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Liban - Législatives 2018 - Portrait

Levon Telvizian, un candidat qui s’engage pour le droit à la ville du citoyen

Candidat à l’un des trois sièges arméniens-orthodoxes à Beyrouth I, membre du mouvement Li Baladi de la société civile, l’architecte détaille son programme pour « L’Orient-Le Jour ».

Levon Telvizian se positionne comme un candidat atypique, avec l’objectif de redessiner le territoire en fonction du développement.

Il est architecte, urbaniste, chercheur. Il est enseignant à l’Université libanaise et à l’ALBA. Il est consultant auprès d’organismes internationaux, tel UN-Habitat, pour l’élaboration de politiques nationales urbaines au Liban, pour l’étude des enjeux des villes, de la justice sociale, du développement local, de la gestion municipale... Son travail s’étend aussi aux villes arabes. Levon Telvizian se positionne comme un candidat « atypique ». De par son discours innovant, fédérateur et différent, son désir de mettre ses compétences au service du pays, sa volonté de changer les choses de bas en haut. À 71 ans, le doyen du mouvement Li Baladi se présente dans la circonscription de Beyrouth I au sein de la liste Koullouna watani, issue de la société civile.

Réviser les lois urbaines
Candidat à l’un des trois sièges arméniens-orthodoxes, ce membre de la campagne municipale Beyrouth madinati compte sur les voix des nouveaux votants : la jeunesse née après la guerre qui souffre des problèmes du pays, mais qui n’est pas prise dans l’engrenage confessionnel, pas plus qu’elle n’est séduite par les discours partisans traditionnels. S’il est élu, le 6 mai prochain, c’est « sur la ville dans le sens large du terme » qu’il envisage de se pencher. Car il veut œuvrer à corriger l’injustice sociale et spatiale qui découle de la gentrification urbaine, pour refaire du Grand-Beyrouth et des autres villes du pays des environnements socio-économiques et humains, empreints de diversité sociale et ethnique. Il dénonce notamment « la ségrégation » provoquée par la loi sur la libéralisation des anciens loyers. « Parmi les changements néfastes que cette loi entraîne, l’exclusion de catégories dans l’incapacité de payer leur loyer et le remplacement des habitats modestes par des tours », observe-t-il. Réviser les lois favorables à cette injustice, comme les lois sur les loyers, sur les municipalités, sur la planification urbaine, sur la décentralisation, figure parmi les priorités de Levon Telvizian. « Je veux aussi mettre en place une politique urbaine nationale », affirme-t-il à L’Orient-Le Jour.

L’architecte prend comme point de départ la révolution mondiale actuelle : « L’humanité dans sa grande majorité vit dans les villes. » Ces dernières sont à la fois « un moteur de développement et de ségrégation » de par leurs enjeux sociaux, politiques et culturels. « Beyrouth ne se contente donc plus d’être uniquement municipal et administratif. Il s’étale aujourd’hui sur près de 50 municipalités, de Damour à Nahr el Kalb, souligne-t-il. Et 35 % de la population libanaise vit sur 2,2 % du territoire libanais ».

Ce citadin originaire de Rmeil, qui se déplace à pied ou en taxi-service, a collaboré avec la municipalité de Bourj Hammoud pour piétonniser des rues très embouteillées. « Maintenir la dynamique de ce marché intermédiaire entre Beyrouth et Zalka doit aussi passer par la préservation du savoir-faire local de ses artisans », soutient-il. Des défis propres à Bourj Hammoud, qu’il est possible de transposer à Saïda, Tripoli ou Jezzine, note l’expert. « Toutes ces villes bénéficient d’un savoir-faire local qui se perd face aux produits importés », déplore-t-il.


(Lire aussi : Beyrouth I : Le vote du Tachnag plus décisif que jamais)


Le changement de bas en haut
À plus large échelle, M. Telvizian vise une réforme du territoire à travers l’adoption d’un schéma national d’aménagement du territoire libanais. Car il estime que les vieux modèles de division du territoire en mohafazats et cazas sont dépassés. « Il est nécessaire de redessiner le territoire en fonction du développement, ou du moins de lancer le débat dans ce sens », insiste-t-il. Face à un pouvoir central fragmenté, qui délaisse ses devoirs, nous assistons à l’émergence d’une nouvelle entité, l’union de municipalités, qui se penche activement sur les services publics et les droits des citoyens ». Il rappelle les victoires remportées par certaines unions de municipalités qui ont « tenté l’expérience du changement de bas en haut » dans leur gestion de la crise des déchets, ou la distribution du courant électrique, 24 heures sur 24. Et ne manque pas de saluer le travail accompli à Zahlé notamment.

Levon Telvizian, qui s’aligne sur la politique du mouvement Li Baladi pour les grands dossiers libanais, est convaincu qu’on ne peut régler les problèmes endémiques des villes, tels le trafic routier, les déchets ménagers, l’alimentation en courant électrique, la présence réfugiée… sans une « vision socio-économique claire ». Avec pour objectif « le développement équilibré ». « La vision actuelle pour Beyrouth est tellement étriquée, grogne-t-il. Son centre est abandonné par le gouvernement aux prédateurs immobiliers, à la corruption, à l’enrichissement illicite de parties au pouvoir. La capitale est transformée en ghettos qui se tournent le dos. » D’où la nécessité « de repenser le partenariat public-privé, dans le sens noble du terme ».

S’il regrette fortement l’étalement massif et incohérent des villes du pays, « sans le moindre mécanisme de contrôle », le qualifiant de « désastre environnemental », ce qui l’attriste encore plus, c’est que « le débat sur cette réalité est inexistant au niveau de l’État ». L’urgence consiste à « mettre en place une cohérence et une gouvernance » autour des questions liées à l’habitat, de manière « à respecter le principe du droit à la ville des citoyens ».



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Il est architecte, urbaniste, chercheur. Il est enseignant à l’Université libanaise et à l’ALBA. Il est consultant auprès d’organismes internationaux, tel UN-Habitat, pour l’élaboration de politiques nationales urbaines au Liban, pour l’étude des enjeux des villes, de la justice sociale, du développement local, de la gestion municipale... Son travail s’étend aussi aux villes...
commentaires (2)

SLOGAN PROFÉRÉ DURANT DES DECENNIES PAR TOUS LES HERITIERS ET DESIGNÉS DE L,ANCIENNE ET PRESENTE CASTE ... DONNEZ UNE CHANCE AUX NOUVEAUX !

LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

13 h 26, le 28 mars 2018

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Commentaires (2)

  • SLOGAN PROFÉRÉ DURANT DES DECENNIES PAR TOUS LES HERITIERS ET DESIGNÉS DE L,ANCIENNE ET PRESENTE CASTE ... DONNEZ UNE CHANCE AUX NOUVEAUX !

    LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

    13 h 26, le 28 mars 2018

  • Il est sans conteste que le pays a besoin des reformes et des changements presque dans tous les domaines. Durant des années le pays était resté sans gouvernement et même sans président. Cette carence se ressent .... Hélas. Bonne chance à toutes les bonnes volontés.

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 50, le 28 mars 2018

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