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Liban - Infractions électorales

TerSarkissian et Souhaid appellent la Commission de supervision des élections à « remplir son rôle »

L’utilisation par le Hezbollah des ruines de Baalbeck comme plateforme électorale fait couler beaucoup d’encre.

Le meeting du Hezbollah, dimanche, au temple de Bacchus à Baalbeck.

Le temple romain de Bacchus, à Baalbeck, merveille du monde antique et site classé au patrimoine mondial de l’humanité, a accueilli dimanche… un meeting organisé par le Hezbollah pour le lancement de sa liste de candidats dans la circonscription de Baalbeck-Hermel. S’étant ainsi tenu dans une propriété publique, en violation de la loi électorale, l’événement a suscité hier de vives protestations de personnalités politiques, notamment de Serge TerSarkissian, député sortant, qui brigue le siège arménien-catholique de Beyrouth I, et de l’ex-coordinateur du mouvement du 14 Mars, Farès Souhaid, candidat à l’un des deux sièges maronites de Jbeil. Les deux hommes ont plus généralement critiqué la Commission de supervision des élections, présidée par le juge Nadim Abdel Malak, l’accusant de ne pas remplir la mission de contrôle qui lui est impartie en vue de consolider la confiance dans le processus électoral. 

Dans une conférence de presse tenue au siège du Parlement, M. TerSarkissian s’est demandé « comment l’utilisation des endroits publics à des fins électorales est-elle interdite pour certains, alors qu’elle est permise à d’autres ? », estimant, dans le même registre, que la Commission de supervision des élections « ne fait rien pour s’opposer à la répartition de l’argent électoral ».


(Lire aussi : La LADE entame sa mission de surveillance du processus électoral)


« Achat de voix » 
Contacté par L’Orient-Le Jour, le député sortant d’Achrafieh rappelle que « la loi électorale a interdit l’organisation de rassemblements électoraux sur des sites publics ». « Or, dans la pratique, cette règle ne s’applique pas à tous les candidats, ce qui entraîne une inégalité entre eux », déplore-t-il, amer, avant de s’interroger sur le fait de savoir si « les vestiges de Baalbeck sont leur domicile ou leur propriété privée ».

Via L’OLJ, M. TerSarkissian accuse par ailleurs « des représentants de certaines listes » de « payer des sommes d’argent à des électeurs inscrits dans la circonscription de Beyrouth I, en vue d’acheter leurs voix ». « Ces dépenses mirobolantes, faites sous table, échappent au calcul des montants autorisés pour conduire les campagnes électorales », souligne-t-il, indiquant à cet égard qu’il compte aujourd’hui adresser une note officielle à la Commission de supervision des élections pour l’exhorter à « se rendre sur le terrain en vue de mener des investigations ». « Pour obtenir des résultats et réduire ainsi ces pratiques fâcheuses, il faut à mon avis que la commission agisse en collaboration avec les services de renseignements », ajoute M. TerSarkissian.

Monté également au créneau, Farès Souhaid a demandé sur son compte Twitter : « Est-ce que quelqu’un sait ce que fait la Commission de supervision des élections législatives ? » « Le palais présidentiel s’est transformé en centre électoral, tandis que l’argent circule sans contrôle ni surveillance et que les ingérences se font à tous les niveaux », poursuit-il, avant de lancer à l’adresse des onze membres de l’organe électoral : « Démissionnez, vous n’êtes pas des gens de confiance. »

« Baabda, un centre électoraliste » 

« Baabda est devenu un centre électoraliste pour soutenir les listes et les candidats du Courant patriotique libre », regrette M. Souhaid, joint par L’OLJ. Il évoque, à titre d’exemple, « la visite toute récente au président Aoun d’une délégation de candidats du CPL briguant des sièges à Jezzine ». Selon le coordinateur du 14 Mars, le président de la République est « un symbole de neutralité et d’impartialité, et par conséquent, les parties qui gravitent dans son orbite ne doivent pas intervenir auprès des services de l’État pour leur transmettre des consignes ». 

M. Souhaid invoque, par ailleurs, la circulaire diffusée récemment par la présidence du Conseil des ministres qui enjoint aux fonctionnaires de ne pas interférer dans les questions électorales, « alors que dans le même temps, affirme-t-il, de hauts dirigeants entrent en contact avec des moukhtars et des présidents de conseil municipal pour leur demander de s’orienter dans un sens déterminé ».

M. Souhaid aborde ensuite avec L’OLJ la question de l’argent électoral que certains candidats utilisent, selon lui, « sans contrôle ». Sans nommer « ces coffres-forts », il affirme qu’ils « versent des sommes fabuleuses, clôturant par exemple les factures scolaires d’un nombre exorbitant d’élèves, ce qui a un impact certain sur le contenu des votes de leurs parents ».

