelles sont tactiques, mais ne portent pas sur le fond. »


Le visage souriant et la voix douce, cheikh Hussein Zeaïter ne semble pas vraiment concerné par la polémique soulevée par sa candidature dans la circonscription de Kesrouan-Jbeil. Avec une attitude détachée, il la justifie par les considérations politiques liées aux élections législatives. Mais il ne se considère pas comme un homme de défi. Né en 1962, il fait partie du noyau...

commentaires (8)

Ancien chasseur-tueur d'oiseaux, j'ai parcouru le Liban dans tous les sens, j'ai des amis partout à Nabatiyé, à Wadi-Khaled, à Gharifé, à Abou-Am'ha, à Tyr, à Chlifa, à Ghosta etc... c'est sous cet angle-là que je vois mon pays. Lorsque le CPL impose aux Kesrouanais le candidat Chamel Roukoz venu de Batroun, je ne vois pas pourquoi le Hezbollah n'imposerait pas aux Jbeilotes le candidat Husseil Zéaïter venu de Baalbek-Hermel ? C'est ainsi que je juge les choses.

Un Libanais

18 h 35, le 03 avril 2018

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Commentaires (8)

  • Ancien chasseur-tueur d'oiseaux, j'ai parcouru le Liban dans tous les sens, j'ai des amis partout à Nabatiyé, à Wadi-Khaled, à Gharifé, à Abou-Am'ha, à Tyr, à Chlifa, à Ghosta etc... c'est sous cet angle-là que je vois mon pays. Lorsque le CPL impose aux Kesrouanais le candidat Chamel Roukoz venu de Batroun, je ne vois pas pourquoi le Hezbollah n'imposerait pas aux Jbeilotes le candidat Husseil Zéaïter venu de Baalbek-Hermel ? C'est ainsi que je juge les choses.

    Un Libanais

    18 h 35, le 03 avril 2018

  • Selon An-Nahar du 3 avril, le ministre Hussein Hage Hassan aurait dit dans une réunion électorale : "Nous voterons à Jbeil-Kesrouan par notre sang". Pourquoi cette véhémence ? Nous sommes en 2018 et non aux temps d'Attila et les Huns !

    Un Libanais

    17 h 55, le 03 avril 2018

  • voila les candidats ideals de l'etat du grand liban declare en 1922... si l'on avait accepete en 1922 l'offre du liban libanais que la France nous proposait on ne serait pas dans cet embrioglio de "trop grand liban""::::parfois arabe parfois perse..sans oublier syrien ou palestinien... TOUS ont voulu liberer l'ETAT DU GRAND LIBAN de son occupant LIBANAIS... Le probleme est que sur les steles de NAHR EL KALB il n'y a plus de place pour les nouveux envahiseurs devenuent de surcroit residents de l'etat du grand liban....

    michel raphael

    13 h 45, le 03 avril 2018

  • il est propret sur lui..barbe bien taillee...pas de turban...il manque juste la cravate...mais attention ..le venin est bien cache...un beau cadeau pour kesrouan et jbeil...

    Houri Ziad

    11 h 00, le 03 avril 2018

  • ce que l'on ne dit pas la, ce que l'on cache toujours est que mr zeaiter et ses semblables, donc candidats de hezb , ont la partie belle a se presenter comme sereins, ouverts a tous, democrates meme puisqu'ils sont satisfaits du fait d'avoir le pouvoir quasiment dans la poche. paraitre sous un jour favorable leur est donc tres facile.

    Gaby SIOUFI

    10 h 02, le 03 avril 2018

  • IL faut de tout pour faire un monde et le Liban tribal restera ainsi , pas de députés mais des désignés.Triste ..

    Antoine Sabbagha

    09 h 24, le 03 avril 2018

  • Un très, très long article pour convaincre que ce candidat, cheikh Hussein Zeaïter est la personne idéale pour représenter la circonscription de Kesrouan-Jbeil. Attendons pour constater, s'il est élu, ce qu'il saura accomplir pour cette région ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 51, le 03 avril 2018

  • Je suis vraiment sidéré par ces propos assez démagogiques de Mr Zeaïter, concernant la région de Jbeil et pleins de faussetés! J’en parle en connaissance de cause, étant originaire de Kartaba, et ayant vécu de près depuis plusieures décennies toutes les élections dans la région! Sans être biaisé pour un candidat ou un autre, mais je peux dire que les chiites de Jbeil ont toujours vécu en harmonie totale avec les chrétiens de la région et s’entendaient parfaitement jusqu’à l’arrivée de l’influence du Hezbollah il y a près de 20 ans: alors qu’on visitait allègrement la grotte de Afka, on n’ose plus y mettre les pieds, surtout une femme non voilée, sans compter les problèmes sur les églises à Lassa créées de toutes pièces, on sent un retour à un fanatisme communautaire et religieux qui n’avaient jamais existé auparavant... Et là, on veut imposer un cadre important du parti, pas originaire de la région, dans quel but, sinon, d’avoir une mainmise totale dans une zone à majorité chrétienne? Même le CPL refait ses calculs, réalisant que le Hezbollah veut dominer l’électorat chiite même dans ses propres fiefs! On ne peut que dénoncer ce jeu cynique et très dangereux pour l’avenir!

    Saliba Nouhad

    04 h 30, le 03 avril 2018

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