Rechercher
Rechercher

Liban - Législatives 2018 - Portrait

Gilbert Doumit, du contrat social à l’engagement politique

Candidat au siège maronite à Beyrouth I sur la liste de la société civile « Li Baladi », l’activiste expose à « L’Orient-Le Jour » sa vision pour un État de droit.

Gilbert Doumit, à son bureau et son ordinateur, devant la carte de Beyrouth I. Photo A.-M. H.

Gilbert Doumit est de ceux qui estiment qu’il est grand temps pour sa génération de « prendre ses responsabilités », de s’occuper sérieusement du pays, pour « créer un État-nation, un État de droit » où les citoyens sont égaux, femmes et hommes, à tous les niveaux, où règne « la justice sociale » pour tous, travailleurs migrants inclus. Qu’il faut « redéfinir la politique comme un exercice noble », qui place « le citoyen au sein du débat politique », qui fait participer ce citoyen à la prise de décision. Qu’il faut réactiver le Parlement et respecter la Constitution. Un Parlement non confessionnel, mais aussi un Sénat représentatif des communautés religieuses.
Fort de sa « passion pour le Liban », cet élève des Frères qui revendique « une relation organique » avec sa ville dont « il aime les problèmes et les habitants », pour être né à Gemmayzé durant la guerre, se présente au siège maronite de Beyrouth I, au sein de la liste Li Baladi. Au sein également d’une coalition nationale regroupant diverses associations de la société civile, et toujours membre de la campagne Beyrouth Madinati, qui affirme tenir à préserver son caractère municipal. 

Gilbert Doumit n’est pas connu des milieux politiques. Ce qu’il estime être un atout. Il n’a jamais quémandé de poste, dit-il. Cet homme de quarante et un ans à la tignasse poivre et sel ne passe pourtant pas inaperçu. Non seulement pour son physique avantageux, son aisance verbale, en arabe, en français, en anglais, et son programme dense et structuré, mais pour son « engagement de plus de vingt ans dans la vie publique ». Un engagement citoyen qu’il entend perpétuer, « pour les vingt prochaines années » au moins, qu’il soit élu ou pas. À l’âge de 20 ans, il travaillait déjà à la prison de Roumieh aux côtés des mineurs en conflit avec la loi, en tant qu’animateur social avec l’organisation Terre des hommes. Deux ans plus tard, il se mobilisait avec les municipalités pour la réconciliation druzo-chrétienne dans la Montagne. En 2009, il s’engageait dans l’observation des élections législatives au sein de la LADE (Association pour la démocratie des élections), en tant que coordinateur général. Fondateur de l’ONG Nahwa el-Mouatiniya (Vers la citoyenneté), cofondateur de l’association Injaz qui fait la promotion de l’entrepreneuriat dans les écoles publiques, ce membre du collectif de protestation né de la crise des déchets, qui milite pour la gouvernance et le développement socio-économique, est également à l’origine de campagnes « réclamant les réformes, l’accès à l’information et l’éducation pour tous »… 

Parallèlement, M. Doumit est chef d’entreprise. Sa boîte, Beyond Reform and Development, est spécialisée dans le développement des gouvernements et dans la recherche en politiques publiques. Un atout de taille pour ce candidat qui a essaimé dans la région, mais aussi dans des pays comme la Géorgie, le Soudan, la Tunisie, et connaît en profondeur les mécanismes locaux, régionaux et internationaux liés à la corruption, la gouvernance…
Et, pour couronner le tout, l’impressionnant CV de ce candidat à la députation est étoffé de quatre diplômes universitaires, une licence en business avec spécialisation en hôtellerie de la NDU, une licence en travail social de l’USJ, un MBA de l’ESA et un DES en management de l’ESCP-Paris. Pas étonnant que l’université de Yale aux USA l’ait sélectionné pour enseigner le leadership en tant que « world fellow » pour l’année 2018. Sans oublier qu’il enseigne aussi l’entrepreneuriat social et la médiation interculturelle à l’USJ, dans le cadre d’un programme pour les politiques publiques contre les inégalités.

