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Liban - Café-débat

Le combat des forces du renouveau politique en vaut-il la peine ?

Des intellectuels, universitaires et représentants de la société civile évoquent la possibilité pour les courants anti-establishment de percer lors des législatives.

Assem Chaya lors d’un exposé sur les mécanismes de la loi électorale.

Desservies par une loi électorale que certains qualifient d’« hybride » et conçue pour favoriser les partis au pouvoir, les forces dites de renouveau, issues de la société civile, seraient dès le départ en position de faiblesse. Mais les rouages du code électoral ne seraient pas le seul frein à l’accès des activistes et candidats indépendants qui entendent faire face à l’establishment politique. Le problème serait inhérent à la dynamique même de la société civile qui, à ce jour, n’a pas véritablement réussi à s’imposer en tant que courant de changement capable de faire contrepoids aux partis traditionnels qui sont bien cuirassés pour affronter et gagner les législatives, en mai prochain. L’aventure en vaut-elle la peine pour autant ?

Cette réflexion a fait l’objet, mercredi dernier, d’un échange entre plusieurs intellectuels, universitaires et représentants de la société civile, à l’initiative de l’Atelier, une association libanaise pour le développement social, culturel et éducatif qui vient de lancer une série de cafés-débats sur des sujets portant sur des causes citoyennes. Un choix ciblé, comme le note le directeur des programmes à l’Atelier, Tanios Deaibes, qui rappelle que la société civile « est une société politique par nécessité, si l’on convient que la politique est au service de l’intérêt commun ».

Il reste à savoir dans quelle mesure la nouvelle génération de militants de la société civile qui s’est manifestée tout au long d’une succession de crises – depuis celle des déchets jusqu’à la triple prorogation du mandat des parlementaires en passant par l’augmentation des taxes ou l’adoption forcée de la grille des salaires – sera capable de relever le défi des législatives.
Sceptique sur la capacité de ces forces de renouveau à porter un véritable projet de changement, Hassan Krayem, sociologue et professeur d’université, déplore l’éparpillement de ces forces qui mine leur action ainsi que l’absence d’une vision unifiée. Selon lui, ce n’est pas tant la loi qui les désavantage que leur incapacité à constituer un courant alternatif pouvant faire contrepoids aux forces politiques bien enracinées dans le tissu social. « Leur action doit s’inscrire dans un projet politique réfléchi et sur un rapport de force réel et ne peut se limiter à une opération de candidatures ou de projets personnels qui n’ont aucune portée politique à long terme », dit-il.


(Lire aussi : Beyrouth II : comme partout, les alliances attendent Hariri...)


L’important, explique le sociologue, c’est de ne pas mener le combat des législatives dans une logique individualiste avec une figure-clé qui viendrait concocter une liste dans le seul but de pouvoir recueillir des votes préférentiels, la liste n’étant au final qu’une sorte de plateforme lui permettant d’accéder à l’hémicycle. Et de rappeler qu’avant cette loi, plusieurs personnes dotées d’un legs en activisme ont réussi à parvenir au Parlement et au gouvernement « sans pouvoir apporter quelque réforme que ce soit ».
« Ce qui pourrait faire la différence, ce sont des forces sociales qui se liguent pour former un courant qui ait son poids et serait porteur d’un projet cohérent au niveau national. C’est le seul moyen de pouvoir enclencher un changement », assure M. Krayem, qui souligne que ce n’est pas la société civile qui s’engage dans la bataille électorale mais des individus dispersés qui se présentent sous le label d’un courant civil. Une dispersion des forces que pourraient notamment expliquer des divergences majeures autour de sujets sensibles tels que la notion de souveraineté, d’indépendance, ou la problématique des armes du Hezbollah. En somme, ces forces seraient d’accord sur certaines grandes causes sociales et écologiques, mais pas sur une vision globale de l’État et de son rôle.


Lire aussi : Législatives 2018 : les circonscriptions-clés de la bataille interchrétienne)
 


Attirer les abstentionnistes
Du débat, mais aussi de l’exposé technique de la loi et de sa complexité qu’a fait Assem Chaya, un expert en systèmes électoraux, il ressort que l’équilibre des forces est bien plus en faveur des formations et partis conventionnels qu’en faveur des candidats issus de la société civile.
Pour certains intervenants, « ceux qui pourront percer ne seront rien d’autre qu’un bijou décoratif au sein de l’hémicycle ». Pour d’autres, le seul fait de percer l’édifice du système est une victoire en lui-même.
« La société civile représente ce pont qui permet la transition de la politique entendue comme un conflit de pouvoir dans le seul but de servir les intérêts personnels ou ceux des factions vers une autre acception de la politique telle qu’elle est censée être véritablement : un mécanisme pour servir l’intérêt général », tient à rappeler M. Deaibes. Il invite les Libanais à ne pas baisser les bras et à ne pas placer la barre « trop haut dans l’état actuel des choses en réclamant une coalition nationale » des forces de la société civile. Pour lui, ces législatives peuvent être une expérience sur laquelle on peut tabler à l’avenir pour créer de nouvelles donnes dans la vie politique.
Pragmatique, la solution avancée par Assem Chaya note l’importance de solliciter les abstentionnistes, évalués à près de 20 %, et les inciter à prendre part au vote. « C’est à ceux-là que doivent s’adresser principalement les forces du renouveau, dans la mesure où ils pourront faire pencher la balance en faveur des forces indépendantes », dit-il.


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Desservies par une loi électorale que certains qualifient d’« hybride » et conçue pour favoriser les partis au pouvoir, les forces dites de renouveau, issues de la société civile, seraient dès le départ en position de faiblesse. Mais les rouages du code électoral ne seraient pas le seul frein à l’accès des activistes et candidats indépendants qui entendent faire face à...

commentaires (1)

""Assem Chaya note l’importance de solliciter les abstentionnistes, évalués à près de 20 %, et les inciter à prendre part au vote"" PARFAITEMENT EXACT ! encore faut il qu'ils aient matiere a etre encourages ! ces candidats-ci devraient prendre exemple des campagnes electorales dans les pays evolues, savoir COMMENT s'adresser au citoyens autrement que leurs predecesseurs ne l'on fait-continuent a faire pareil, car le citoyen de 2018 n'est + sensible aux promesses du 19e siecle...... il est + au fait des choses, moins permeable aux betises discourues,plus exigeant quant a connaitre vraiment quel est leurs programmes DANS les details intelligents, objectifs ET VRAIS! Chose que l'on ne percoit nul part !

Gaby SIOUFI

10 h 57, le 03 mars 2018

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Commentaires (1)

  • ""Assem Chaya note l’importance de solliciter les abstentionnistes, évalués à près de 20 %, et les inciter à prendre part au vote"" PARFAITEMENT EXACT ! encore faut il qu'ils aient matiere a etre encourages ! ces candidats-ci devraient prendre exemple des campagnes electorales dans les pays evolues, savoir COMMENT s'adresser au citoyens autrement que leurs predecesseurs ne l'on fait-continuent a faire pareil, car le citoyen de 2018 n'est + sensible aux promesses du 19e siecle...... il est + au fait des choses, moins permeable aux betises discourues,plus exigeant quant a connaitre vraiment quel est leurs programmes DANS les details intelligents, objectifs ET VRAIS! Chose que l'on ne percoit nul part !

    Gaby SIOUFI

    10 h 57, le 03 mars 2018

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