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Culture - L’artiste de la semaine

Shadi Torbey, chez lui partout

Le baryton-basse libano-belge a secoué récemment le ronron de la scène musicale libanaise avec son « Winter Reise » (Voyage en hiver) de Schubert, dans un allemand guttural d’une limpide clarté.

Shadi Torbey.

Quarante et un ans, les épaules larges, la stature imposante, les cheveux noirs sagement coupés, les yeux perçants derrière les lunettes et une voix à la Shere Khan (le tigre du Livre de la jungle, de Disney), le Libano-Belge Shadi Torbey n’a jamais rompu les amarres avec son pays d’origine. Faisant constamment la navette, il est en ce moment omniprésent dans les activités culturelles et musicales libanaises.

Quelle impression l’étreint à chaque retour aux sources ? L’artiste a cette réponse à la fois sage et pointue : « Je citerais en paraphrasant un peu Edward Said qui rapportait les propos d’un mystique du Moyen Âge : le débutant se sent chez lui à la maison ; celui qui est plus avancé se sent chez lui partout ; et celui qui est vraiment très fort se sent étranger partout. »

Flash-back impromptu dans la passion de chanter de ce lauréat (troisième prix) du concours Reine Élisabeth en 2004. « Ce prix m’a fait du bien et j’en étais content, sans cependant perdre la tête en dépit d’une bonne couverture médiatique », se souvient-il. Il était d’ailleurs le premier lauréat belge de longue date (et que dire alors du Liban qui, par ricochet, en recueille aussi l’éclat...). Mais de toute façon, sa carrière avait déjà paisiblement démarré entre Metz et Lyon… « Je veux bien être sur scène, mais je ne suis pas pour la starisation. je préfère la reconnaissance dans l’anonymat… » assure-t-il.

Rossini, Rossini, Rossini...
Mais revenons à ce déclic, clef de toute profession, doublée de rêves secrètement caressés. « J’ai toujours aimé chanter, confie Shadi Torbey, et c’est vers l’âge de quinze ans que tout s’est concrétisé. » Il a le coup de foudre chez une parente quand La flûte enchantée de Mozart passe en vidéo. Et non, ce n’est pas trop tard pour commencer les cours de chant, comme certains peuvent le penser ! C’est juste le bon moment après la mue. Le timbre de sa voix ? « Il y a du génétique, reconnaît-il. «Pour une voix, c’est comme la taille, la couleur des yeux, les cheveux : l’hérédité a son mot à dire. Et puis une voix, même avec des données singulières, se travaille, se muscle, tout comme pour un sportif… » Il fera donc le Conservatoire royal de Bruxelles. Tout en lorgnant durant un an du côté de la scénographie ! Parallèlement, il entame des études supérieures de langue et littérature romane et montre aussi un penchant pour la création des jeux de société. « Lesquels ont été par la suite publiés… » avoue-t-il. Quels sont ses chanteurs favoris ? La réponse reste un peu distante. « Beaucoup de monde, dit-il. Cela remonte surtout à mes années de jeunesse. Mais je peux donner certains noms dont José Van Dam, Samuel Ramey et surtout Placido Domingo. Aujourd’hui, ce sont toujours les mêmes, plus les autres ! »

Fort d’un répertoire mozartien, baroque et rossinien, après avoir été, entre autres, Figaro, Leporello, Bartolo (dans Le Barbier de Séville) et découvert Caronte (Charon) dans Orfeo de Monteverdi, quels rôles il aimerait interpréter et incarner ? « Rossiniens, lance-t-il. Mustapha dans L’Italienne à Alger, Selim dans Le Turc en Italie, Assour dans Sémiramis… Et aussi le roi d’Écosse, ou Zoroastre, dans l’Orlando de Haendel… »

Le moi
Professeur de chant entre deux concerts et deux productions scéniques, polyglotte usant en toute fluidité le français, l’anglais, l’italien, l’allemand et l’arabe, qu’il approche vocalement en toute précaution, Shadi Torbey a plein de projets en tête.

L’attendent incessamment en avril à Bruxelles Les noces de Figaro et le Don Alfonso de Cosi fan tutte  du divin Mozart. Mais aussi des oratorios, un Stabat Mater de Dvorak, un Requiem de Fauré et le même Winter Reise de Schubert donné à Baabda chez les antonins, ainsi qu’un récital, avec au piano Lucas Blondeel, au cœur de la capitale belge.
Pour terminer, quelle serait pour ce baryton-basse la définition d’une voix ? « Difficile à cerner », dit-il, avant de lâcher : « C’est comme le physique, c’est un reflet et pas du tout en même temps… Disons alors, c’est une facette du moi… »


1976
Naissance à Siegburg en Allemagne
 
1992
 Découverte de l’opéra et premiers cours de chant

2000
 Campe le rôle du docteur Grenvil dans « La Traviata » de Verdi

2004
Obtient le 3e prix au concours
international Reine Élisabeth

2006
 Campe Leporello à Maastricht

2007
« Winter Reise » de Schubert à Bruxelles, accompagné au piano par Abdel Rahman el-Bacha

2010
 Publication de son premier jeu de société « Onirim »

2011
Figaro à Aix-La-Chapelle


http://galeriecherifftabet.com/fr/alterner-home/



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commentaires (1)

La culture libanaise s'enrichit avec l'apport de ses enfants qu'ils habitent à Paris, à Londres ou à Sidney... Leurs cœurs et leurs pensées restent au Liban.

Sarkis Serge Tateossian

08 h 41, le 04 avril 2018

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Commentaires (1)

  • La culture libanaise s'enrichit avec l'apport de ses enfants qu'ils habitent à Paris, à Londres ou à Sidney... Leurs cœurs et leurs pensées restent au Liban.

    Sarkis Serge Tateossian

    08 h 41, le 04 avril 2018

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