Réformes nationales
Gilbert Doumit n’est pas homme à compromis sur certaines questions essentielles. Comme s’allier à des partis politiques traditionnels pour gagner sa place au sein de l’hémicycle. « Ils font partie du système et donc du problème, avec leur vision individualiste, leur clientélisme, leur corruption, leurs alliances communautaires extérieures », dit-il. Au sein de sa liste Li Baladi, exclusivement issue de la société civile, il revendique son « appartenance à ce groupe civil et non confessionnel ». Un groupe soucieux de « mettre en place le statut personnel civil facultatif, parallèlement à la réforme du statut confessionnel », pour l’égalité des genres. Et qui prépare depuis vingt ans un travail global de réformes à entreprendre à l’échelle nationale. C’est la raison pour laquelle il n’emploie pas le « je », mais le « nous ».
 « Des propositions de lois sont prêtes pour la réforme du budget public, pour la politique de taxation, pour la création d’emplois, pour le développement, pour la lutte contre la corruption, mais aussi contre le harcèlement sexuel à l’égard des femmes, révèle-t-il. Nous avons de plus développé des plans stratégiques pour l’éducation nationale et les transports publics… » Il ne reste plus qu’à les mettre en application. S’il parvient à l’hémicycle, ce seront les thèmes et les dossiers qui guideront sa politique et ses alliances. « Nous sommes centrés sur les droits des citoyens, et non sur les alliances politiques », affirme-t-il. 

Depuis son QG de campagne, à Achrafieh, où il part régulièrement à la rencontre des électeurs, dans la rue ou à travers les réseaux sociaux, avec son équipe de bénévoles, Gilbert Doumit se prononce par rapport au dossier sensible des armes du Hezbollah. « Ma position est très claire. L’armement du Hezbollah est une aberration du système en place. Le dossier du droit à la sécurité et la défense nationales doit être exclusivement assumé par le gouvernement. La vraie question est de savoir comment l’aborder », dit-il. Et d’insister alors sur la nécessité pour le pays du Cèdre de développer « une autonomie économique face aux pays environnants qui le contrôlent », de renforcer « l’appartenance à l’État » des habitants des régions frontalières, de confirmer « l’engagement indéfectible de l’ensemble des forces armées libanaises officielles », et enfin « d’adopter une loi interdisant aux partis politiques locaux de recevoir des financements de pays extérieurs », car cela constitue une atteinte à la souveraineté libanaise. 

Avec 20 000 dollars d’apport personnel pour sa campagne, et la contribution de sympathisants, le candidat Gilbert Doumit semble fin prêt pour la grande échéance électorale. Travailleur acharné, il en peaufine à présent les derniers détails. Non seulement a-t-il « levé le secret bancaire » sur tous ses comptes, à l’instar des candidats de Li Baladi, mais il promet de déclarer l’ensemble de ses biens et financements, chaque année.


Lire aussi

Laury Haytayan, une candidate qui met l’expertise en hydrocarbures au service du Liban

Paula Yacoubian : de l’icône médiatique à la candidate civile, l’histoire d’un engagement

Imad Wakim, le combat pour la « cause », en dépit de tous les obstacles

Ziad Abs, un candidat aux législatives « motivé par la peur de voir (ses) enfants émigrer »

Hayat Arslane, une princesse révolutionnaire sur la scène politique

Joséphine Zoughaib, une aventurière à l’assaut du Kesrouan



Gilbert Doumit est de ceux qui estiment qu’il est grand temps pour sa génération de « prendre ses responsabilités », de s’occuper sérieusement du pays, pour « créer un État-nation, un État de droit » où les citoyens sont égaux, femmes et hommes, à tous les niveaux, où règne « la justice sociale » pour tous, travailleurs migrants inclus. Qu’il...

commentaires (2)

Les candidats capables, ayants des projets et des idées pour le pays existent, la preuve. Il faut attendre le jour J pour voir la manière que l'électorat va voter Je pense qu'au moins une partie de l'électorat libanais est assez mur pour peser le pour et le contre avant de voter. Bonne chance aux nouveaux arrivants avec d'excellentes intentions pour le pays.

Sarkis Serge Tateossian

20 h 29, le 12 mars 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Les candidats capables, ayants des projets et des idées pour le pays existent, la preuve. Il faut attendre le jour J pour voir la manière que l'électorat va voter Je pense qu'au moins une partie de l'électorat libanais est assez mur pour peser le pour et le contre avant de voter. Bonne chance aux nouveaux arrivants avec d'excellentes intentions pour le pays.

    Sarkis Serge Tateossian

    20 h 29, le 12 mars 2018

  • JE LUI SOUHAITE BONNE CHANCE... BIEN QUE JE SAIS QUE LES CHEPTELS DE MOUTONS FANATISES REGAGNERONT LEURS ETABLES RESPECTIVES ET BELERONT POUR LEURS PANURGES ! ET LES RECHIGNEURS... S,IL Y EN A CERTAINS... SE RECONVERTIRAIENT A COUPS DE FRIC !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 31, le 12 mars 2018

Retour en haut