Et le candidat de la circonscription de Kesrouan-Jbeil d’indiquer qu’il compte présenter aujourd’hui une plainte auprès de la Commission de supervision des élections « pour dénoncer les infractions ». « La commission doit agir en prenant immédiatement des mesures », martèle-t-il, estimant que « si elle ne le fait pas, il faudrait qu’elle démissionne ».

De source informée, on apprend que la question de l’utilisation du temple de Baalbeck devrait figurer mercredi à l’ordre du jour de la Commission de supervision des élections. Cette source indique toutefois que cet organisme n’a pas un pouvoir exécutif, mais un rôle de supervision, comme l’indique son appellation. Dans le cas précis de Baalbeck, elle devrait se contenter de notifier le ministère de l’Intérieur et le ministère du Tourisme de l’infraction enregistrée, et leur demander de prendre les mesures nécessaires.

Pour ce qui est des pots-de-vin et autres moyens de soudoyer, la source précitée estime que la commission ne peut agir d’elle-même que si elle est informée ou notifiée des faits reprochés.



Le ministère de la Culture

Il reste que le ministère de la Culture a réagi hier face à l’organisation de l’événement électoral du Hezbollah dans les ruines de Baalbeck. « Le ministère de la Culture n’a reçu aucune demande d’aucune partie d’utiliser le site historique exceptionnel de Baalbeck », indique le communiqué publié, soulignant qu’« aucune autorisation n’a émané de sa part ». « Sur base de sa politique visant à protéger et préserver les sites historiques, le ministère exhorte toutes les parties politiques à ne se servir d’aucun lieu historique ou archéologique, et leur demande de tenir ces lieux à l’écart des activités politiques et partisanes, en vue de conserver le patrimoine national lié à l’histoire du Liban à travers les siècles. »


Le temple romain de Bacchus, à Baalbeck, merveille du monde antique et site classé au patrimoine mondial de l’humanité, a accueilli dimanche… un meeting organisé par le Hezbollah pour le lancement de sa liste de candidats dans la circonscription de Baalbeck-Hermel. S’étant ainsi tenu dans une propriété publique, en violation de la loi électorale, l’événement a suscité hier de...

commentaires (3)

Depuis des années le palais Bustros, siège du ministère des Affaires étrangères sert de cabinet électoral à Gébran Bassil, aujourd'hui on nous raconte que le Palais présidentiel de Baabda sert pour le fondateur du CPL et le temple romain de Bacchus à Baalbeck pour la milice pro-iranienne du Hezbollah... Si demain on apprend que le Parlement servirait pour une autre formation, cela n'étonnerait plus personne. Il y a mieux, le week-end dernier, le chef du CPL, Gébran Bassil pour ne pas le nommer, à fait une tournée électorale dans le Jurd du Kesrouan-Ftouh, Mayrouba, Hragel, Faraya, Kfardébian, Yahchouche... en promettant aux familles de placer leurs enfants dans l'Administration (sic). Ainsi la République appartient désormais au Hezbollah et à ses supplétifs du CPL.

Un Libanais

11 h 34, le 20 mars 2018

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Commentaires (3)

  • Depuis des années le palais Bustros, siège du ministère des Affaires étrangères sert de cabinet électoral à Gébran Bassil, aujourd'hui on nous raconte que le Palais présidentiel de Baabda sert pour le fondateur du CPL et le temple romain de Bacchus à Baalbeck pour la milice pro-iranienne du Hezbollah... Si demain on apprend que le Parlement servirait pour une autre formation, cela n'étonnerait plus personne. Il y a mieux, le week-end dernier, le chef du CPL, Gébran Bassil pour ne pas le nommer, à fait une tournée électorale dans le Jurd du Kesrouan-Ftouh, Mayrouba, Hragel, Faraya, Kfardébian, Yahchouche... en promettant aux familles de placer leurs enfants dans l'Administration (sic). Ainsi la République appartient désormais au Hezbollah et à ses supplétifs du CPL.

    Un Libanais

    11 h 34, le 20 mars 2018

  • LE HEZBOLLAH ET AMAL NE FONT QUE VIOLER TOUTES LES LOIS ET SURTOUT LA CONSTITUTION SANS CESSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 17, le 20 mars 2018

  • Espérons que chaque candidat ainsi que les blocs ou partis politiques auront tous leur compte de campagne, leur directeur de campagne ainsi que leur trésorier....qui consciencieusement feront leur travail. Le respect des règles et la transparence seront la meilleure façon pour redonner confiance aux citoyens et réconcilier les politiques avec les administrés. Bonne chance à tous

    Sarkis Serge Tateossian

    02 h 34, le 20 mars 2018

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